Ce matin, les élus de l’assemblée provinciale se sont réunis dans l’hémicycle pour débattre des orientations budgétaires proposées par l’exécutif pour l’année 2024. Si la situation est satisfaisante et permet de maintenir un investissement massif en faveur de l’économie, les compétences déléguées par le gouvernement, l’instabilité des assiettes de dotations et une clé de répartition obsolète entre les trois provinces rendent l’exercice complexe.
La santé financière de la province Sud est bonne. Elle permet même de maintenir un investissement annuel qui se situe aux alentours de 13 milliards, ce qui fait de la collectivité le plus gros investisseur public du pays.
Ce matin, les élus de la province Sud étaient réunis dans le cadre du débat d’orientation budgétaire. Un moment important qui donne l’occasion de faire un état des lieux de la collectivité et de fixer les objectifs de 2024. Grâce à ses efforts accrus engagés depuis le début de cette mandature, notamment par une meilleure maitrise du budget de fonctionnement (suppression de 150 postes, réorganisation des directions, priorités données aux compétences et priorités provinciales…), la Province a réussi à redresser une situation budgétaire critique passant de 3 jours de fonds de roulement en 2019, à 61 jours en 2023. Satisfaisant à première vue… malgré des embûches.
« Nous sommes tout de même confrontés à l’extrême instabilité des prévisions du gouvernement qui entrent dans l’assiette de répartition, a déploré le 1er vice président de la Province, Philippe Blaise. L’année dernière, des réajustements ont été faits au dernier moment en notre faveur, sauf qu’ils n’ont pas pu être retranscris au budget supplémentaire. Cette incapacité du gouvernement à nous donner des prévisions sur lesquelles nous pouvons construire un budget pénalise notre action provinciale. »
Dans un contexte de fiscalité toujours aussi incertain, la collectivité a tout de même tenu à maintenir les efforts engagés sur le fonctionnement depuis 2020 pour dégager une marge d’épargne supérieure à 5,5 milliards de francs, permettrant d’envisager la poursuite d’une politique de soutien à l’emploi et l’activité, notamment dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Car avec un endettement de 23 milliards de francs, contre 80 celui pour le gouvernement, la Maison bleue est la seule capable d’avoir une marge de manœuvre pour soutenir l’activité économique. Même avec le boulet permanent au pied que constitue la clé de répartition.
« Je ne dis pas qu’il faut arrêter le rééquilibrage, a d’emblée précisé la présidente de la province Sud, Sonia Backès. Mais le bilan de l’accord de Nouméa fait état fait état de 300 milliards de plus accordés à la province Nord et à la province des Îles qu’en province Sud. Il y a 25 ans, près de 66% de la population vivait en province Sud. Il y en a à présent 75 % et il y est généré 92 % des recettes fiscales. Cela veut dire que les milliards déversés dans le Nord et les Îles n’ont pas empêché un grand nombre d’habitants de s’installer dans le Sud. »
Pour la responsable, personne ne doit remettre en cause le principe mais plutôt ces modalités. « Il y a par exemple 6 fois plus de fonctionnaires par habitants en province des Îles qu’en province Sud. Est-ce ce qu’on souhaitait avec le rééquilibrage ? Je crois qu’on voulait plutôt du développement économique et fixer les populations autrement qu’en donnant des postes de fonctionnaires. »
Beaucoup d’interrogations demeurent. Et le travail de rigueur mené par une seule institution ne suffira plus à compenser les carences des autres. « Si nous revenions à la proposition de partage qui avait été proposés aux accords précédents en prenant en compte l’évolution de la population, nous arriverions, sur 5 ans, à une nouvelle répartition qui viendrait impacter positivement les comptes de la province Sud à hauteur de 4 milliards, a souligné la présidente de la province Sud. Si nous regardons la situation actuelle, nous avons en caisse 2,7 milliards pour plus de 6 milliards à payer à la fin du mois de novembre. Mais à l’heure où je vous parle, le gouvernement nous doit 7,4 milliards que le gouvernement nous doit du passé et 4,1 milliards supplémentaire qu’ils doivent nous payer ce mois-ci. En plus d’une instabilité des prévisions, nous subissons celle des versements de la Nouvelle-Calédonie. »
Pour la présidente, ce n’est pas « parce que la Province a bien géré que c’est finalement elle qui doit payer. Ceux qui ont fait les efforts ne peuvent pas tout assumer. Il faut faire passer ce message-là. »