
Ce matin, l’assemblée de la province Sud a voté la modification du budget 2025 de la collectivité. En ces temps de crises, les ajustements votés se veulent prudents et témoignent de la volonté de l’exécutif de « soutenir l’activité économique tout en priorisant la santé, la jeunesse et l’éducation » a assuré la présidente, Sonia Backès.
Un budget maîtrisé et prudent
Saluée par l’ensemble des élus, la gestion rigoureuse des comptes 2024 a permis de dégager un fonds de roulement de 7,752 milliards XPF, affecté au budget 2025. Celui-ci intègre également une économie supplémentaire de 1,5 milliard XPF en fonctionnement, un effort jugé vital pour la stabilité financière de la collectivité et salué par l’ensemble des élus. Parmi ces réductions, 900 millions XPF concernent les charges de personnel et 68,6 millions XPF le fonctionnement courant des services.
Relance économique, santé et jeunesse en priorité
Parallèlement, la modification budgétaire prévoit 2,295 milliards XPF d’investissements nouveaux pour l’économie, les entreprises, la santé et la jeunesse. L’exécutif a fait le choix « responsable et assumé », d’allouer ces recettes supplémentaires au soutien des acteurs économiques, dont l’activité est essentielle à la relance comme l’a rappelé la présidente : « Aujourd’hui, notre priorité est d’aider les patentés et les chefs d’entreprise à maintenir ou à redémarrer leur activité. C’est ainsi que nous pourrons générer de nouvelles recettes fiscales et reprendre des politiques sociales suspendues. »
Face aux interrogations des groupes Éveil Océanien et Calédonie Ensemble concernant le manque de financement des aides aux bourses scolaires, au transport ou à la cantine, la présidente a appelé à la vigilance afin de ne pas « caricaturer » les ajustements obligatoires opérés sur ces dispositifs sociaux, réaffirmant que « rien n’a été supprimé. Aujourd’hui, les familles d’enfants boursiers doivent participer à hauteur de 100 F par repas et non régler la totalité du repas. La province Sud reste un exemple en matière d’aide sociale comparée aux autres collectivités. »
Des « décisions essentielles », ont précisé Naïa Wateou et Nina Julié, qui appellent à la responsabilité budgétaire : « Quand on détruit, il faut de l’argent pour reconstruire. Il n’est pas question de punir, mais avant de partager les richesses, il faut les créer. » « L’argent des Calédoniens ne tombe pas du ciel. Il vient uniquement de ceux qui travaillent et paient des impôts. Les soutenir est une priorité », a martelé Nina Julié.
Des investissements prudents
Philippe Blaise, premier vice-président, a rappelé l’importance de rester prudent : « Nous savons que nous allons utiliser notre fonds de roulement et des ressources ponctuelles. Quand l’économie repartira et que les recettes fiscales augmenteront, nous pourrons envisager de nouveaux dispositifs sociaux. Aujourd’hui, nous devons aligner nos dépenses sur nos ressources réelles ». Une vision partagée par Nadine Jalabert pour Le Rassemblement : « Il nous faut rester prudent, à gérer au jour le jour et au franc prêt le budget de la collectivité. Nous saluons ces décisions, rester lucide et pertinent dans notre gestion. Ensemble il faut rester combatif ».
Ne pas sacrifier la jeunesse
« Les jeunes sont particulièrement touchés par les conséquences économiques des émeutes » a souligné la présidente. « Ils se retrouvent avec une double peine, celle du manque d’expérience face aux 11 600 personnes qui ont perdu leur travail et sont retournées sur le marché de l’emploi. » Une vision partagée par Gil Brial qui a rappelé que « la demande principale des Calédoniens c’est retrouver un accès à l’emploi. Notre rôle est de mettre en place des dispositifs pour permettre de réembaucher ». Dans cette optique, 500 millions XPF seront dédiés au titre du dispositif « Job jeunes ».
Continuer de soigner les Calédoniens
Le secteur de la santé souffre également : « Aujourd’hui on observe 30% de fermeture de lit, parce qu’il n’y a plus de personnel médical. Il n’est pas question d’accepter cette situation en province Sud » a martelé la présidente. 250 millions XPF seront ainsi consacrés à l’attractivité des professionnels de santé.
Responsabiliser les Calédoniens
Aujourd’hui plus que jamais, « les Calédoniens doivent se responsabiliser » a affirmé la présidente, ajoutant que : « Tout le monde se doit de faire un effort et de se responsabiliser. Sans relance économique, sans richesses, on ne va plus discuter de la baisse des aides, mais de leurs suppressions. »
Milakulo Tukumuli a interpellé sur la situation des familles « responsables » et en grande difficulté suite aux exactions. La présidente a répondu : « J’ai demandé à nos services de la DPASS et de la DEL de se rapprocher de ces familles. Le rôle de nos travailleurs sociaux est essentiel pour dégager des propositions et trouver des solutions pérennes car aujourd’hui, on sait que la politique de l’assistanat et la distribution d’argent sans responsabilisation des populations est un échec. La politique de l’assistanat a montré ses limites. Nous devons garantir que chaque dépense repose sur des recettes pérennes. »
Philippe Blaise a conclu en insistant sur l’objectif principal de cette politique budgétaire : préserver le tissu économique, seul capable de financer les dépenses publiques en Calédonie.
Ces ajustements ont été adoptés, avec l’abstention de Calédonie Ensemble, de l’Eveil Océanien et du FLNKS.
Parmi les autres textes votés en faveur de la relance, on notera notamment la simplification des règles d’urbanisme et de lotissement destinée à soutenir les projets d’aménagement et aider le secteur du BTP.