Le constat est désolant : le 7 janvier, les gardes nature de la province Sud découvrent impuissants que la plus grosse colonie de sternes de Dougall basée sur l’îlot Ua a été détruite. Soit plus d’un millier d’œufs. Une grosse perte pour cette espèce d’oiseau marin déjà très menacée d’extinction. Pourtant, le mât provincial interdisant le débarquement sur l’îlot était bel et bien levé.
« C’est près de 2 500 sternes de Dougall qui ont quitté l’îlot Ua et abandonné leurs œufs » annonce dépitée Caroline Groseil, chef de service des gardes nature de la province Sud. Sur place, les agents ont remarqué de grosses traces de débarquement et trois coins de feu. « Les sternes pondent d’octobre à fin mars, nous sommes en milieu de saison, c’est une grosse perte pour le renouvellement de population de cette espèce menacée. »
Le moindre dérangement (chiens, campement, passages, bruit, ailes de kitesurf…) peut perturber ces oiseaux et les empêcher de couver leurs œufs. Laissés à l’abandon, ces derniers n’ont aucune chance de survie et cuisent littéralement au soleil en cette saison. « La particularité de ces oiseaux marins et qu’ils nichent à même le sol, ce qui les rend extrêmement vulnérables. »
Sur le Grand lagon Sud, une vingtaine d’espèces d’oiseaux marins rares et protégés viennent sur nos îlots pour se reproduire et donner naissance à leurs petits, une fois tous les deux à trois ans. L’îlot Ua fait partie des 20 îlots identifiés comme sites majeurs de ponte surveillés par les gardes nature.
Le fait est assez méconnu, mais les oiseaux marins ont constitué un critère fondamental permettant l’inscription de notre lagon au patrimoine mondial de l’Humanité.
Les auteurs des méfaits pas encore identifiés
« Pendant deux mois, tout s’est bien passé, l’îlot Ua était fermé et il n’y avait pas de dérangement pour les oiseaux », explique Caroline Groseil. Il a suffi de quelques individus non-respectueux de la réglementation pour réduire à néant les efforts de tous les autres usagers avec qui cela se passe très bien et qui comprennent la nécessité du dispositif des mâts sur les îlots. »
Les gardes nature poursuivent leur investigation, mais pour l’instant aucune piste en vue. « La règle est simple : les chiens sont interdits sur tous les sites de pontes, soit sur les vingt îlots identifiés. Nous mettons à jour en temps réel, les levés de mâts sur le site internet de la province Sud pour informer les usagers ainsi que sur notre page Facebook. »
Pour rappel, le code de l’Environnement de la province Sud prévoit une sanction de 90 000 F en cas de perturbation intentionnelle d’espèces protégées.