À l’occasion de la « Journée des descendants », le 8 mai, l’Association témoignage d’un passé a inauguré la plateforme numérique Orgon, projet lauréat du budget participatif 2021 de la province Sud. Cette base de données recense près de 30 000 bagnards ou personnels de l’administration pénitentiaire. Permettant aux familles de retrouver plus facilement leurs aïeux.
« Ces quelque 30 000 fiches que vous avez numérisées représentent des centaines de familles qui pourront retrouver leurs origines et leur histoire, a souligné la présidente de la province Sud, Sonia Backès. Cela fera partie du patrimoine de la Calédonie. »
Mercredi 8 mai, lors de la « Journée des descendants », l’Association témoignage d’un passé a dévoilé une base de données numérique inédite, appelée Orgon. Ce projet, lauréat du budget participatif en 2021, a nécessité trois ans de travail en collaboration avec un informaticien et trois chercheurs calédoniens. « Ces dernières années ont permis de réunir les données des historiens, de poursuivre les recherches pour compléter les listes, de vérifier et d’apporter des corrections pour chaque dossier », détaille Yves Mermoud, président de l’association.
Un travail de recherche et de vérification de longue haleine, comme l’explique Evelyne Henriot, passionnée de généalogie : « J’ai réalisé que dans les archives officielles de l’administration il y a énormément d’erreurs. Concernant le bagne, sur dix fiches consultées huit contenaient des erreurs. Parce que les gens avaient un accent et les surveillants militaires relevaient ce qu’ils entendaient. Donc il y a des déformations dans des noms ou des dates de naissance. »
À ses côtés, deux autres historiens, Louis-José Barbançon et Robert Zoller, qui se sont consacrés, eux aussi, pendant plus de quarante ans, à retrouver et à répertorier tous ces visages de l’histoire du bagne calédonien.
Près de 30 000 personnes
« Il faut passer son temps aux archives, se souvient Evelyne Henriot, qui, à l’époque, écrivait tout à la main depuis les Archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence. J’ai relevé l’ensemble des arrivées et des départs de bateau avec leurs passagers. Cela m’a permis de trouver des surveillants et ça permettra aux autres personnes de retrouver des informations sur leurs ancêtres. Je donnerai tout à l’association après vérification, ça va venir. »
Or, « aujourd’hui tout n’est pas terminé. Mais nous disposons, grâce à la province Sud et au Budget participatif, d’un outil très performant. Seule la Tasmanie dispose d’un outil de recherche comparable », a précisé Yves Mermoud.
Un outil numérique qui sera prochainement mis en ligne (orgon.nc) et qui est d’ores et déjà accessible gratuitement au site historique de l’île Nou, à Nouméa. Sur la base de données sont déjà enregistrées 29 741 personnes, appartenant aux registres des condamnés, des surveillants militaires, des concessions ou des convois.
Le nom, le prénom, le matricule, le jour d’arrivée et sur quel bateau ou encore la ville d’origine. Toutes ces informations sont consultables sur des fiches individuelles via un moteur de recherche par nom.
Une exposition célèbre les 160 ans de l’Iphigénie
En parallèle, douze portraits des premiers descendants de l’Iphigénie ornent le pavillon d’accueil du site historique de l’île Nou. L’exposition a elle aussi été inaugurée le 8 mai car cette date marque les 160 ans de l’arrivée de cette frégate en 1864, affectée au transport des bagnards et des ouvriers à l’origine de la construction du centre pénitentiaire de l’île Nou.