Ce 1er congrès de l’Habitat en province Sud a réuni, le 13 mars, de nombreux acteurs du logement et du secteur du BTP. Concernés par la situation conjoncturelle défavorable, ils demandaient un rendez-vous pour échanger sur des solutions concrètes. Toute la journée, les participants ont émis des propositions de relance autour de la réhabilitation urbaine, dans l’auditorium de la province Sud.
Le secteur du BTP s’engouffre dans la crise. Une crise qui menace la pérennité des sociétés et les emplois, faute de marchés, a déclaré un chef d’entreprise présent lors du premier congrès de l’Habitat en province Sud. Un constat alarmant quand on sait qu’en termes d’activité « c’est là qu’on atteint le plus de créations d’emplois et de valeur ajoutée », estime la présidente, Sonia Backès.
La collectivité et ses partenaires, notamment Muriel Malfar-Pauga, la présidente de la SEM Sud Habitat, ont mis en œuvre cette journée de réflexion et de travail, qui s’est déroulée le 13 mars dans l’auditorium de la province Sud. Malgré les craintes, les débouchés existent toujours. « La Nouvelle-Calédonie aura besoin, au moment où l’on sortira de cette incertitude institutionnelle, d’une relance économique. Et elle passera par de gros investissements infrastructurels dont bénéficiera le secteur du BTP », assure Sonia Backès.
Bailleurs sociaux, entreprises du bâtiment et institutions ont dressé un état des lieux de l’habitat social et de son financement. Le contrat de développement entre l’État et la province Sud, nouvellement signé pour la période 2024-2027, « comprend de gros chantiers, ce qui permettra, à ce stade, de faire survivre le secteur », ajoute la présidente. 800 millions de francs d’investissements par an sont prévus dans le cadre de ce contrat.
L’objectif est de dégager des pistes de relance économique qui satisfassent à la fois le secteur et la demande de logements des Calédoniens. Sur cette voie, la thématique de la réhabilitation urbaine paraît toute tracée.
À ce jour en province Sud, environ 6 000 demandes de logements sociaux sont en cours. La précarisation des demandeurs, elle, s’accentue. En 2023, 71% d’entre eux ont un revenu inférieur à un SMG, contre 56% en 2022. La Province accompagne les familles les plus défavorisées par le biais de ses dispositifs tels que l’aide à la rénovation et à l’amélioration de l’habitat (Aprah) et de logement aidé en province Sud (Laps).
Réhabiliter l’existant
Pour soutenir l’activité du secteur, il existe un chantier tout aussi important à mener dans l’habitat social. S’il n’est plus question aujourd’hui de reproduire les modèles de construction du passé, « la rénovation peut être une solution de relance, car le parc des bailleurs représente des milliards d’investissement », estime Muriel Malfar-Pauga.
D’une logique de construction en masse, les pouvoirs publics sont passés à une politique de rénovation, et pour cause. L’offre de logements se doit aujourd’hui d’être « suffisante », « adaptée » aux personnes vulnérables, mais surtout « qualitative ». « Il ne faut plus faire ça. On le paie aujourd’hui, on voit ici ou là des résidences qui se sont dégradées beaucoup trop vite. Cela a des conséquences en termes de sécurité et de bien vivre ensemble. J’ai en tête Dumbéa-sur-Mer, mais ce n’est pas le seul endroit. On va gérer cet héritage, on va y arriver au travers de la rénovation urbaine », insiste Grégory Lecru, commissaire délégué de la République pour la province Sud.
En 2022, les bailleurs avec la Province et l’État ont investi dans la rénovation de 1 600 logements rénovés ou sécurisés et réduit de moitié la construction de nouveaux logements passant de 2 000 à 1 000. Ces nouvelles orientations s’inscrivent dans une démarche d’adaptation aux besoins actuels, qu’il s’agisse de transition énergétique ou de prise en compte des facteurs sociaux comme le vieillissement de la population et les personnes en situation de handicap.
Toutes les propositions émises lors de ce premier congrès seront présentées dans une synthèse destinée à tous les acteurs de l’habitat. La Province espère reconduire cet évènement tous les ans, dans cet objectif de dynamique de relance durable.