« Je regrette de n’avoir rien fait ! », « Je ne savais pas comment agir », « J’ai eu peur… » Que l’on soit à l’école, au collège, lycée où dans la rue, on peut être témoin d’une situation de harcèlement. Comment réagir pour extraire la personne de son harceleur ? Pour contrer « l’effet spectateur », le Centre d’Information – Droits des femmes et Égalité (CIDFE) de la province Sud a présenté mardi soir la méthode des 5 D.
Laura Vendegou, la présidente de la commission de la condition féminine et l’élue Léa Tripodi représentant Gil Brial, le deuxième vice-président, sont venues soutenir l’initiative portée par le CIDFE et souligner l’importance de ce fléau dans notre société.
Le CIDFE propose chaque mardi soit un atelier ou une conférence sur un sujet sociétal en lien avec l’égalité des sexes. Distiller l’information au plus grand nombre pour contribuer au changement de mentalité et de comportement de la société, cela passe nécessairement par une prise de conscience et une remise en question. À l’approche de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes le 25 novembre, le sujet abordé dans le cadre de ce rendez-vous hebdomadaire concerne le harcèlement de rue, et comment agir lorsqu’on est témoin.
« Ce sont des sujets qui me tiennent à cœur et plus particulièrement le harcèlement, s’est exprimée Laura Vendegou. L’équipe de médiateurs de l’égalité du CIDFE ont fait un super travail et je pense que tout le monde est concerné par le harcèlement que l’on soit à l’école, au collège, lycée ou bien dans la rue. C’est important de donner des outils aux personnes pour qu’elles puissent, quand elles sont témoins de harcèlement, aider, intervenir dans une certaine mesure, sans se mettre en danger. »
Harcelé(e) ou pas ?
Qu’est-ce que l’on entend par harcèlement de rue ? Il s’agit de comportements intimidants, insistants, irrespectueux, humiliants, insultants, voire menaçants envers une personne en raison de son genre, son orientation sexuelle, sa couleur de peau, sa situation de handicap, dans les espaces publics. Il inclut également le harcèlement sexuel que subissent les femmes dans la rue. Cela concerne des agissements tels que : le sifflement, la tentative de séduction, la remarque déplacée. Bien que certains propos prennent la forme de compliments, ces comportements sont le plus souvent mal vécus par leurs cibles. La différence entre la drague et le harcèlement, c’est le consentement. Animée par les médiateurs de l’égalité du CIDFE, la discussion autour du harcèlement s’efforce avant tout d’être didactique pour présenter chaque situation de harcèlement de rue et de donner quelques clés pour pouvoir réagir lorsqu’on est témoin et ainsi aider la victime.
Héros, peut-être pas… Citoyen responsable oui !
C’est là qu’intervient la méthode des 5D qui est une alternative efficace quand on est témoin de harcèlement. Mais avant de réagir, il est important de penser en premier lieu à sa propre sécurité et éviter de se mettre en danger. Si le harceleur est agressif, il est préférable de demander l’aide d’une autre personne autour de soi. Il importe de prendre le temps nécessaire d’analyser la situation pour pouvoir réagir au mieux. La méthode des 5D définit 5 comportements possibles commençant par la lettre D : distraire, déléguer, documenter, dialoguer et diriger.
- Distraire : détourner l’attention de l’agresseur ou entrer en contact avec la victime. L’idée est de s’adresser à l’un d’eux en occultant la situation présente. Par exemple : « Je me suis perdu, pouvez-vous m’aider ? », « Oh, mais ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu, j’ai failli ne pas te reconnaître ! »
- Déléguer : solliciter l’aide des personnes présentes aux alentours ou une figure d’autorité (agent de sécurité, chauffeur de bus, policier) ou appeler le 17.
- Documenter : analyser la situation, se mettre en sécurité, vérifier que quelqu’un aide déjà la personne, filmer la scène, donner le contenu à la victime pour qu’elle puisse s’en servir comme preuve plus tard. Effacer ensuite le film de son téléphone.
- Dialoguer : s’adresser directement à la victime pour lui montrer son soutien et rompre le lien entre le harceleur et la victime. Par exemple dire : « Bonjour, je vois que ça ne va pas. Est-ce que vous avez besoin d’aide ? » Cela permet de dissuader l’agresseur et de rassurer la victime.
- Diriger : selon la situation et sans se mettre en danger on peut demander au harceleur de laisser la victime tranquille : « Allez-vous-en ! », « Arrêtez immédiatement ce que vous faites ! »
Parmi les personnes présentes, Léa Tripodi, élue de la province Sud a livré son témoignage. Elle affirme que « le dialogue peut permettre au harceleur de prendre conscience de son comportement inapproprié et désamorcer son attitude agressive. » La peur est une réaction bien normale et naturelle car elle atteste de notre instinct de survie. Cependant, nous sommes toujours en mesure de faire quelque chose pour les victimes de harcèlement. Et cette méthode permet d’aider des personnes qui pourraient en avoir besoin à un instant T pour sortir d’une situation inconfortable voir périlleuse.
Rappelons que le harcèlement de rue est une infraction punie d’une amende allant de 10 800 F à 180 000 F.