L’assemblée de la province Sud présidée par Sonia Backes s’est réunie ce mercredi 25 mai pour délibérer sur plusieurs textes dont les deux principaux concernent : le bilan de son plan stratégique « Vision Sud » qui fixe le cap de l’action provinciale, et l’approbation de son compte administratif et de son compte de gestion 2021. Ces textes votés à l’unanimité affichent des résultats positifs qui mettent en exergue la volonté de la collectivité à redresser ses finances tout en préservant sa capacité à investir et à œuvrer pour soutenir l’économie locale et améliorer le quotidien de ses habitants. Toutefois, ce résultat risque d’être compromis par la conjoncture actuelle qui appelle à la vigilance.
Il y a tout juste un an, l’assemblée de la province Sud avait voté son plan stratégique « Vision Sud » qui comprend 14 priorités déclinées en deux volets : l’un externe relatif aux politiques en faveur des habitants de la province Sud ; l’autre interne traitant de la stratégie d’amélioration de l’action de l’administration. Cette ambition affirme les priorités de la Province en matière de développement notamment économique, touristique, d’épanouissement de la personne, de la transition écologique et numérique. Pour la collectivité, l’heure est au bilan pour mesurer les actions engagées et réalisées depuis l’année dernière.
Parmi les actions achevées au cours des 12 derniers mois :
- L’environnement (écologie, déchets, agriculture) : adoption d’une stratégie reboisement, introduction des critères d’éco-responsabilités dans la commande publique provinciale, soutien à la création d’une pépinière pédagogique et partagée (gérée par l’association Mocamana), actualisation de la stratégie agricole provinciale et adaptation du dispositif des aides provinciales (DISPAP), mise en place d’un projet pilote « Cerf solidaire » visant à fournir de la viande locale issue de la chasse de régulation.
- Jeunesse et égalité (éducation, culture, sport, égalité femmes/hommes) : création d’un guichet unique d’information et d’accompagnement pour les jeunes : l’Espace jeunes.
Gil Brial : « Cet Espace jeune a plusieurs vocations. Mais la première est d’être le point d’information pour les jeunes de la province Sud pour tout ce qui concerne : les études, la santé, le logement, de l’insertion, les activités sportive et culturelle. En 2021, 4 500 jeunes ont été accueillis à l’Espace jeunes, malgré le contexte sanitaire. »
À cela s’ajoute : l’organisation d’un forum dédié à la part des femmes dans l’économie « Nouméa Women’s Forum, et approbation par un livre blanc, évolution de la Mission à la Condition Féminine vers un Centre dédié à l’information droit des femmes et égalité, l’intégration de la dimension égalité dans le bilan annuel de la politique de développement durable de la province Sud.
Gil Brial : « La logique est de travailler davantage sur l’égalité femmes-hommes. »
- Développement humain (qualité de vie, aménagement, déplacements, santé, social, sécurité) : aménagement aux entrées de l’agglomération avec une plantation long de la voie express, vélo-route, trottoirs, espaces publics (pistes cyclables), instauration d’une prime à l’investissement vert pour l’accession aidée à la propriété, validation d’un plan provincial du logement et de l’habitat, mise en place sur toute la province Sud de centres de vaccination (Vaccinotour) contre le Covid-19, instauration d’un nouveau pack de tenue commune avec un chapeau, ouverture d’un Centre d’hébergement d’urgence et des appartements relais pour les femmes victimes de violences conjugales avec accompagnement social et psychologique, mise en place d’un programme de formation annuel aux actions de dépistage, de prévention et d’amélioration de la santé pour les structures d’accueil familial ou dispositifs spécifiques.
- Économie (mine, métallurgie, économie, tourisme) : mise en place des aides à l’emploi pour les entreprises qui emploient des jeunes diplômés bac+5, création d’un Bureau des investisseurs, mise en œuvre de la stratégie touristique provinciale à travers la création de l’agence d’attractivité Sud Tourisme, création d’une aide à la numérisation pour aider les entreprises à prendre le « virage » du numérique (formation, équipement…), mise en place du dispositif de bonification des intérêts de prêts bancaires pour les jeunes artisans, révision du Plan de professionnalisation des acteurs du tourisme de la province Sud.
Philippe Blaise : « Consciente qu’avec un budget limité, la Province ne peut pas être moteur de l’économie dans sa globalité. C’est pourquoi nous avons décidé d’aider les entrepreneurs émergents avec des projets novateurs, dans les filières pionnières. En parallèle nous avons misé sur l’investissement humain avec un dispositif d’aide aux bac+5 et nous sommes très satisfaits de voir qu’il y a de plus en plus de jeunes Calédoniens qui sont embauchés dans des entreprises calédoniennes grâce à ce dispositif. »
Des efforts de gestion qui portent leurs fruits
Les efforts de gestion entamés depuis deux ans et demi par l’exécutif portent leurs fruits et permettent de redresser la situation financière de la collectivité.
Le taux d’épargne brute passe ainsi de 4 % en 2019, à 13 % en 2020 pour atteindre 15 % en 2021. Cette forte hausse de l’épargne génère un excédent de financement qui stabilise le fonds de roulement 2021 au-dessus de 30 jours de dépenses. Ainsi, la collectivité retrouve des ratios normaux et fait qu’elle peut financer plus facilement sa politique d’investissement qui est un soutien clair apporté au tissu économique calédonien.
Les dépenses en 2021 s’élèvent à 51,9 milliards de francs avec un taux d’exécution de 92 % (contre 89 % en 2020). L’enveloppe affiche une légère hausse de 1 % avec :
- Des investissements réalisés à hauteur de 10,8 milliards de francs (contre 8,7 milliards en 2020), soit une croissance notable de 24 %.
- Un budget de fonctionnement en réduction de 5 % (5 milliards de francs)
Marie-Jo Barbier élue provinciale a salué la gestion responsable de la collectivité tout en mettant en garde sur l’avenir en raison de l’instabilité conjoncturelle : « La province Sud a travaillé d’arrache-pied pour redresser puis stabiliser sa situation financière tout en préservant sa capacité à investir. Cette ambition politique affirmée s’est traduite dans des actes concrets. Un plan de maîtrise des coûts de fonctionnement qui a permis la suppression de 130 postes, ainsi qu’un budget d’investissement de 8,6 milliards en 2019 qui s’est établi à 10,8 milliards en 2021. […] Je ne peux toutefois m’empêcher d’alerter notre assemblée sur la conjoncture actuelle qui pourrait déstabiliser le fragile équilibre financier que la Province s’est évertuée à maintenir. Je pense notamment à la diminution de nos dotations dans le cadre du budget de répartition et naturellement au prêt AFD que le gouvernement repousse au risque de provoquer la faillite de nos institutions. »
Un nouvel outil pour les jeunes : Clic & Mouv’
Afin de favoriser l’épanouissement des jeunes et lutter contre l’oisiveté pouvant être source de délinquance, la province Sud souhaite faciliter leur accès aux activités sportives, artistiques et culturelles. Le nouveau dispositif dénommé « Clic & Mouv’ » aura pour objectif de permettre aux 11-15 ans scolarisés et domiciliés en province Sud, d’accéder à une offre diversifiée d’activités sportives et/ou artistiques, culturelles au plus près de leur commune de résidence via une plateforme numérique. Cette offre concernera 15 000 jeunes. Le dispositif doit s’ouvrir en mars 2023. Mais dès décembre une phase test sera ouverte aux 1000 premiers inscrits sur la plateforme. Le budget alloué à ce dispositif sur 3 ans s’élève à 225 000 000 F.
Sonia Backes : « C’est le pendant de tout ce que nous avons mis en place en matière de sécurité, il s’agit de mobiliser les jeunes sur des activités positives. Je voudrais remercier Léa Tripodi qui a suivi et porté ce dossier avec la direction de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. »
Les autres projets votés
- Un soutien au développement de la sylviculture: la province Sud souhaite à présent accompagner un nouveau projet sylvicole de plantation sur 10 ans par un prêt accordé à la SAEM Sud Forêt, en complément d’une prise de participation supplémentaire de la Caisse des dépôts et consignations, actionnaire historique de la société. Ce prêt s’élève à 750 millions de francs pour une durée de 25 ans.
- Rendre plus accessible et cohérente les aides aux agriculteurs : il s’agit aujourd’hui, d’opérer des ajustements dans le cadre du dispositif de soutien à la politique publique agricole (DISPAP) pour responsabiliser les demandeurs notamment sur les délais d’une part, et de prévoir sur la question de la probité une déclaration sur l’honneur. De plus, l’externalisation de l’élaboration des dossiers de demande nécessite d’ajuster le dispositif des aides aux études par une participation provinciale forfaitaire en fonction de la complexité de l’étude.
- Modification du code de l’environnement : elle permet de préciser la possibilité de recours à une autorisation temporaire pour des situations où la survie d’une installation non temporaire existante est menacée par des difficultés techniques ou financières avérées dont dispose le demandeur. En cas de non-respect de ces dispositions, la présidente de l’assemblée de la province Sud peut, « ordonner la fermeture ou la suppression de tout installation » qui présente des dangers ou inconvénients aux intérêts mentionnés dans le code de l’environnement et peut « ordonner le paiement d’une amende au plus égale à 1 780 000 F et une astreinte journalière au plus égale à 178 000 F » conformément à ce qui est inscrit dans le code de l’environnement.