
Enseigner en province Sud, c’est aussi enseigner en tribu. À Nassirah, Boulouparis, les familles peuvent compter sur les équipes éducatives de la maternelle Marthe Bourgine, où Magali Zoccolan enseigne à l’école annexe en petite et moyenne sections. Portrait de cette maman de 41 ans, qui fait partie de ces enseignants engagés à faire vivre l’éducation au cœur des tribus, tout en rêvant d’un avenir meilleur pour leurs élèves.
C’est une enseignante à l’énergie débordante que nous rencontrons à l’annexe de la maternelle Bourgine, à Nassirah. Nichée au cœur de la vallée, la petite école est un havre de paix où le savoir se transmet dans la sérénité. Mais ne vous y trompez pas, derrière cette apparente tranquillité, la classe de Maîtresse Magali fourmille d’activités ! Seule enseignante de l’annexe, elle accompagne avec bienveillance ses élèves, encourageant leur autonomie et stimulant leur vivacité d’esprit.
« Aujourd’hui, mon défi quotidien est de sanctuariser l’école pour que chaque enfant se sente en confiance pour apprendre et s’épanouir. »
Avec une joie de vivre communicative et des projets plein la tête, Magali entame cette nouvelle aventure avec une émotion toute particulière : depuis l’année dernière, la fille de Boulouparis a retrouvé sa commune d’enfance : « C’est ici que j’ai grandi. Je suis allée à l’école maternelle de Boulouparis avant de rejoindre Nouméa, pour y effectuer mon primaire. » Après des études en économie et gestion à l’EGC, Magali décide en 2005 de revenir à ses premiers amours et de concrétiser son rêve de devenir enseignante : « J’ai compris que ma place était auprès des enfants, à leur transmettre le savoir, mais aussi des valeurs essentielles de la vie. J’ai donc d’abord préparé mon Concours externe de recrutement des professeurs des écoles (CRPE) et j’ai intégré l’IFMNC en 2006. De là, tout s’est accéléré. » En 2009, elle prend la direction de Koumac pour y enseigner pendant 12 ans, avant d’être nommée directrice de l’école maternelle Bwadouvalan de 2021 à 2023, CAFIPEMF et Professorat des Ecoles en poche.
L’école de Nassirah : cœur battant de la tribu
« Ici, l’école est sacrée et enseigner en tribu est un immense bonheur ! » confie Magali. « Cette année, avec mes 20 petits aventuriers, nous vivrons de belles découvertes et explorerons les espaces et les émotions à travers des contes kanak comme Adrapo et Wanimoc, des livres voyageurs ou encore la création d’un lapbook sur les animaux d’Australie. » Une année qui se veut prometteuse car l’école vient de rejoindre le dispositif « École bilingue » de la province Sud. « Un défi passionnant qui ouvre les portes du monde aux enfants comme aux parents », ajoute-t-elle avec enthousiasme. Et pour cause : « Ici, les familles sont très impliquées. Pendant les exactions, notre école était intouchable, protégée par la tribu. » Ce lien précieux, Magali compte le préserver : « J’attache une importance particulière à ce que les parents viennent en classe pour voir leurs enfants et participer à leurs projets. »
Cependant, malgré cet ancrage fort, Magali ne cache pas ses inquiétudes suite aux émeutes : « Je suis très préoccupée par ce qu’il se passe. J’ai des origines kanak, je suis native de la Nouvelle-Calédonie et pourtant, on me donne parfois l’impression d’avoir perdu ma place ici. J’essaie de continuer d’être optimiste pour mon pays et de continuer de croire en l’avenir, surtout pour ma fille. »
La province Sud soucieuse du bien-être des enseignants
Face à ces bouleversements, Magali a choisi de se rapprocher de sa fille, scolarisée à Païta : « La province Sud m’a offert cette possibilité en me permettant d’intégrer l’école bilingue de Nassirah. Cela me permet d’être plus proche de ma fille tout en relevant de nouveaux défis professionnels. » Et l’avenir ? Magali y pense déjà : « Je commence à me renseigner sur les écoles bilingues en Australie et en Nouvelle-Zélande. J’aimerais me former, pourquoi pas à l’étranger, pour revenir enrichie de nouvelles compétences et contribuer à l’évolution de l’éducation ici, en Nouvelle-Calédonie. »