Vivre une sexualité équilibrée, contribue à l’épanouissement physique, moral et émotionnel. La compréhension de sa sexualité passe par la parole libre, sans préjugé. « Sexualité en Nouvelle-Calédonie : on en parle », c’est justement le thème du débat proposé par la Société Calédonienne de Santé Publique jeudi soir, dans l’auditorium de la province Sud.
Dans une société hypersexualisée (vidéoclips, publicités, jeux vidéo, sextos…), parler de sexe est-il encore tabou ? Certes, les mœurs ont évolué, les mentalités également, mais des freins, qu’ils soient d’ordre moraux, religieux ou simplement personnels subsistent.
Pour Charlotte de Buzon, sexologue et thérapeute de couple « C’est encore difficile de nos jours d’en parler dans la société mélanésienne ». Intervenant dans le cadre de son travail dans les trois provinces, la sexologue explique que cette retenue trouve son origine dans la culture. « Le mot tabou vient de l’Océanie. Un tabou est un acte interdit parce qu’il touche au sacré et dont la transgression est susceptible d’entraîner un châtiment surnaturel. Or, au fil du temps, ce mot s’est étendu à la sexualité. On ne parle pas de sexe avec ses parents par exemple, mais on n’en parle pas tout court. Le plus grand tabou, c’est l’impossibilité de parler de sa sexualité, mais les mentalités changent. »
« Plus une personne est épanouie sexuellement, plus elle véhicule de la bienveillance »
Le milieu social, l’éducation, mais aussi la génération, orientent la manière d’aborder sa sexualité. Laurence Galinié, gérante d’un love shop, n’a pas du tout la même vision. Au contraire, les hommes et femmes, quel que soit l’âge, l’ethnie, qui viennent dans sa boutique souhaitent vivre pleinement leurs désirs, quand ils n’affichent pas leur sexualité sans complexe. « Les gens que je vois osent parler de leur sexualité librement. Il n’y a pas de jugement négatif, pas de tabou. Quand ils franchissent le seuil d’un sex-shop, c’est parce qu’ils ont envie d’explorer d’autres facettes de leur sexualité. Plus une personne est épanouie sexuellement, plus elle véhicule de la bienveillance. »
Mais les personnes ne sont pas justes en quête de nouvelles sensations ou ne désirent pas seulement épicer leurs ébats. Plus que l’acquisition d’un nouveau « joujou », pour Laurence, confidente intime malgré elle, « C’est aussi une écoute bienveillante sans préjugé, qu’ils recherchent. »
La littérature érotique, tel le best-seller « Fifty shades of Grey » a permis de démocratiser des pratiques jusque-là réputées réservées à une minorité, comme le SM soft et, « de booster la vente de menottes », assure Laurence.
La quête du « Graal » orgasmique…
Cependant le plaisir reste un « obscur objet du désir », le « continent noir » selon Freud. Samuel Salama, gynécologue et sexologue tente de tordre le cou à cette idée. « La sexualité masculine n’est pas si simple que ça et la sexualité féminine pas aussi compliquée que ça », affirme-t-il. Tout est une question d’écoute de sa et de son partenaire mais aussi de connaissance de soi. Écoute et connaissance nécessitent de comprendre un minimum l’anatomie de l’autre. Or, la pression sociale n’arrange rien à l’affaire. « Il faut se libérer des images véhiculées par les magazines féminins et la pornographie, car ce n’est pas la réalité. Cela va en plus vous enlever un poids. »
Finalement, l’épanouissement sexuel passe par un lâcher-prise, la confiance en son partenaire, l’écoute et l’expérience. « La sexualité est quelque chose qu’on ne nous apprend pas, à part la reproduction, regrette Charlotte de Buzon. Dans l’inconscient collectif, c’est toujours un sujet qui est nimbé de honte. « Des personnes viennent me consulter pour me demander si elles sont normales d’avoir du désir à leur âge, comme si elles voulaient avoir mon approbation. Je vous le dis : il n’y a pas de retraite sexuelle et vous êtes libre de vivre votre sexualité comme vous l’entendez. »