Permettre aux professionnels de la DPASS d’harmoniser la prise en charge des situations de maltraitance des enfants



Quel discours adopter avec les enfants pour leur permettre de s’exprimer sans influencer leur propos ? Qui contacter ? L’école, la famille, le généraliste ? Quelles sont les différentes procédures de signalement à mettre en place ? Ce sont ces points et bien d’autres encore qui ont été abordés lors de la formation sur la maltraitance en milieu scolaire organisée pour les professionnels exerçant au sein de la médecine scolaire et de la protection maternelle infantile (PMI) de la province Sud.


Dans l’exercice de leurs missions, ces professionnels de l’enfance sont fréquemment confrontés à des situations de maltraitance sur mineurs suspectées ou avérées explique Patricia Pèdre, directrice adjointe de la direction provinciale de l’Action Sanitaire et Sociale (DPASS) : « On sest aperçu quil y avait beaucoup de signalements au niveau de l’équipe de médecine scolaire sur le centre de Montravel. Quand les professionnels revenaient des écoles, ils sapercevaient, il y avait énormément de problématiques liées aux enfants plus ou moins graves et ils ont exprimé le besoin de développer la collaboration avec les partenaires comme le CHS, le CHT et les pédiatres, pour avoir des réponses et des renseignements sur ce quil faudrait développer et mettre en place. Cest de là quest née l’idée de cette formation pour nos équipes. »

Ses propos sont appuyés par ceux de Marine Leterq, médecin scolaire à la province Sud qui souligne que les professionnels de la DPASS ont été face aux situations de maltraitance dès la première semaine de la rentrée scolaire : « Les motifs de maltraitance sont divers : physiques, sexuels, mais aussi carences de suivi médical, absentéisme scolaire, retards vaccinaux. On s’est posé beaucoup de questions que cela soit sur le dépistage, les acteurs avec qui on peut en parler, les personnes ressources, les modalités de signalement, etc. »

« L’idée de cette table ronde est de travailler ensemble, de faire émerger des compétences, de parler de nos spécificités en tant que professionnels et de répondre aux questions de l’infirmière scolaire, du médecin ou du pédiatre. » a expliqué Audrey Saulnier, médecin aux urgences du Médipôle.

 

Donner des outils et développer le réseau de partenaires

La formation du 28 juin était composée de deux parties : la première sur l’aspect clinique et la seconde avec l’intervention du service de protection de l’enfance sur les informations signalantes. L’objectif visé : permettre aux personnels de la médecine scolaire, et de la Protection maternelle infantile, d’harmoniser et de mettre à jour les prises en charge des situations de maltraitance.

Lors de cette matinée, la DPASS a fait appel au Dr Audrey Saulnier, médecin aux urgences du Médipôle et médecin légiste. Cette dernière est intervenue pour éclairer sur les éléments cliniques et/ou d’anamnèse qui doivent alerter pour savoir comment distinguer des lésions inquiétantes ou non en fonction de leur localisation. Le sujet est malheureusement trop vaste pour être abordé en une seule fois, cependant le Dr Saulnier souligne l’intérêt des échanges et de cette formation : « L’idée de cette table ronde est de travailler ensemble, de faire émerger des compétences, de parler de nos spécificités en tant que professionnels et de répondre aux questions de linfirmière scolaire, du médecin ou du pédiatre. C’est aussi de créer du lien autour de cette problématique et de renforcer le réseau déjà en place et de prendre conscience de tous les outils dont on dispose pour protéger les enfants. »

« Aujourd’hui, on ose plus en parler »

Patricia Pèdre affirme qu’il n’y a pas plus de cas de maltraitance des enfants, c’est juste que « maintenant, on ose en parler. » Ce que confirme le Dr Saulnier : « Que ce soit en Nouvelle-Calédonie ou dans le reste du monde, des violences sur les enfants, il y en a et il y en aura malheureusement toujours et ça reste quelque chose d’inacceptable, c’est pour ça qu’il faut intervenir. »

Pour Claire Bejanin et Ingrid Juret, toutes deux puéricultrices à la PMI de Montravel, confrontées quotidiennement à la maltraitance et à la négligence, cette formation a permis « d’apporter un éclairage sur l’aspect technique et théorique » et d’être rassurées dans l’articulation d’« un système bien rodé qui permet de prendre en charge les maltraitances. »

Sur leur travail, elles soulignent qu’elles font du repérage précoce, car les enfants qu’elles voient en consultation à la PMI ou à domicile, ont entre 0 et 3 ans. « Nous sommes en première ligne pour repérer les cas de maltraitance. »

Aujourd’hui, le système de signalement est protocolisé assurent-elles : « À partir du moment où un enfant nous apparaît maltraité ou négligé, ou bien que ses parents sont dans l’incapacité de s’en occuper correctement, on envoie notre signalement à la cellule des informations signalantes. Dans les 15 jours, c’est traité en commission qui décide que soit, ça passe en judiciaire, à ce moment-là, c’est le procureur juge des enfants qui prend le relai, soit cela doit être géré au niveau administratif et une enquête d’évaluation sociale est réalisée par une assistante sociale de secteur. Quand ce sont des faits très graves, on envoie directement au procureur notre signalement en copie à la DPASS. »

Certes, il reste encore beaucoup à faire sur cette problématique des maltraitances en milieu scolaire, Patricia Pèdre en a conscience : « Ce n’est pas suffisant, mais c’est un début. Le but est que les personnels de l’enfance se sentent bien dans leur profession qui nest pas simple, parce que par moments, ils vivent des situations extrêmement dramatiques, ils ont besoin d’être rassurés dans leur pratique. »

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