Un centre pour prendre en charge les auteurs de violences intrafamiliales



C’est une initiative qui renforce la protection et le soutien porté aux victimes de violences intrafamiliales : le Centre de Prise en Charge des Auteurs de violences intrafamiliales (CPCA), qui verra le jour d’ici mars 2024, facilitera l’éviction du conjoint violent du domicile conjugal afin de l’accompagner dans un processus de responsabilisation et éviter la récidive.

« Une idée qui peut être difficile à concevoir, et pourtant indispensable pour éviter que ces auteurs n’infligent une double peine aux victimes : celle de recevoir des coups et de devoir fuir le domicile familial » a déclaré Gil Brial, deuxième vice-président de la province Sud, lors de la conférence de presse qui s’est tenue ce jeudi 23 novembre à la Résidence Juvéna, où s’établira le futur CPCA.


Chaque année, en Nouvelle-Calédonie, 8300 femmes sont victimes de violences physiques ou sexuelles. L’année dernière, 3 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint. Des chiffres glaçants qui révèlent qu’en Nouvelle-Calédonie, « la sphère privée peut être un espace d’exposition à la violence et à la récidive de ses auteurs » déplore Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement. Pour endiguer ce fléau de société, Isabelle Champmoreau a vivement remercié la force partenariale engagée depuis 2019 par tous les acteurs impliqués dans cette lutte contre les violences intrafamiliales. Ainsi, la création de ce centre s’inscrit dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales qui engage l’Etat, par le Ministère de la Justice, la Nouvelle-Calédonie, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), l’association de Réinsertion des Auteurs de Violences Intrafamiliales (ARAVIF), le CHS, la SIC et la province Sud.

« Une dynamique, saluée par Gil Brial, qui a permis de fédérer les forces vives dans cette démarche contre les violences intrafamiliales qui ne touchent pas seulement les femmes, mais également les enfants : des victimes qui finissent souvent par reproduire ces violences. C’est en ce sens que la province Sud a appuyé l’accueil de ces familles pour se reconstruire avec par exemple, la mise en place d’un centre d’hébergement d’urgence pour prendre en charge ces victimes qui ne pouvaient être accueillies dans les deux centres existants. » Une démarche également saluée par la SIC, premier bailleur social engagé dans la lutte contre les violences intrafamiliales et représenté par son président et élu provincial, Petelo Sao, qui a renouvelé son soutien « autour de ce projet commun et de cohésion qui permet d’enclencher un changement de mentalités face à ce fléau qui affecte la Calédonie. »

Amener au changement des mentalités par la prise en charge les auteurs de violence

Une idée qui peut être difficile à concevoir, et pourtant indispensable selon Gil Brial : « La prise en charge des auteurs de violence est nécessaire pour d’une part, réduire la récidive, et d’autre part, éviter la double peine subie par les victimes : celles des coups, et celle de devoir quitter le domicile pour se réfugier ailleurs. C’est doublement traumatisant pour les victimes donc l’idée est d’inverser les choses et de faire sortir le conjoint violent pour le traiter et l’amener à être responsabilisé et à prendre conscience de la gravité de ses actes. »

Avec le concours financier de la province Sud à hauteur de 20 millions de francs, la SIC réalisera les travaux d’aménagement du futur centre qui s’implantera à la résidence Juvéna (4 rue Surcouf dans le centre-ville de Nouméa), avec pour missions principales de : « prévenir la récidive, en engageant les auteurs de violences dans un processus de changement et de responsabilisation par une prise en charge globale et pluridisciplinaire » précise Yves Dupas, le procureur de la République en Nouvelle-Calédonie.

L’association pour la réinsertion des auteurs de violences intrafamiliales (ARAVIF), présidée par Philippe Palombo, assurera la gestion du CPCA qui pourra accueillir jusqu’à 10 auteurs de violences en situation de primo-délinquante pour une durée de séjour de deux mois (renouvelable une fois dans la limite de 4 mois). L’auteur sera suivi par une équipe composées de professionnels du SPIP, du centre d’addictologie, du Relais de la province Sud et des associations accompagnant les détenus en milieu ouvert.

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