Grands requins : une étude de fond menée par l’IRD avec la province Sud et l’État



Avec le soutien financier de l’État, l’IRD (l’Institut de recherche pour le développement) et la province Sud ont signé, ce 29 avril, une convention pour la mise en œuvre d’une étude sur l’écologie des requins-tigres et des requins-bouledogues. La collecte de données devrait débuter en juin et durera quatre ans sur plusieurs sites de la Province.


Où se trouvent les requins ? Combien sont-ils ? Ces questions simples sont en réalité « complexes en biologie marine ». Car les squales sont des animaux de grande taille, qui se déplacent sur de très grandes distances, rappelle l’Institut de recherche pour le développement. Afin de remédier à cette absence de données sur les requins-tigres et les requins-bouledogues, la province Sud s’associe à l’IRD pour mener une étude sur son territoire, avec l’appui financier de l’État. Les recherches devraient débuter en juin et dureront au moins quatre ans.

La convention a été signée, ce 29 avril, par Grégory Lecru, commissaire délégué de la République en province Sud, France Bailly, représentante de l’IRD en Nouvelle-Calédonie, et Gil Brial, 2e vice-président de la Province.

« Les seules données dont on disposait provenaient de la Fédération des pêcheurs professionnels côtiers de la province Sud qui observait davantage de gros requins près des plages. En s’associant avec l’IRD, la collectivité souhaite s’appuyer sur des données fiables, explique Gil Brial, 2e vice-président de la collectivité. Au-delà de la prévention, des plans d’urgence et de l’aide apportée aux entreprises dépendantes du lagon, nous devons être capables de prévoir des plans sur le long terme. »

Si, au niveau mondial, le nombre de requins a baissé, ces trois dernières années, en Calédonie, les attaques sur l’homme se sont multipliées. Pour les collectivités, il a été question d’agir dans l’urgence pour protéger les baigneurs. La mairie de Nouméa a interdit toute baignade autour de Nouméa jusqu’à la pose d’un filet anti-requins et la province Sud a autorisé les prélèvements des grands squales afin de retrouver « un usage le plus normal possible du lagon ».

Une étude plus large et plus longue

En mai 2019, la mairie, l’IRD, la province Sud et le Port autonome lançaient un programme similaire ciblé sur les littoraux de Nouméa et de Bourail. Mais l’attaque du jeune Anthony, quelques jours après le début de la campagne, avait conduit les autorités à interrompre le travail.

Cette fois, la durée de l’étude se veut plus longue et plus étendue, puisque six sites sont concernés. Ceux de Prony-Grand lagon Sud, du Grand Nouméa, de Saint Vincent, de La Foa, de Bourail et de Thio. Sur une base de quatre ans, l’objectif est de poursuivre, en toutes circonstances, la collecte de données.

Au total, cent requins-tigres seront marqués, de même pour les requins-bouledogues. Comme l’explique Laurent Vigliola, chercheur écologue à l’IRD : « On va combiner trois techniques. La vidéo, qui est l’outil de base pour mesurer l’abondance. Le marquage, qui permet de connaître les déplacements. Il y a le marquage acoustique qui dure dix ans et qui est détectable via un réseau d’hydrophones. Et il y a le marquage satellite, qui repère l’animal lorsqu’il fera surface, c’est le cas du requin tigre. Enfin, l’analyse de l’ADN environnemental, une technique innovante et expérimentale, qui pourrait offrir des informations sur l’abondance, seulement en filtrant de l’eau. » De quoi, acquérir de nouvelles données dans le cadre des politiques publiques.

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