Ils ont une douzaine à suivre lundi 7 septembre le troisième atelier sur quatre que compte le programme « Mobilisation autour du projet ». Un atelier consacré à la communication assertive et non-violente. Il s’agit de la 4e session MAP organisée par la DEL depuis août. Piloté par Hanvie, ce programme d’insertion professionnelle a été revisité pour l’édition 2024 explique Rébecca Minana, directrice d’Hanvie. « Nous avons créé ces ateliers en collaboration avec la direction de l’Emploi et du Logement en 2016 et nous y avons ajouté de nouvelles thématiques cette année par rapport aux exactions, sur la confiance en soi et la gestion des émotions. »
Si avant la crise, la cible de ces ateliers était principalement constituée des « jeunes éloignés de l’emploi qui ont arrêté l’école et se retrouvent en situation d’échec », la directrice d’Hanvie constate l’arrivée de « nouveaux stagiaires qui sont des personnes ayant perdu leur emploi suite aux exactions. » Ces dernières ont « besoin d’être remobilisées et qu’on leur redonne confiance, c’est justement l’un des objectifs du programme MAP qui a été adapté pour accueillir ces personnes.»
La gestion de l’urgence avant l’insertion professionnelle
La gestion de ses émotions est un volet que Nathalie Lemagne, chef du service squat et insertion à la DEL a tout de suite identifiée comme une condition préalable dans le processus d’insertion professionnelle. Avec son équipe, elle a reçu plus de 300 personnes ayant perdu leur emploi suite à la destruction totale ou partielle de leur entreprise. « Après le 13 mai, nous avons mis en place en priorité des ateliers de gestion de ses émotions. C’était nécessaire parce qu’il y avait des gens qui se sont retrouvés dans des situations assez dramatiques avec des tas de problématiques. »
Pour chaque personne reçue, un « diagnostic » est réalisé pour connaître sa situation professionnelle et personnelle. Lors de cette première phase, les équipes de la DEL ont été amenées à orienter les demandeurs d’emploi vers les associations solidaires qui œuvrent dans les quartiers, afin de répondre à l’urgence et au manque de nourriture au début des émeutes.
Dans ce contexte particulier de crise, Nathalie Lemagne convient que dans une dynamique d’insertion, ce qui marche le mieux, ce sont les ateliers collectifs. « On s’est rendu compte que l’accompagnement individuel n’était pas le plus efficace au démarrage. Il valait mieux recommencer sur une phase collective avec la gestion des émotions parce que c’est la plus grosse problématique. Dans un second temps, on peut travailler sur l’accompagnement individuel ou la recherche d’une entreprise d’accueil pour un stage ou autre. Mais pour nous, la priorité aujourd’hui, c’est de favoriser ces ateliers collectifs car beaucoup de gens sont restés enfermés chez eux, ils avaient peur de sortir et ont perdu leurs repères. »
C’est pourquoi, dans le cadre du nouveau format des sessions Mobilisation autour du projet, l’intégration d’un module sur la gestion des émotions était une évidence pour Nathalie Lemagne. « Il y a beaucoup de colère, d’angoisse, de peur aussi. Si la personne n’a pas réussi à exprimer toutes ces émotions, c’est difficile de construire quelque chose. »
La « Mobilisation autour du projet » pour se (re)mettre en train
Le programme MAP propose une session de quatre modules. Rébecca Minana explique : « Le premier module est consacré à la définition du projet professionnel qui est vraiment le cœur du sujet quand on parle d’insertion. Le deuxième se focalise sur la connaissance de l’entreprise. Le troisième sur la communication assertive, c’est-à-dire comment on écoute l’autre, comment on répond à l’autre avec beaucoup d’empathie. Enfin, le quatrième se concentre sur les techniques de recherche d’emploi. »
Une fois le programme terminé « on continue de suivre les stagiaires avec la DEL jusqu’à ce qu’ils aient à nouveau un emploi stable », assure la directrice de Hanvie.
Mettre à « profit » cette période
Nathalie Lemagne encourage les demandeurs d’emploi à « mettre à profit cette période pour se faire accompagner dans leur projet professionnel, améliorer leur CV, faire des formations individuelles ou encore passer le permis de conduire. » Finalement, de se préparer à une « éventuelle relance économique qu’on ne peut maîtriser aujourd’hui. »
Entre juin et juillet, 115 personnes suivies par la DEL ont pu être replacées. En août et septembre, un peu moins de 30 par mois. « Ce qui est faible par rapport à la moyenne 2023 où nous avons placé 315 demandeurs d’emploi par mois », souligne Marie Benzaglou, la directrice de la DEL. Toutefois, elle se veut positive : « La direction de l’Emploi et du Logement concentre tous ses efforts sur les dispositifs d’accompagnement vers l’emploi qui présentent des possibilités d’embauche à la clé. »