En trois mois seulement, la province Sud comptabilisait déjà plus d’une tonne de médicaments non-utilisés (MNU), collectés via les pharmacies et cliniques vétérinaires. La campagne a débuté en avril dernier, afin de récupérer les stocks des particuliers et de lancer la nouvelle filière réglementée dédiée aux médicaments, qui s’inscrit dans l’objectif provincial de structuration et de gestion des filières de déchets dangereux.
Ces premiers résultats comptabilisés fin juin, très encourageants, ont pu être atteints grâce à la mobilisation des acteurs de la filière et des administrés, qui ont joué le jeu du tri et du dépôt.
La filière réglementée MNU a fait ses premiers pas en avril et le succès était au rendez-vous. « Il y a eu une forte montée en puissance au moment du lancement, puis l’élan s’est naturellement calmé et les volumes actuels de collecte correspondent à une activité régulière », détaille Mathieu Noël, pharmacien et secrétaire du Syndicat des pharmaciens de Nouvelle-Calédonie. Un départ sur les chapeaux de roues, révélateur de l’adhésion du public à la mise en place d’une filière de traitement des médicaments périmés ou non-utilisés.
Les médicaments non-utilisés, 8e filière réglementée
C’est dans le cadre de son Schéma provincial de prévention et de gestion des déchets que la province Sud a intégré cette 8e filière réglementée dans son Code de l’environnement en juillet 2021 et poursuit cette année sa mise en œuvre opérationnelle. L’opération est pilotée par Françoise Suve, élue provinciale et rapporteur de la commission Environnement : « Les médicaments, en tant que produits chimiques, sont considérés comme des déchets dangereux : ils représentent un danger pour la santé et pour l’environnement et constituent un risque de pollution. À ce titre, ils doivent faire l’objet d’une collecte et d’une prise en charge spécifiques », précise-t-elle.
La responsabilité élargie des producteurs
Cette nouvelle filière de traitement des MNU est construite selon le principe reconnu de la REP, responsabilité élargie des producteurs : ceux qui mettent le produit sur le marché doivent contribuer à son élimination. Ainsi, pour répondre aux obligations règlementaires, les grossistes/importateurs ont créé l’éco-organisme Ecopharm afin d’assurer la gestion opérationnelle et financière de la filière, en s’appuyant sur le réseau de pharmacies et de cliniques vétérinaires. « Le retour est très positif sur le fonctionnement pratique du dispositif de collecte », précise Mathieu Noël. Pour preuve, Grégory Piot, co-gérant de la SICMV, témoigne de l’engagement de la centrale d’achat vétérinaire dans la démarche : « Nous soutenons pleinement cette filière mise en place par la province Sud ; nous avons donc choisi d’adhérer à l’éco-organisme Ecopharm et d’accompagner les cliniques vétérinaires dans cette démarche. La plupart d’entre elles ont opté pour cette solution. La création d’une filière de traitement a été accueillie positivement, chacun prenant conscience des enjeux environnementaux. »
Une mobilisation générale pour assurer ce succès
Le succès de ces premiers mois de collecte repose sur les particuliers qui sont venus déposer leurs médicaments et sur tous les professionnels du territoire qui se sont impliqués dans cette démarche : les pharmacies, les vétérinaires, les grossistes répartiteurs et importateurs, mais également les syndicats de pharmaciens et de vétérinaires, la DASS NC, l’ordre des médecins et l’ordre des vétérinaires.
« La filière commence à prendre vie : nous avons créé tous les points de collecte et le public commence à prendre le réflexe de ramener les médicaments », explique Christophe Delest, président d’Ecopharm. « Pour le moment, nous en sommes à la première phase de la démarche. Le circuit de collecte jusqu’au grossiste est opérationnel et nous attendons la sortie de terre de la structure de traitement pour achever le circuit de traitement local des MNU ». Selon les principes de l’économie circulaire, l’élimination de ces déchets en Nouvelle-Calédonie permettra également de créer de l’activité économique et des emplois.
Quels produits sont concernés ?
Les particuliers peuvent déposer, dans les pharmacies et cliniques vétérinaires de province Sud, les médicaments non-utilisés à usage humain ou vétérinaire comme les sirops, les solutions, les suppositoires, les ovules, les comprimés, les gélules, les poudres, les pommades, les crèmes, les gels, les aérosols ou encore les sprays.
Ne sont pas concernés les seringues, aiguilles, pansements, compresses, lunettes, prothèses, radiographies, thermomètres, appareils médicaux et les articles de parapharmacie (dentifrice, crème solaire…)
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