Après le succès de sa première pièce « Fin mal barrés ! », la journaliste Jenny Briffa revient avec son nouveau spectacle satyrique haut en couleurs « Fin mal géré ! », dont la création est subventionnée notamment par la province Sud. Rencontre.
Jenny Briffa, après « Fin mal Barrés ! » vu par 15 000 Calédoniens, vous revenez avec un nouveau spectacle, « Fin mal géré ! », est-ce que vous pouvez nous en parler ?
« Fin mal géré » s’inscrit comme une suite de « Fin mal barrés ! », mais le personnage principal a changé. Hussein Wobama remplace Michèle Wobama, qui est son cousin. Les Calédoniens voulaient absolument un deuxième spectacle, le voilà ! Hussein est métis, sauf que lui est sorti plus blanc qu’un margouillat albinos. Une partie de sa famille est loyaliste, l’autre indépendantiste, et lui… « rien-du-toutiste ». Par rapport au premier spectacle, les questions économiques sont davantage traitées, comme la vie chère, les monopoles, les compagnies aériennes, l’OPT, les patentés, les fonctionnaires, etc.
La manière dont vous avez élaboré ce spectacle est un peu particulière, crise Covid 19 oblige, racontez-nous.
Comme pour le premier spectacle, nous tenions à travailler avec un metteur en scène métropolitain qui connaissait la Nouvelle-Calédonie. L’idée, c’était qu’il vienne ici. Et puis il y a eu le Covid-19. Comme nous avions commencé à travailler à distance, nous avons continué à le faire, avec des répétitions le soir ou la nuit, via les réseaux sociaux. Il fallait que ce spectacle soit absolument dévoilé avant le référendum. Toute la troupe a envie d’adresser un message aux spectateurs. On peut avoir des sujets de discordances, mais rire collectivement, de tout le monde, avec bienveillance, c’est fantastique !
Les politiques en prennent aussi pour leur grade dans ce nouveau spectacle. Pour autant, « Fin mal géré » est subventionné par les institutions dont la province Sud, c’est compatible ?
Les institutions n’appartiennent pas aux élus. Eux, ils passent. Alors que les institutions nous représentent nous. L’argent des institutions, c’est l’argent des Calédoniens. Si le monde politique, qui prend des décisions, n’accompagne pas la création culturelle, c’est évidemment problématique. La culture n’est pas qu’un divertissement. C’est essentiel. On l’a vu avec la crise Covid-19. Lorsqu’il ne reste plus de libertés, la chose qui fait que nous restons des êtres humains, c’est la culture. Pouvoir s’interroger sur qui nous sommes. Et dans un pays en construction, c’est évidemment la mission des institutions que de faire émerger ces paroles-là. Même si on n’est pas d’accord avec ce que dit un artiste. Ce qui est important, c’est que tout le monde puisse s’exprimer, dans les limites de la loi et de la diffamation. J’ai beaucoup apprécié que la présidente de la province Sud me dise personnellement que c’est important que la pièce voit le jour, même si elle ne sera pas d’accord avec tout. C’est ça qui est important dans notre pays, il faut que les gens arrêtent d’avoir peur de prendre la parole. C’est ce que l’on appelle le débat public, et c’est important pour la démocratie. »
Fin mal géré, interprété par Stéphane Piochaud, à partir du 25 Juin au Centre culturel Tjibaou, puis tournée dans le pays. Les quatre premières dates sont complètes. Dates supplémentaires au CCT : les mercredis 1er juillet, vendredi 3, samedi 4, dimanche 5 juillet.
Crédit Photos : Céline Marchal.