Face à l’effondrement du territoire, les élus s’unissent pour interpeller l’Etat



Ce matin, l’assemblée de Province s’est réunie pour débattre de l’orientation budgétaire de 2025 de la collectivité gravement affectée par les violences insurrectionnelles du 13 mai. Un débat qui a interpellé l’Etat sur « la situation cataclysmique du territoire » a alerté la présidente Sonia Backès : « Le 5 décembre, sans aides concrètes de l’Etat, notre système s’effondre. La réponse de Bercy doit porter sur des aides à l’investissement pour remettre les milliers de chômeurs au travail à l’heure de la reconstruction. »

Unis pour redire à l’Etat l’urgence absolue d’apporter des aides concrètes, les élus ont alerté sur le funeste sort de la collectivité et d’un système au bord de l’effondrement.


« Ce débat d’orientation budgétaire se fera avec beaucoup d’inconnues, dont l’atterrissage des recettes fiscales et le montant de l’aide de l’Etat, si aide il y a… Notre administration, que je remercie, a réalisé un exercice théorique en établissant un budget avec une perte fiscale de l’ordre de 17.8 milliards de francs pour 2025, soit un budget en recule de 20 ans qui nous ramène en 2004 et qui présage l’effondrement de notre système. » C’est avec gravité que la présidente a ouvert ce débat d’orientation budgétaire (DOB) qui a mis en lumière l’ampleur de la catastrophe qui menace les Calédoniens à l’approche du 5 décembre, date à laquelle le budget primitif 2025 de la collectivité doit être voté.  

Malgré une gestion exemplaire de son budget de 2020 à 2024, la collectivité n’est plus en mesure de panser les conséquences des destructions programmées depuis le 13 mai par la CCAT. Alors déjà désavantagée par une clé de répartition injuste (50% des recettes fiscales reçue pour 75% de la population sur son sol), et toujours dans l’attente des dettes non honorées par le gouvernement de l’ordre de 8 milliards de francs, la province Sud connaît aujourd’hui une perte de recette de plus de 30% soit -17,8 milliards de francs, que seule l’État peut absorber.

L’urgence d’interpeller l’Etat sur la gravité des exactions organisées

« Le 5 décembre sans réponses concrètes de l’Etat, nous serons contraints de faire des choix douloureux et drastiques qui annoncent l’effondrement de notre système » a alerté Sonia Backès. Et la funeste liste se veut longue : fermeture de tous les CMS ; révision de l’âge d’éligibilité du minimum vieillesse ; suppressions de toutes les bourses scolaires et d’enseignement supérieur ; fermeture des internats provinciaux ; fermetures des parcs provinciaux ; augmentation du nombre d’élèves par classe avec au minimum de 30 élèves ; fin du soutien aux opérations d’équipement dans les communes ; réduction massive des subventions aux associations ; arrêt des dispositifs d’aide aux TPE et agriculteurs ; arrêt des PPIC etc…une série d’inepties selon Sonia Backès, pour un débat « inenvisageable » a ajouté l’élu Philippe Michel, interpellant « solennellement, fortement, urgemment, gravement, l’Etat sur l’effondrement total qui est en train de se produire en Calédonie faute d’une aide de l’Etat à la hauteur des enjeux. Nous devons nous unir pour porter ensemble la demande de l’Etat et le processus de réforme ! » a-t-il soutenu.

« On est face à une situation qui n’est pas une situation normale et qui exige un traitement exceptionnel. Que l’Etat se rende compte que notre territoire est confronté à un cataclysme, conséquence des destructions organisées et voulues de l’économie des Calédoniens. On a fait un retour 30 ans en arrière et on assiste à la tiers-mondisation de la Nouvelle-Calédonie. Tout va être réduit à néant sans le soutien de l’Etat. On perd tout ce qui constitue les acquis sociaux de la NC. Que tout le monde sans exception prenne ses responsabilités pour dire d’arrêter de détruire et de reconstruire. Remettons les gens au travail parce que la meilleure façon de les sortir de la pauvreté, c’est de leur donner du travail. La solidarité ne fait pas tout. »

Philippe Blaise, premier vice-président de la province Sud

Une démarche partagée par l’ensemble des élus, comme Virginie Ruffenach qui a souligné que « ce n’est pas la population qui a subi la violence, qui doit encore subir les conséquences. Je rejoins cette volonté d’unité. Nous devons envoyer un message commun. »

Les élues Naïa Wateou et Nina Julié ont néanmoins souhaité rappeler que « ce débat doit aussi porter sur un vrai problème : la CCAT et ses organisateurs. La question qui se pose est : est-ce que vous vous voulez réellement construire avec nous ? » a souligné Naïa Wateou. « Derrière un combat soit disant digne, a ajouté Nina Julié, le résultat de ces exactions c’est que les inégalités grandissent et nous contraignent à tout arrêter, notamment l’accompagnement des plus fragiles. » Enfin, l’élue a affirmé : « Aujourd’hui, on comprend que la protection la plus totale de la France est essentielle en Nouvelle-CalédonieDemander de l’aide est une chose, mais pour quoi et pour combien de temps ? Pour que dans 15 ans nos enfants se retrouvent dans la même situation ? Il faut s’assurer que la France nous apporte et continuera de nous apporter sa protection. »

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