Au lendemain du 13 mai et les jours qui ont suivi, les Calédoniens découvraient avec horreur l’ampleur des destructions. Une grande partie des entreprises calédoniennes a été incendiée, pillée et vandalisée. Le constat est édifiant : l’outil économique est détruit. Si pour certains, ce n’est « que du matériel », il ne faut pas oublier que derrière ces enseignes, ce sont des milliers d’employés qui, grâce à leurs salaires, font vivre leurs familles. Chaque entreprise contribue par son activité à la richesse du territoire et au maintien du système de sécurité sociale. Face à l’urgence, la collectivité s’est mobilisée en activant une aide financière pour assurer les salaires du mois de mai des salariés d’entreprises impactées. Rappel.
Une semaine après les exactions, Sonia Backès la présidente de l’assemblée de la province Sud avait annoncé qu’un plan d’urgence serait mis en place pour maintenir les salaires des entreprises incendiées, pillées, empêchées d’exercer ou bien encore ayant subi une perte de leur chiffre d’affaires. D’après elle, dès la première semaine des émeutes, ce sont près de 3 000 employés concernés par ce plan d’urgence. Cette décision s’est concrétisée dans la foulée par la signature d’arrêtés. « J’ai signé ce soir les premiers arrêtés pour les entreprises qui ont été brûlées. Les arrêtés vont continuer sous forme de trois tranches » avait-elle déclaré le 30 mai.
Une première réponse aux conséquences de la situation insurrectionnelle
Dans un souci de réactivité immédiate, la province Sud a adopté le 24 mai, un plan d’urgence pour les entreprises et les patentés. Cette décision a été prise en amont des échanges que le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a eu avec les services de l’État qui ont décidé que la province Sud devait se focaliser uniquement sur les entreprises pillées et brûlées. En parallèle, l’État a mis en place en faveur des TPE et des PME une mesure de soutien exceptionnel pour les mois de mai et juin 2024. L’État a également financé un dispositif spécifique de chômage partiel adopté le 14 juin.
Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances avait assuré la présidente de l’assemblée de la province Sud du soutien de l’État. Le 18 juillet, il a annoncé la prolongation du fonds de solidarité pour le mois de juillet et le déblocage de 18 milliards supplémentaires pour la Nouvelle-Calédonie.
Le sujet calédonien devient alors une « urgence » qui autorise le ministre de l’Économie et des Finances à prendre des décisions pour accompagner la Nouvelle-Calédonie dans cette crise alors que l’assemblée nationale est dissoute et que le Gouvernement passe en gestion des affaires courantes.
699 entreprises ont été incendiées, pillées ou dégradées
98 % de ces entreprises impactées sont localisées sur le Grand Nouméa
Les pertes sont estimées à 145 milliards de francs CFP.
(source : rapport de présentation du 3 juillet de la mission d’information sur les exactions)
Sonia Backès a salué la rapidité des services de la province Sud dans la mise en place de ce plan. « Je veux remercier les agents de la Province qui n’ont pas ménagé leur peine, week-end compris, pour permettre que ces aides soient le plus rapidement possible sur le compte des entreprises », a-t-elle souligné.
Clôturé le 24 juin, le plan d’urgence a permis le versement fin mai de « 894 millions de salaires pour 5 700 employés » avait déclaré Sonia Backès lors de l’assemblée de la province Sud du 15 juillet. Sur ces 894 millions, l’État s’est engagé en rembourser la moitié.
Une nouvelle aide en faveur des entreprises pour l’embauche de personnel afin de préserver leurs locaux
Dans le but de protéger la survie des entreprises qui n’ont pas encore fait l’objet d’actes de vandalisme ou qui sont encore en activité, l’assemblée de la province Sud a voté le 15 juillet, un dispositif exceptionnel d’aide à l’embauche du personnel. « Cette aide a pour vocation d’aider les entreprises à préserver leurs locaux d’exactions jusqu’au rétablissement de l’ordre public », explique Nicole Pehau, directrice adjointe du Développement Économique et du Tourisme (DDET). « Elle leur permet de recruter à temps partiel ou complet pour une durée de six mois un salarié rémunéré jusqu’à 1,3 du salaire minimum garanti, et la prise en charge par la province Sud de 80 % de son salaire mensuel brut dans la limite de 130 000 F par mois. » Cette aide limitée à deux embauches par entreprise, peut être sollicitée par les entreprises jusqu’au 30 novembre 2024. Ce dispositif devrait permettre la création d’une centaine d’emplois. Sa visée est avant tout sociale. En effet, l’objectif est double : proposer des emplois de transition aux personnes ayant perdu leur travail en attendant de trouver un emploi stable mais aussi permettre aux entreprises d’avoir un renfort d’effectifs afin que leurs employés ne soient pas contraints de rester sur place la nuit pour garder les locaux.