L’intelligence artificielle, un nouvel outil au service de l’efficacité de l’institution provinciale



La Province s’apprête à franchir une nouvelle étape dans sa transformation numérique en faisant appel à l’intelligence artificielle et ses possibilités vertigineuses pour atteindre l’objectif qu’elle s’est fixée : être une collectivité à la pointe du numérique et tendre vers le « zéro papier ». Avec l’émergence de l’IA, un nouveau défi est lancé au secteur du service public et la collectivité compte bien prendre le train en marche. Cela passe nécessairement par un basculement de ses outils, processus et méthodes de travail. Explications.   


Lancé le 30 novembre 2022, ChatGPT atteint un million d’utilisateurs en seulement cinq jours. À titre de comparaison, il a fallu 10 mois à Facebook et 2 mois pour Instagram pour atteindre le même niveau. L’intelligence artificielle générative développée par OpenAI affiche actuellement 200 millions d’utilisateurs. Ce bouleversement technologique nous amène à redéfinir notre manière de travailler et par la force des choses nos métiers au sein de l’institution. Ce chamboulement suscite à la fois un engouement mais aussi des questionnements. La Province qui s’est engagée depuis 2020 dans la transition numérique a saisi cette opportunité au vol en faisant de l’IA un outil pour améliorer l’efficacité de ses services aux usagers. Lors de la présentation de l’IA aux agents provinciaux, le 30 août, Sébastien Gueunier, le directeur du Système d’Information et du Numérique (DSIN) a indiqué : « L’objectif est de démystifier l’IA parce qu’on en parle dans tous les médias et ensuite de donner des outils pratiques et des perspectives aux agents et de leur dire qu’ils pourront utiliser ChatGPT pour faire telle ou telle tâche. »

L’intelligence artificielle expliquée aux agents de la province Sud.

 

ChatGPT arrive à la province Sud

Concrètement, comment l’IA va-t-elle être déployée au sein de l’institution ? « Nous allons mettre en place des formations pour nos agents, explique Sébastien Gueunier.  Il y a deux niveaux de formation. D’ici la fin de l’année, nous proposerons des e-formations pour permettre aux agents de formuler des prompts1 ChatGPT afin qu’ils puissent réaliser des tâches. Et l’année prochaine, en coopération avec l’IFAP nous souhaiterions organiser des formations pour aller encore plus loin dans l’utilisation de ChatGPT. »

Au sujet des possibilités de cet outil, le directeur de la DSIN estime que nous sommes très loin d’imaginer toutes les applications possibles : « Il va falloir qu’on prenne du recul pour savoir sur quoi, on investit en termes de temps et pour quel type de métier, même si je pense que les agents peuvent être amenés à utiliser l’IA dans tous les domaines. »

L’utilisation de l’IA se fera via un outil de chat professionnel baptisé « Wookie » qui va intégrer la version payante 4 de ChatGPT beaucoup plus performante que la version gratuite. « À travers Wookie, les agents pourront utiliser l’IA et discuter avec ChatGPT comme ils discuteraient avec d’autres agents. Ces échanges effectués dans un cadre ‘’privé’’ garantiront la protection des données. »

Sylver Shorgen, gérant de l’entreprise SF2I : “On peut très bien imaginer envoyer à l’IA des photos de routes abîmées et lui demander de nous proposer des travaux à entreprendre en fonction des problèmes qu’elle aura détectés.”

 

Pourquoi utiliser l’IA au sein de l’institution ?

Lors de cette présentation, Julien Tran Ap, élu de la province Sud a souligné tout l’intérêt d’intégrer un tel outil au sein de la collectivité. Ses propos sont appuyés par ceux de Ida Carapelle gérante et fondatrice de l’entreprise ROI (Return on investment). En effet, cette dernière a mis en exergue le fait que « les agents de la fonction publique sont concernés par un certain nombre de problématiques, comme des tâches sans valeur ajoutée mais incompressibles et chronophages ». À cela s’ajoute « le fait qu’ils ne peuvent pas toujours anticiper car ils ne disposent pas toujours de données complètes, ce qui induit qu’ils sont parfois pris au dépourvu dans la prise de certaines décisions. Enfin, ils ne sont pas toujours à l’abris d’erreurs bien humaines ».

L’IA permet alors d’automatiser des tâches à faible valeur ajoutée et de réduire les erreurs pour ainsi gagner en efficience. Elle peut produire du contenu, résumer un long texte ou une chaîne de mails, reformuler des textes, assister l’agent dans la création de slides pour une présentation, traduire des textes et expliquer des chiffres. « Cela peut être une analyse d’appel d’offres, de chiffres, de CV. Et pourquoi pas lui envoyer des photos de routes abîmées et lui demander des conseils pour les travaux ? » développe Sylver Shorgen, gérant de l’entreprise SF2I.

En résumé « ChatGPT permet de gagner du temps pour des tâches répétitives ou de gagner en précision pour des tâches créatives », souligne Mehdi Mahroug, formateur de ChatGPT. Aussi, toute la science réside dans l’art de savoir rédiger un « bon prompt ».

Cependant, ne nous méprenons pas,  l’IA n’est pas la panacée et n’est pas amenée à remplacer l’homme mais bien à l’assister dans ses tâches quotidiennes. Sylver Shorgen rappelle à ce propos : « Il faut toujours garder son esprit critique en tant qu’humain et vérifier les réponses données par l’IA. Celle-ci permet juste d’aller plus vite dans l’analyse. »

1 Un prompt désigne une instruction ou une question posée à ChatGPT.

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