Si ce phénomène existe depuis longtemps, la prise de conscience est récente et le sujet commence seulement à émerger dans la société. Pourtant, la difficulté à accéder aux protections périodiques représente un véritable facteur d’inégalité et de freins socio-professionnels pour les femmes concernées. Face à cela, les acteurs de l’insertion et de l’égalité s’emparent du sujet pour faire avancer les choses, soutenus par la Province et son Centre d’information – droits des femmes et égalité.
1 femme sur 3 en Nouvelle-Calédonie a déjà été concernée par la précarité menstruelle. C’est-à-dire qu’un tiers des femmes a déjà rencontré des difficultés à se fournir en protections hygiéniques. Loin d’être anodine, cette précarité peut entraîner des difficultés financières, des absences, des retards, de l’isolement… Un frein qui creuse ainsi l’inégalité entre les femmes et les hommes, et qui prend sa source dans la cherté des produits hygiéniques mais aussi dans les tabous et les fausses croyances qui persistent quand il s’agit des règles. Heureusement des solutions existent et tendent à se développer sur le territoire, avec le soutien de la province Sud.
Le Centre provincial d’information – droits des femmes et égalité (CIDFE) s’est bien évidemment saisi de cette problématique. « La précarité menstruelle est l’un des freins à l’insertion et/ou à la pratique sportive, explique Joane Païdi, la responsable du centre. C’est pourquoi nous avons soutenu et lancé plusieurs actions de prévention, de sensibilisation ou même de distribution de culottes menstruelles, notamment auprès des jeunes. L’objectif est de lever les tabous, d’élever la conscience sur cette inégalité et d’engager une réflexion sur les stratégies possibles pour réduire la précarité menstruelle. »
En parler pour faire avancer les choses
Le CIDFE est partenaire de plusieurs projets de collecte et de distribution de protections hygiéniques, soit dans ses murs, soit portés par des associations. L’École de la Réussite, via l’appel à projets provincial « Egalité », ou l’association Junior Solidaire, via le Budget participatif « Mon idée pour ma province », ont ainsi été accompagnées et soutenues dans leurs projets respectifs de distribution gratuite de kit de serviettes hygiéniques lavables.
Plus de 800 protections hygiéniques ont été collectées dans la boite à dons du centre administratif de la province Sud. Elles ont été remises à la Ressourcerie pour distribution.
« De belles initiatives, qui permettent de mettre en lumière le sujet de la précarité menstruelle, encore tabou, et de lutter grâce à l’implication de tous » Gil Brial, 2e vice-président de la province Sud, chargé de l’égalité des chances
Le CIDFE propose aussi régulièrement des ateliers pour aborder les solutions qui existent et apprendre à confectionner facilement des serviettes hygiéniques réutilisables, une alternative à la fois économique et écologique. Le centre organise ces ateliers dans ses locaux ou auprès du jeune public, comme en juin dernier à l’internat de la Foa, en présence de l’élue Laura Vendegou, présidente de la commission de la Condition féminine. Pour Joane Païdi, l’enjeu va au-delà du simple atelier de confection : « Parler de la précarité menstruelle et faire découvrir les solutions qui existent, comme la culotte menstruelle, la « cup » ou les serviettes réutilisables, cela peut permettre d’augmenter l’intérêt et la demande pour ces alternatives et donc de les rendre plus abordables sur le marché. »
L’internat provincial du collège de la Foa a accueilli en juin dernier un atelier de confection de serviettes hygiéniques lavables. Organisé avec le soutien du centre médico-social de la Foa et du CIDFE de la province Sud, ce temps de sensibilisation s’est déroulé en présence de Laura Vendegou, élue provinciale et présidente de la commission de la condition féminine.
Entre sensibilisation et solutions, le CIDFE mène ou accompagne de nombreuses initiatives.
En mai dernier, le CIDFE, en collaboration avec la direction provinciale de l’Action Sanitaire et Sociale, a inauguré l’exposition 100 % sans tabou – les règles. Cet outil de sensibilisation itinérant confirme l’engagement de la collectivité dans la sensibilisation et la lutte contre la précarité menstruelle. Une démarche qui prendra bientôt une nouvelle dimension, avec l’organisation la semaine prochaine d’un séminaire rassemblant des acteurs provinciaux et des partenaires de différents secteurs (éducation, insertion, santé, social, développement économique, aménagement…). Cet événement visera à prendre la mesure du phénomène et à identifier collectivement les actions à engager.
En savoir plus : https://www.province-sud.nc/precarite
