Hommage partagé en l’honneur d’Ataï



143 ans après l’insurrection de 1878, le chef Ataï et son « Dao » (maître de magie) peuvent enfin  reposer en paix. L’inhumation organisée mercredi 1er septembre par le comité mémoriel Ataï et le conseil coutumier de l’aire Xârâcùù, s’est déroulée sur le site funéraire de « Wereha » au lieu-dit de Fonwhary, à la jonction entre La Foa et Farino. Au nom d’une histoire douloureuse commune, Sonia Backes, la présidente de l’assemblée de la province Sud et tous les élus provinciaux présents, ainsi que le Haut-commissaire de la République, Patrice Faure, les maires des communes de La Foa, Farino et Moindou, ont déposé à côté des reliques du chef Ataï et de son Dao, une plaque en mémoire des 32 colons morts lors de l’insurrection de 1878.


« Enfin, ils vont être tranquilles et se reposer pour l’éternité chez eux », avait dit le grand chef Bergé Kawa, descendant d’Ataï au moment de la restitution des restes de leurs reliques en 2014. La cérémonie d’inhumation ce 1er septembre, a rassemblé toutes les autorités civiles et coutumières autour du clan Daweri et de la grande chefferie de Petit-Couli. « Le geste que nous faisons est important afin que cette journée soit marquée par le signe de la réconciliation. Celle-ci doit se faire entre vous et nous collectivement, et avec la France », s’est exprimée Sonia Backes lors du geste de la coutume. Revenant sur l’insurrection kanak de 1878 et ses victimes, elle ajoute : « C’est en acceptant et en partageant notre histoire commune que nous arriverons à construire le chemin de la réconciliation. »

Ce moment a été choisi par la délégation provinciale conduite par Sonia Backes et Nicolas Metzdorf, le maire de La Foa de présenter la plaque où sont inscrits les noms des 32 colons morts également lors de l’insurrection de 1878. « Je crois que c’est un premier geste de réconciliation d’accepter cette plaque avec ces colons victimes de l’histoire. » a-t-elle souligné.

Sonia Backes s’exprimant lors du geste de la coutume.

Un pas vers la réconciliation

Paix et réconciliation sont les maîtres-mots du discours de la présidente de l’assemblée de la province Sud qui, devant tous les représentants des institutions et des aires coutumières, s’est ainsi exprimée : « Nous devons accepter notre histoire en faire notre deuil afin d’avancer dans la paix et la poursuite de la construction de notre vivre-ensemble. » Elle ajoute : « Certes, il reste beaucoup de choses à faire pour que le rééquilibrage soit complet. Nous avons besoin de temps ensemble pour faire tout ce qui reste à faire pour rendre honorable la Calédonie de demain aux yeux du reste du monde, afin que chacun se sente bien là où il se trouve. C’est en travaillant main dans la main, en se respectant les uns les autres, que nous arriverons à ce que l’histoire passée forge l’histoire de la Calédonie de demain. »

Cependant, ce chemin de la réconciliation ne sera pas facile, c’est pourquoi, elle termine par ces mots : « Au vu des discours aujourd’hui, je pense qu’il y a encore du chemin, mais nous élus de la province Sud, nous sommes là parce que nous reconnaissons cette part sombre de notre histoire, et le 13 décembre, nous serons encore là pour construire la suite ensemble. »

Levée des corps

Après la levée des corps, les discours officiels, la cérémonie religieuse, l’inhumation et les prises de parole du clan maternel, la plaque a été déposée dans l’après-midi. Cyprien Kawa, le fils du grand chef Bergé Kawa s’est adressé à la délégation provinciale : « Au nom du clan Daweri et de l’ensemble des clans qui sont alliés à cette région, au nom de l’ensemble des aires coutumières, et des autorités coutumières à qui vous avez remis cette plaque, nous vous remercions encore pour cette journée partagée avec nous. » Profitant de l’occasion, il a aussi fait part de la volonté des coutumiers de « faire du 1er septembre un événement marquant pour l’histoire de la Nouvelle-Calédonie » et pour cela « soumettre au congrès le vœu que ce jour devienne un jour férié. »

Pour le président du sénat coutumier, Yvon Kona cette journée porte en elle le symbole de « la fin de quelque chose ». « L’événement que nous vivons aujourd’hui permet d’apaiser les clans qui ont souffert pendant la révolte de 1878. Depuis tout ce temps, le chef Ataï et son Dao n’avaient pas eu d’enterrement digne de ce nom. Aujourd’hui, c’est chose faite et les esprits vont être apaisés. » Cette journée a rassemblé tous les clans et le sénateur coutumier de l’aire Xârâcùù s’en est réjoui : « Nous avons des gens qui viennent d’un peu partout qui ont tenu à être présent pour ce jour particulier. Je suis content parce que c’est ensemble que nous pourrons avancer. » 

Lever de drapeaux.

Représentants coutumiers.

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