De l’épave de La Pérouse à la découverte des fonds marins exceptionnels, le musée maritime nous plonge dans le passé de la Nouvelle-Calédonie. Plus de 3 000 ans d’une histoire qui constitue notre patrimoine. Le musée, subventionné par la province Sud, a rouvert ses portes. L’occasion de découvrir ou redécouvrir les fragments de notre identité partagée.
Après un sommeil de quelques semaines, le musée maritime nous montre ses trésors issus des fonds marins d’hier et d’aujourd’hui. Il détient la plus importante collection au monde d’objets archéologiques sous-marins appartenant à l’épave de La Pérouse. Actuellement, 200 objets de l’expédition La Pérouse y sont exposés. Le reste, c’est-à-dire environ 10 000 références sont entreposées dans la réserve du musée.
« En pièce intègre, nous détenons entre 300 et 400 objets du naufrage des deux bateaux de La Pérouse à Vanikoro, dans l’archipel des îles Salomon, en 1788 », précise Valérie Vattier, la directrice du musée. Tous sont issus des fouilles sous-marines entreprises par deux associations à l’origine de la création du musée : Fortunes de Mer et Salomon présidée par le regretté Alain Conan, disparu en 2017, lors d’une plongée.
Le musée maritime doit tout à ces deux associations qui, dès 1981 ont lancé des campagnes de fouilles sous-marines. Une entreprise hardie réalisée par une poignée de passionnés d’histoire et de plongée. Dans un témoignage Alain Conan, raconte : « Avec une équipe de copains, quelques voiliers et puis quelques bouquins sur le sujet aussi, un jour de 1981, nous sommes partis sur Vanikoro pour essayer de découvrir la moindre trace de La Pérouse. Ne sachant pas si nous allions trouver un seul bouton (…). »
L’idée du musée émane du souhait des fondateurs de faire profiter au plus grand nombre les connaissances historiques acquises grâce à ces fouilles. En 1997, ils obtiennent la mise à disposition d’un bâtiment dans la zone de Nouville, qui devient le laboratoire de traitement des objets trouvés. Le musée est inauguré en 1999 sur l’emplacement de l’ancienne gare maritime mis à disposition par le Port autonome. Aujourd’hui, l’essentiel des collections est constitué d’objets résultant des fouilles sous-marines des deux associations.
Une histoire fascinante !
Salomon et Fortunes de Mer ont permis de faire avancer la connaissance sur l’expédition La Pérouse, non seulement grâce au travail de fouilles sous-marines, mais aussi de recherches, de croisements de données et de collecte de témoignages oraux sur place. Parce que l’histoire du Pacifique se transmet de génération en génération par l’oralité. « Aujourd’hui, on sait ce qui s’est passé, raconte Valérie Vattier. Certes, nous n’avons pas levé le voile sur tout, mais nous savons qu’il y a eu des survivants. Ils sont venus sur l’île après le naufrage. En revanche, nous ne savons combien ils étaient. Nous sommes quasiment sûrs qu’ils sont partis, et il est probable qu’ils ont échoué plus loin, mais nous n’avons aucune certitude. »
Aujourd’hui, le musée propose une exposition permanente autour de quatre thématiques qui traitent de l’histoire maritime de la Nouvelle-Calédonie (les voiles du commerce, les liaisons calédoniennes, les migrations maritimes et l’expédition La Pérouse).
À côté de cela, un espace dédié aux expositions temporaires permet de mettre en lumière des collections de la réserve. Ainsi, l’année dernière pour le Mois du Patrimoine, le musée a présenté une exposition sur l’Île de Lumière, une expédition humanitaire dirigée par Bernard Kouchner. Parti de Nouvelle-Calédonie, le cargo avait pour mission de sauver des boats peoples vietnamiens en mer de Chine.
Soutenu par la province Sud à hauteur de 7 millions de francs, le musée maritime participe à la mission de valorisation, de diffusion de la mémoire et de sensibilisation des patrimoines.