La lutte contre la précarité menstruelle prend une nouvelle dimension, en province Sud. Acteurs de l’éducation, de la santé, de l’action sociale, de l’insertion, institutions, associations et directions provinciales, ils étaient plus de 50 participants hier à se mobiliser à l’initiative du centre provincial d’information – Droits des femmes et égalité (CIDFE) et de Gil Brial, le 2e vice-président de la province Sud, pour réfléchir ensemble à cette problématique qui touche 1 femme sur 3 au cours de sa vie. L’objectif : définir une dizaine d’actions concrètes et prioritaires que les directions provinciales pourront mettre en œuvre dès l’année prochaine.
« Notre objectif, c’est de faire le point dès demain avec le centre provincial d’information – Droits des femmes et égalité (CIDFE) sur chacune de ces propositions, pour les inscrire dès maintenant au budget 2024. » À l’initiative de ce séminaire collaboratif sur la précarité menstruelle, Gil Brial, 2e vice-président de la province Sud, s’est ainsi engagé devant les 57 participants à s’emparer immédiatement de leurs propositions pour les inscrire à la feuille de route provinciale. À travers cette journée de réflexion et de co-construction, la province Sud a souhaité mobiliser ses différents partenaires et ses directions autour de la problématique, avec l’ambition d’en retirer des pistes concrètes d’actions qui relèvent de ses compétences dans différents secteurs (santé et social, éducation, construction, logement, …).
La précarité menstruelle creuse l’écart entre les populations
Fondement de la réflexion, un premier état des lieux a été dressé, mêlant des données métropolitaines, régionales et calédoniennes. Partout, les publics les plus exposés à la précarité menstruelle sont ceux qui vivent déjà dans des conditions précaires : populations marginalisées, habitants des squats, familles monoparentales (70% sont des femmes), jeunes et étudiants, personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (soit 10 800 femmes en province Sud)…
D’après des enquêtes réalisées en établissement scolaire et à l’université en NC, 33 % des collégiennes ou lycéennes et 55 % des étudiantes ont déjà été confrontées à la précarité menstruelle.
« Les règles ne sont ni un choix, ni un luxe. C’est une réalité, une fois par mois, pendant 35 à 39 ans. Sur une vie, cela représente 1 million de francs de protections hygiéniques », rappelle le CIDFE. « Être en situation de précarité menstruelle, c’est éprouver des difficultés financières et/ou matérielles à disposer de suffisamment de protections périodiques pour se protéger correctement pendant ses règles. » Et les impacts sont nombreux : absences en cours ou au travail, difficultés de concentration, isolement, renoncement à un autre produit de 1ère nécessité (nourriture, transport, hygiène) ou port des protections plus longtemps que recommandé (avec un risque d’infection). Au-delà, les enjeux sociétaux sont forts, comme l’a souligné Gil Brial « La précarité menstruelle accentue encore l’écart entre les populations, entre les plus précaires et celles qui ont les moyens, entre les femmes et les hommes ».
« Il est absolument indispensable de pouvoir apporter des solutions pour que les jeunes filles et les femmes puissent avoir accès normalement aux protections hygiéniques. Ce n’est pas qu’un problème de santé, ce sont de vraies problématiques de société. » Gil Brial
12 propositions d’actions concrètes à mettre en place dès 2024
Devant cette réalité édifiante des chiffres, un panorama des initiatives a été dressé : en Australie et dans le Pacifique par le Consulat d’Australie, mais aussi localement, en province Sud, par le CIDFE et ses partenaires (gouvernement, établissements scolaires, associations etc.)
En s’appuyant sur cet état des lieux, les participants ont ensuite pris part à 3 ateliers de réflexion sur l’éducation et la sensibilisation aux menstruations et à la précarité menstruelle, l’accès à l’hygiène menstruelle ainsi que le repérage et l’accompagnement des personnes en situation de précarité menstruelle. En sont ressorties 12 propositions d’action, restituées en fin de journée devant l’élue provinciale Nadine Jalabert, membre de la Commission de la condition féminine et l’ensemble des participants.
Parmi le lot d’idées intéressantes qui ont émergé de l’intelligence collective, on notera par exemple la création de programmes et d’outils pédagogiques pour les professionnels (éducation, loisirs, santé, social, entreprises), l’explication des menstruations aux enfants (semaine dédiée à l’égalité à l’école, bus pédagogique), la rédaction d’une norme pour des sanitaires adaptés dans les bâtiments provinciaux, la mise à disposition de protections hygiéniques dans les établissements provinciaux, l’installation de modules sanitaires adaptés pour les femmes SDF, l’aménagement d’un espace de repos et d’information pour les collégiennes et lycéennes, la création d’une appli d’information et d’orientation ou encore l’introduction de la thématique en tribu à travers l’organisation d’un bingo pédagogique…
« C’était une journée consacrée à une thématique tellement importante, j’attends la suite avec impatience », glisse une participante. « J’y ai mis cœur et énergie en espérant voir les actions menées à bien » ajoute une autre. Il appartient désormais aux directions provinciales et à l’exécutif de s’approprier ces propositions, d’en préciser la mise en œuvre et d’en affiner le coût, afin de leur donner vie dès que possible…