Visite de l’association l’Accueil ce matin pour une délégation d’élus de la province Sud, emmenée par Philippe Blaise, et des agents provinciaux. Sur l’initiative du 1er vice-président de la province Sud, cette matinée d’échange avec la présidente de l’Accueil, Patricia Gérard, le personnel et les accueillis des différentes structures visait à discuter des missions et des problématiques que rencontrent l’association, soutenue par la Province, ainsi que des perspectives envisagées pour répondre au mieux aux enjeux d’insertion sociale, professionnelle et de logement.
« Loin des préjugés sur la mendicité agressive et les problématiques d’addiction, qui ne concernent en fait qu’une minorité de sans-abris, le public accompagné par l’association se compose de personnes sans domicile fixe ou en habitat précaire », explique le directeur de l’association Aurélien Lamboley. « Ou même des travailleurs pauvres, qui vont par exemple dormir dans leur voiture. C’est une vraie majorité invisible. » Un point qui a interpellé Philippe Blaise. Le 1er vice-président de la Province a tenu à rappeler « on peut avoir, à la province Sud, des ambitions économiques pour la Nouvelle-Calédonie et en même temps mettre en place des solutions agiles pour aider les publics en difficulté. Avec l’objectif de ne laisser personne sur le bord du chemin. Car c’est cela qui nourrit l’exclusion, la haine, l’incompréhension et les maux de la société ». Pour accompagner, justement, ces publics vers l’insertion et une situation stable et pérenne, une réelle réflexion est en cours à la province Sud, sur la dimension médico-sociale, mais aussi en termes d’emploi et de logement. Chantiers d’insertion, logements de transition, accompagnement vers l’emploi… « il s’agit de tester et d’adopter des dispositifs qui leur permettent de retrouver des repères, une dignité, de remettre le pied à l’étrier »
L’emploi, le logement et le lien social, nerfs de la guerre
Cependant, l’ampleur du phénomène, qui est passé d’une dizaine de personnes SDF en 1994 à environ 600 de nos jours, a été soulignée par le directeur de l’association, « des chiffres plus qu’hallucinants pour une petite ville ». Parmi eux, on note un nouvel afflux de personnes sous l’emprise d’alcool, de stupéfiants ou qui présentent des troubles psychiatriques. Si la situation générale peut s’expliquer par la crise économique, la migration de populations vers la Grande Terre et Nouméa, les difficultés d’accès aux soins médicaux et psychiatriques ou l’affaiblissement de la solidarité familiale, elle n’en reste pas moins alarmante. « Nous allons au-devant de quelque chose d’inquiétant… Heureusement que vous nous suivez en termes de financement » reconnait volontiers le directeur de la structure. En effet, la province Sud a consacré 148 millions de francs cette année au fonctionnement de l’association, qui, rappelons-le, gère une maraude et de nombreuses structures pour accueillir les personnes en difficulté : un centre d’accueil de jour, deux centres d’accueil de nuit, des maisons d’insertion pour les familles et un centre d’hébergement d’urgence pour les femmes et leurs enfants, victimes de violence. Au cœur de ces lieux d’aide et de transition, des travailleurs sociaux et des bénévoles accompagnent au quotidien les accueillis dans une dynamique de changement, à travers des chantiers d’insertion, une recyclerie, des conseils etc. pour aller vers davantage d’autonomie et une vie plus stable et apaisée.
En chiffres
37 places d’hébergement de nuit
402 personnes suivies actuellement, dont
- 1/3 viennent des provinces Nord et Îles
- 1/3 sont des femmes
83 nouvelles personnes accueillies depuis le début de l’année 2023 (contre 44 sur la même période l’année dernière).