La province Sud a organisé en juillet dernier une campagne de collecte de produits phytosanitaires à usage agricole non utilisés (PPNU). Un beau succès, puisque les 4 points de dépôt de Nessadiou, Port-Laguerre, Pocquereux et Mont-Dore ont permis de collecter 3 783 kg de déchets.
En parallèle, impulsée par la Province et les acteurs concernés, une filière volontaire de gestion de ces déchets s’est justement mise en place, sur le principe de la responsabilité élargie du producteur. Ainsi, après cette dernière collecte provinciale de stocks historiques, la gestion des PPNU sera reprise par l’association Coléo et financée par une éco-contribution à l’achat des produits, reversée par les importateurs et distributeurs.
Ce sont donc 3,783 tonnes de pesticides, fongicides et autres produits dangereux qui ont été collectées en juillet dernier par la province Sud, portant à 14,4 t la quantité de PPNU et d’emballages de PPNU traités sur le territoire depuis le début des collectes, il y a 11 ans. Un bilan satisfaisant quand on sait que le gisement annuel est évalué à 2,5 t (500 kg de PPNU et 2t d’emballages).
Des produits à suivre de près
Comme tous les produits classés comme dangereux, les PPNU nécessitent une collecte puis un traitement spécifique. En effet, ce sont des produits de traitement phytopharmaceutique contre les ravageurs ou les maladies des cultures qui, en tant que déchets, peuvent être dangereux pour la santé et l’environnement et polluer ou détruire les écosystèmes calédoniens. Steeve Polutele, ingénieur phytosanitaire pour la province Sud, développe : « la Nouvelle-Calédonie n’est pas équipée pour traiter ce type de déchets, ils sont donc envoyés à la destruction en Europe ou en Nouvelle-Zélande. Pour autant, la traçabilité doit commencer dès la collecte, car nous devons bien séparer les différents produits actifs afin d’éviter de produire des mélanges chimiques plus toxiques. »
Après avoir effectué une quantification et une localisation des stocks historiques d’insecticides et fongicides il y a quelques mois, cette campagne de collecte a été organisée sur 4 points-clés de la province Sud, facilement accessibles et situés à proximité de ces gisements : Nessadiou, Port-Laguerre, Pocquereux et le Mont-Dore. Outre la communication classique, une cinquantaine d’agriculteurs inventoriés ont été contactés en amont pour venir déposer leurs stocks de PPNU qu’ils soient périmés, inutilisés ou plus autorisés. Parmi les PPNU collectés, 17 % proviennent d’organismes de recherche et d’innovation ou d’importateurs et 83 % d’exploitations agricoles.
Une dernière collecte, pour que la filière débute sur de bonnes bases
Ces collectes, organisées par la province Sud en partenariat avec la Chambre d’agriculture et de la pêche et avec le soutien du fonds de la taxe antipollution de la Nouvelle-Calédonie, vont céder la place à une organisation différente, basée sur une éco-contribution récoltée à l’achat du produit, qui permet de financer son futur traitement. C’est le principe de la REP, responsabilité élargie du producteur. Ainsi à l’initiative des acteurs et professionnels, soucieux de préserver l’environnement, depuis le 1er juillet 2022, le metteur sur le marché (importateur, distributeur) collecte une éco-contribution lors de la vente du PPNU (dangereux) ou de l’engrais (non dangereux) qui sert à financer la mise en œuvre de la filière par l’éco-organisme Coléo. Cette filière est volontaire : ce sont les metteurs sur le marché qui fixent les objectifs, les modalités de fonctionnement et de contrôle des résultats, en collaboration avec les différents parties prenantes et dans le respect des dispositions générales du code de l’environnement. La structuration des filières de gestion des déchets dangereux étant une des grandes priorités du schéma provincial de prévention et de gestion des déchets, la province Sud, favorable à la mise en place d’une filière pérenne, soutient cette démarche volontaire depuis le début : elle a notamment cofinancé avec l’ADEME deux études en amont, une première étude de préfiguration de la filière et une seconde dédiée au plan de gestion. Elle a également organisé cette quatrième et dernière collecte de PPNU afin de partir du bon pied, comme l’expliquait, sur place, Françoise Suve, élue provinciale et rapporteur de la commission Environnement : « Nous sommes allés chercher un financement auprès du gouvernement pour mener cette collecte de stocks historiques. Cela permet de mettre le curseur à zéro afin que l’éco-contribution ne serve pas à payer un passif ». De quoi permettre à la nouvelle filière de se lancer plus aisément.
Retrouvez le reportage de la WebTV de la province Sud sur cette opération : https://fb.watch/fuqAZ-wCxr/