Depuis vingt-quatre ans, l’Association de Parents d’Enfants handicapés de Nouvelle-Calédonie défend le droit à la dignité, à l’éducation et à la vie sociale des personnes en situation de handicap. Soutenue par la province Sud, l’APEHNC avec le confinement a pris des mesures fortes pour limiter les risques d’intrusion du Covid-19 au sein de ses deux établissements : la Maison Gabriel Poëdi et le Service d’Accueil de jour.
Un cadre paisible, une ambiance familiale, un personnel souriant et bienveillant, c’est avec fierté que Catherine Poëdi, la présidente de l’APEHNC présente la structure médico-éducative située à Nouville. Ouverte depuis 2013, celle-ci accueille en hébergement, 30 jeunes en situation de polyhandicap* à partir de 6 ans et plus 10 personnes en accueil de jour.
« La Maison Gabriel Poëdi est une grosse ruche comprenant 72 salariés répartis dans 20 corps de métiers différents », explique-t-elle. Composée de trois villas pour l’hébergement, de plusieurs salles pour les activités : informatique, musique, arts plastiques, d’un espace snoezelen pour l’exploration sensorielle. L’établissement dispose également d’une balnéothérapie et c’est dans ce cadre qu’elle accueille en journée, des jeunes d’autres associations de personnes en situation de handicap.
L’APEHNC gère également le Service d’Accueil de jour, ouvert en 2009 et situé à l’entrée des Tours de Magenta.
D’une capacité d’accueil de 23 personnes, ce centre accompagne les jeunes relevant d’un handicap moteur lourd avec ou sans handicaps associés, vers une autonomie dans la vie sociale et vers une formation professionnelle. La plupart des jeunes qui fréquentent ce centre ont eu un grave accident.
Des mesures fortes pour éviter l’intrusion du virus
Dès l’annonce de l’arrêté du gouvernement sur le confinement pour éviter la propagation du COVID-19, l’APEHNC a immédiatement pris des mesures pour minimiser les risques de propagation, explique Béatrice Ponot, la directrice de la Maison Gabriel Poëdi et du Service d’Accueil de Jour : « Nous avons fermé progressivement les accueils de jour. Donc l’établissement de Magenta est fermé. Maintenant, nous avons des familles et des jeunes qui sont dans des situations très délicates, on ne peut pas juste fermer comme on ferme une école et renvoyer les jeunes à leur domicile. Nous avons mis en place des équipes mobiles constituées d’éducateurs et d’assistantes sociales qui vont régulièrement à domicile aider et accompagner les familles en fonction de leurs besoins, pendant cette période. »
Concernant la Maison Gabriel Poëdi, la directrice se veut rassurante : « Évidemment, l’établissement continu de fonctionner, car c’est le lieu de vie de nos pensionnaires et ils ont besoin de l’ensemble des professionnels de la structure. »
Au sein de la Maison Gabriel Poëdi, des mesures correctives et préventives ont été instaurées, ainsi qu’un protocole en cas de suspicion d’infection. Tous les gestes barrières ont été appliqués, voire renforcés, excepté la distanciation sociale. « Nos jeunes ont besoin d’une proximité dans tous les gestes de la vie quotidienne, mais aussi lors de séance de kiné, des activités éducatives, nous sommes dans l’accompagnement du geste. Impossible pour nous d’appliquer la distanciation sociale. »
Mais pour le reste : lavage des mains, hygiène de l’environnement, renforcement du nettoyage extérieur, tout a été respecté à la lettre. « Nous n’avons gardé que 5 prestataires vitaux et suspendu toutes les autres activités. Nous avons arrêté les réunions et modifié le planning au sein de la MGP pour n’avoir que des groupes de 3 ou 4 jeunes en prise en charge d’activité éducative. Et bien sûr, ils ne font plus de sorties extérieures. »
L’inclusion : un combat permanent
Dès la création de l’association, une chose tenait particulièrement à cœur de Catherine Poëdi : l’inclusion. « Nous n’avons pas attendu les nouveaux programmes scolaires. Polyhandicapé, ou pas, un enfant doit aller en maternelle comme n’importe quel enfant », souligne-t-elle. Dès 1997, l’association a monté un projet avec le soutien de la province Sud pour que les enfants en situation de handicap puissent aller en centre aéré. « Nous avons vu des enfants polyhandicapés faire des progrès en centre aéré, simplement parce qu’ils avaient à faire à des animateurs qui les ont pris comme ils étaient. C’était pour eux une bouffée d’oxygène et ils en gardent une expérience formidable. »
Aujourd’hui, l’APEHNC fait partie d’un collectif de 35 associations de handicap en Nouvelle-Calédonie. Elle est devenue l’antenne du groupe polyhandicapé France et peut ainsi bénéficier de ses formations et ressources documentaires. L’association est subventionnée par la province Sud à hauteur d’un million cinq cent mille francs, pour la gestion de la vie associative et l’organisation des événements et manifestations.
* Le polyhandicap se définit comme un « handicap grave à expressions multiples avec déficience motrice et déficience mentale sévère ou profonde, entraînant une restriction extrême de l’autonomie et des possibilités de perception, d’expression et de relation. »
« Ne pas rester seul, car c’est compliqué de porter ça. »
Pendant des années, Catherine et son mari Gabriel Poëdi ont remué ciel et terre pour la création de cet établissement. Ils sont parents d’un enfant polyhandicapé. « Quand vous découvrez le handicap de votre enfant, c’est le monde qui vous tombe sur la tête, vous êtes anéanti pour un bon moment. » Avec l’expérience, aujourd’hui, elle affirme : « Il faut avoir le réflexe de ne pas rester seul parce que c’est compliqué de porter ça. Nous nous sommes rapprochés des parents qui avaient les mêmes difficultés que nous. Au début, c’était de l’entraide pour véhiculer les enfants, leur faire des sorties. Nous étions tous de jeunes parents et nous avons commencé à monter des petits projets et c’est ainsi qu’est née l’APEHNC. »