Philippe Blaise, 1e vice-président de la province Sud et Christiane Saridjan-Verger, élue provinciale membre de la commission du développement rural, ont visité mardi la vanilleraie de Julien Pascal sur la commune de Païta. Le producteur accompagné de Thierry Salesne et Richard Locusse, deux agents de la Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud (DDDT) en ont profité pour partager leur savoir faire et dévoiler les techniques nécessaires pour bien cultiver sa vanille.
Maîtriser avant de se lancer
Pour ces spécialistes, si vous souhaitez vous lancer dans la production de vanille, pour votre propre consommation ou pour la commercialiser, quelques données sont impérativement à prendre en compte pour mener à bien votre projet.
1 : L’ensoleillement.
Le vanillier est une plante semi épiphyte, c’est-à-dire qu’il a besoin d’un support pour se développer, d’un arbre ou d’un tuteur. En pleine nature, cette plante particulière vit toujours à l’abri d’une canopée et ne supporte pas l’ensoleillement direct. Ainsi, il faut pouvoir cultiver la vanille soit sous ombrière afin de casser le rayon solaire, soit dans une forêt.
Julien Pascal utilise des tuteurs, mais également un arbre, le Gliricidia sepium, importé sur le territoire à l’époque des caféiers, et beaucoup utilisé en agroforesterie, notamment en Guinée Equatoriale. Pour le vanillier, il lui fournit un support idéal, ainsi que l’ombre nécessaire pour qu’il s’y développe avec aisance. De plus, ses branches et feuilles permettent à la plante de se nourrir. C’est un véritable cercle vertueux.
2 : La nourriture.
Le vanillier se nourrit exclusivement de matière organique. Il faut pouvoir lui apporter du coco, du compost, du bois pourri, des feuilles sèches, etc.
A l’île des pins, les producteurs vont jusqu’à utiliser des restes de coco pour fournir un apport nutritif aux plants de vanille.
Tout ceci fait du vanillier une plante 100% bio !
Concernant les apports chimiques : Le vanillier est très sensible aux produits phytosanitaires. Pour ce qui est des traitements anti-fongiques ou anti-bactériens, ou toute autre maladie, ils ne vont traiter que la cause et non les symptômes. Avec un traitement chimique, le plant va développer une phyto-toxicité qui va l’affaiblir. Une fois que le produit n’agit plus, le symptôme aura disparu mais pas la cause de la maladie : le vanillier va se développer à nouveau, mais sera affaibli par le produit, et toujours malade. C’est un cercle infernal. Un vanillier malade ne sera pas forcément une fatalité, car les maladies de cette plante sont non-opportunes : bien entretenue et cultivée, cela n’aura pas de conséquence sur la production.
3 : L’eau
De septembre à janvier, c’est la période sèche en Nouvelle-Calédonie. C’est aussi la pleine période de floraison du vanillier, où un apport en eau est nécessaire pour que les fleurs puissent s’épanouir et les gousses grandir dans les meilleures conditions.
Sur les îles, certaines plantations se font encore sans eau, mais l’environnement, le sol sont différents. Pour retenir l’eau, on peut utiliser du coco, qui agit comme une éponge. En général, il faut avoir un accès à une bonne quantité d’eau pour nourrir sa plante. Pour un usage privé, le mieux est de pouvoir planter son vanillier à proximité de la maison.
4 : Le bouclage.
Si vous avez été attentif à une liane de vanille, vous avez probablement remarqué qu’elle s’enroulait, en quelque sorte, autour de son tuteur. Ce procédé s’appelle le bouclage, et cela consiste à ramener la végétation vers le bas, afin que les crampons, qui servent la plante à grimper, puissent faire leur racine une fois qu’ils touchent le sol et qu’ils s’y plongent.
Plus il y a de racines, plus le plant peut se nourrir, boire, et être vigoureux. Le bouclage est primordial pour que la plante soit optimale. Avec un bon bouclage, un bon apport en eau et en nutriments, et du soleil indirect les maladies ne sont pas un problème !
La filière vanille en quelques chiffres :
La province Sud s’engage à structurer la filière vanille, qui est, pour la Nouvelle-Calédonie, un marché de niche prometteur, tant la qualité de la gousse est exceptionnelle.
2017 : c’est le début de la création de la filière. Une convention a été effectuée en partenariat avec Julien Pascal, dont le taux de vanilline contenu dans ses gousses atteint les 5%, et ayant remporté de nombreuses médailles au concours général agricole du Salon de l’Agriculture de Paris. Ainsi, depuis 2017, Julien Pascal, par son expertise, forme les producteurs qui souhaitent se lancer dans l’aventure de la vanille, et ses différentes interventions sont généralement accompagnées de techniciens tels que Richard Locusse (le responsable des filières vanille, tubercules tropicaux et de l’horticulture au sein de la DDDT) ou Thierry Salesne (technicien agroalimentaire et pilote du projet de la filière vanille de la DDDT).
36 : c’est le nombre de producteurs de vanille sélectionnés, à ce jour, depuis 2017 par la province Sud. 7000 lianes ou boutures leur ont été distribuées, et un accompagnement leur a été fourni afin de les mettre en terre.
9.100.000 XPF : c’est le montant des aides accordées par la province Sud pour cette filière prometteuse. La pépinière de Port Laguerre a réalisé 1.504.000 XPF de recettes via la vente de plants de vanille.
20.000 plants : c’est l’objectif de l’export de plants de vanille. Cela correspond à une production de gousses sèches commercialisables d’environ 4 tonnes, pour un chiffre d’affaires prévisionnel de 200 millions XPF.