
Les chiffres n’ont plus de secret pour Léo Cann-Polydor qui passe ses journées à les analyser et à les visualiser pour les rendre accessibles à tous. Pour cet analyste de données à la CPS, ce qui donne un sens à son métier, c’est de transmettre ses connaissances et de rencontrer des personnes aux parcours différents. Ce besoin de partager l’a conduit à devenir mentor « pour donner la chance aux jeunes qui ont des potentiels prometteurs ». Lorsque la province Sud a lancé son programme de mentorat avec le concours de l’association Télémaque, Léo n’a pas hésité à foncer.
Léo Cann-Polydor est l’un des premiers professionnels à s’engager dans le dispositif de mentorat lancé par la province Sud en 2023. « Avec d’anciens de mon école, nous avions déjà envisagé de créer un programme de mentorat. Puis la Province a proposé une initiative similaire, et elle cherchait des mentors motivés… Il n’y avait plus qu’à foncer ! »
Alors qu’il est déjà établi dans une vie professionnelle épanouissante, sa motivation a eu pour déclic la prise de conscience de la chance qu’il a eue tout au long de son parcours. « Il existe une inégalité flagrante, celle de l’information » explique-t-il. « Beaucoup de jeunes, pourtant plein de potentiels, ne s’orientent pas vers certaines études ou opportunités simplement parce qu’ils ne savent pas qu’elles existent, ou parce qu’ils n’osent pas ou ne maîtrisent pas les codes. C’est cet écart qui freine l’ascenseur social et crée un véritable plafond de verre. »
Bien que Léo ait toujours travaillé dur à l’école et que ses parents l’aient soutenu, c’est grâce au conseil de sa meilleure amie qu’il a découvert les classes préparatoires aux grandes écoles. « Je n’en avais jamais entendu parler. C’est elle qui m’a ouvert la porte, et cela a tout changé. Aujourd’hui, j’ai envie de faire la même chose pour d’autres. »

Léo et Wamaïti.
« Ce que j’aime ? Transmettre mes connaissances et rencontrer des gens différents »
Léo intègre l’école de commerce EM Lyon et, pendant sa césure, il effectue un stage en contrôle de gestion à Canal+ où il découvre l’analyse de données. « Ça a été une révélation ! J’ai plongé à fond dans ce domaine, ce qui m’a conduit à devenir analyste de données à la CPS. »
C’est avec passion qu’il évoque son travail au sein de la CPS depuis maintenant trois ans : « J’analyse et visualise des données pour les rendre accessibles à mes collègues, aux pays membres de la CPS, à d’autres organisations internationales et au grand public. Nous collectons des informations sur la population, la pauvreté, le changement climatique, les inégalités hommes-femmes… Mon rôle est de transformer ces chiffres en outils compréhensibles et utiles. »
Une grande partie de son travail consiste également à former d’autres personnes. Récemment il a réalisé une mission au Vanuatu pour former dix agents du Bureau des Statistiques.
« Ce que j’aime le plus, c’est transmettre mes connaissances et rencontrer des gens aux parcours très différents. Chaque mission est l’occasion d’échanger, de découvrir d’autres cultures et de voir concrètement l’impact des données sur des décisions politiques. »
Les défis ne manquent pas pour l’analyste de données : « Travailler avec des pays aux niveaux de maturité très variés en matière de data, s’adapter aux contraintes techniques, ou encore rendre des sujets complexes accessibles. Mais c’est ce qui rend le travail passionnant ! »

Wamaïti lors de la visite à la CPS.
« Lui faire découvrir des choses nouvelles »
Alors qu’il approche de ses 29 ans, Léo est depuis deux ans, le mentor de Wamaïti, un jeune qu’il a pris sous son aile. Son « petit » comme il l’appelle affectueusement, est actuellement en 3e au collège de Katiramona. « C’est un garçon curieux, sportif et malin. Il est à l’aise à l’oral et n’hésite pas à poser des questions même face à des adultes, ce qui est une vraie force. J’ai récemment découvert qu’il avait un véritable talent pour le dessin. »
Pour l’aider à s’améliorer en français, qui n’est pas sa matière préférée, Léo lui prête des livres qu’il a lus à son âge et ensemble, ils en discutent. « C’est une sorte de correspondance, et au final, il aime déjà beaucoup lire. C’est génial de redécouvrir avec lui certains livres qui ont marqué mon enfance. »
Léo veille à enrichir cette relation privilégiée avec Wamaiti et tient à suivre de près ses progrès. « Je suis en contact régulier avec sa mère pour prendre des nouvelles et organiser des sorties. Mon but ’est de lui faire découvrir des choses nouvelles. Nous avons visité le musée maritime, fait des sorties à Yaté et à Poé, tenu un stand au marché avec ma copine, dessiné, fait de la randonné aux marmites de Dumbéa, et assisté à un match de basket de la sélection… L’idée est de l’ouvrir à un maximum d’expériences. »

À la découverte de l’Aquarium.
« Lui donner les clés que j’aurais aimé avoir à son âge »
Léo n’essaie pas de mettre la pression à Wamaïti. « Je ne cherche pas à l’orienter dans une voie précise, mais plutôt à lui ouvrir des portes, à lui donner les clés que j’aurais aimé avoir. Il adore le sport et aimerait devenir animateur sportif, ce qui me fait sourire car c’est exactement ce que je voulais faire à son âge ! »
L’essentiel est que Wamaïti se sente bien dans ses baskets, ose s’exprimer et soit curieux du monde qui l’entoure. « Mon but n’est pas qu’il suive mon parcours ou celui de quelqu’un d’autre, mais qu’il se réalise en tant qu’individu. S’il ressort de cette expérience avec plus de confiance en lui et l’envie de croquer la vie à pleine dents, l’impression d’avoir trouvé sa voie, alors j’aurai réussi mon rôle de mentor. »