Un nouvel outil dans la prise en charge des auteurs de violences intrafamiliales



Ouvert depuis le 3 décembre 2024, le centre de prise en charge des auteurs de violences intrafamiliales est l’une des réalisations concrètes du Grenelle contre les violences conjugales. Ce projet a pu voir le jour grâce à un travail partenarial entre l’État, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et la province Sud. Le centre accueille les conjoints violents, sur décision de justice, pour les éloigner de leurs domiciles conjugaux et les accompagner dans un processus de responsabilisation par une prise en charge globale et pluridisciplinaire, afin d’éviter la récidive.


Les violences intrafamiliales sont un fléau qui touche majoritairement les femmes en Nouvelle-Calédonie. Cette problématique nécessite une réponse coordonnée de l’ensemble des acteurs concernés. La mise en place du centre de prise en charge des auteurs de violences intrafamiliales (CP VIP) permet de compléter les outils déjà existants.

Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement instigatrice de ce projet reconnaît que « La prise en charge des auteurs est toujours quelque chose de plus complexe en termes de communication et de conviction et on le comprend. »

Après deux ans d’un travail collégial entre les différents partis impliqués, le centre de prise en charge des auteurs de violences intrafamiliales voit le jour. Il une capacité de 10 place et accueille 8 personnes depuis le 3 décembre 2024.

Ce projet a été soutenu financièrement par la province Sud à hauteur de 20 millions de francs et sa réalisation confiée à la SIC qui a entrepris des travaux d’aménagement à la résidence Juvéna (4, rue Surcouf dans le centre-ville de Nouméa).

« Nous sommes très satisfaits, d’autant plus que nous sommes l’un des territoires d’Outre-mer qui a pu se doter de ce type de structure » a réagi Isabelle Champmoreau.

Un placement sous contrôle judiciaire

Les personnes placées dans ce centre sont « sous contrôle judiciaire ordonné par le juge des libertés et de la détention sur réquisition du Parquet », précise Yves Dupas, le procureur de la République.

Les profils sont sélectionnés avec un double objectif : « Le premier est de favoriser l’éviction du conjoint violent du domicile, pour éviter une double peine pour la femme qui en plus d’être victime, est obligée de quitter le domicile familial avec des conséquences importantes pour les enfants. Le deuxième, c’est de mettre en œuvre une prise en charge pluridisciplinaire qui comprend le suivi psychologique ou psychiatrique, ainsi qu’un suivi au niveau de l’addictologie. Tout ceci pour permettre un déclic en vue de prévenir la récidive ».

La durée du séjour est de 3 mois, renouvelable une fois dans la limite de 6 mois. Une évaluation mensuelle des progressions est assurée par un comité technique pluridisciplinaire.

Laura Vendegou, la présidente de la commission provinciale de la condition féminine a salué « l’énorme travail réalisé par le Relais avec les auteurs de violences dans la prise en charge globale de ce dispositif. » 

Point presse du 14 mars – Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en charge des sujets liés à la famille et de l’égalité entre les femmes et les hommes, Yves Dupas, procureur de la République, Éric Zinzius, directeur du Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP NC).

Une participation financière et ménagère pour les auteurs de violences

Ce qui fait l’originalité du dispositif est son mode de fonctionnement : « C’est un séjour encadré, il y a des protocoles, ce n’est pas un hôtel. Il y a des obligations, à travers des chartes d’engagement et un règlement intérieur très précis », a déclaré Philippe Palombo, président de l’association pour la réinsertion des auteurs de violences intrafamiliales (ARAVIF) gestionnaire du centre.

Les résidents doivent prendre part aux tâches communes de nettoyage des locaux et participer financièrement au fonctionnement de la structure en s’acquittant de leur droit de résidence, pour ceux qui ont une situation professionnelle, de 10 % de leurs revenus. « Il était essentiel dans ce projet que les auteurs de violences contribuent au fonctionnement de cet établissement et participent financièrement à sa prise en charge, c’est une responsabilisation à travers cette contribution », souligne Philippe Palombo.

Yves Dupas s’est joint à Isabelle Champmoreau pour souligner que « ce projet a pu aboutir grâce à la détermination de différents partis, tout d’abord la Nouvelle-Calédonie mais aussi la province Sud qui est sur toutes les problématiques et les politiques publiques et qui répond toujours présent et enfin, l’État avec notamment l’administration pénitentiaire ».

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