Comment faire de la nouvelle maison de l’enfance de Dumbéa-sur-Mer un lieu encore plus accueillant pour les jeunes pensionnaires ? Avec le dispositif 1 % artistique ! Dans le cadre de cet appel à projets provincial, qui permet de consacrer 1 % de la valeur d’un projet architectural à l’intégration d’œuvres artistiques, l’artiste Alejandra Rinck Ramirez vient de terminer une fresque onirique et 50 totems pour égayer le jardin de la maison. Une œuvre aux harmonies douces, ode à la nature et aux voyages, à laquelle les ados ont rapidement adhéré. Retour sur cette création à 2 mains et plus !
La bâtisse, récente, a quelque chose entre le lieu de vie collectif et la maison familiale. Même en cette période de vacances, on peut y percevoir les échos vifs, joyeux ou fragiles du quotidien d’adolescents, confiés à la Province dans le cadre de mesures de protection de l’enfance. La maison de l’enfance de Dumbéa-sur-Mer a en effet pour vocation d’offrir un accompagnement et un cadre apaisant, protecteur et favorable à la reconstruction d’une dizaine de jeunes, avant leur retour dans la famille élargie.
1% artistique, quand l’art vient au cœur des espaces provinciaux
Ouverte depuis avril 2022, elle a été construite dans le cadre du contrat de développement État-Province et est gérée par la Direction provinciale de l’action sanitaire et sociale (DPASS). Pour finaliser la décoration des lieux, la Province a lancé un appel à projets « 1 % artistique ».
Mobilisant trois directions provinciales – celles de l’Aménagement, de l’Équipement et des Moyens (DAEM), celle de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (DCJS), et la DPASS qui gère les lieux -, ce dispositif permet de consacrer 1 % du budget prévu pour un projet architectural provincial à l’intégration d’œuvres d’art. L’objectif ? « Professionnaliser, valoriser et faire connaître les artistes calédoniens, mais également sortir l’art des lieux dédiés, pour le rendre accessible au plus grand nombre » explique Anne-Christine Franceschetti, qui suit le dispositif pour la DCJS. L’artiste lauréat est retenu pour l’esthétique de son projet, sa cohérence avec le thème demandé, son coût, la pérennité des matériaux et la sécurité de l’installation.
Une touche de gaieté dans le jardin
Pour la maison de l’enfance, un des deux lots de l’appel à projets consistait en une fresque peinte, complétée d’éléments amovibles sur le thème de la nature (totems). « La fresque vient habiller l’espace de vie extérieur. Elle permet aussi d’éviter les tags, car les jeunes vont davantage respecter l’œuvre. D’ailleurs, l’artiste a eu un très bon relationnel, que ce soit avec les équipes ou les ados, qu’elle a associés avec enthousiasme à sa création », commente le directeur de la structure, David Degreaux. « Les jeunes vont aussi pouvoir s’approprier l’œuvre et l’espace, grâce aux 50 totems à leur disposition : ils en choisissent un, le positionnent sur la fresque avec leur nom, et pourront repartir avec, comme une marque de leur passage ici. »
« Un projet qui a du sens, pour tout le monde »
Un beau challenge
C’est Alejandra Rinck Ramirez qui a été retenue pour cette réalisation. L’artiste a opté pour un ton onirique, à la fois joyeux et calme, mariant différents univers dans une palette de couleurs pastel. « Réaliser une fresque est un exercice qui requiert une approche particulière, notamment en termes d’échelle, de point de vue, de composition, mais aussi en fonction de l’emplacement et de son usage. Ici par exemple, l’œuvre comporte à la fois une vue d’ensemble et des détails visibles seulement quand on s’approche, car contrairement à une fresque positionnée sur un lieu de passage, les jeunes auront tout le loisir de l’observer. »
Une expérience très enrichissante pour Alejandra, notamment à travers les interactions qu’elle a pu générer avec les ados, pourtant d’abord sur la réserve : « ils étaient curieux du travail d’artiste, ont posé des questions et nous avons peaufiné les totems ensemble. » Car l’art présente de nombreuses vertus, et notamment celle d’ouvrir au monde…
Qui est l’artiste ?
Alejandra Rinck Ramirez est architecte de formation. Chilienne amoureuse du Caillou, elle exerce depuis 15 ans sur le territoire, même si elle s’est plutôt consacrée aux arts visuels ces dernières années. S’adressant souvent à la jeunesse dans ses œuvres, elle travaille régulièrement avec les collectivités publiques « Le dispositif 1 % artistique, qui dote chaque bâtiment public d’une œuvre d’art, marque une volonté des institutions très intéressante. Il permet en effet à l’artiste de trouver toute sa place dans la société, notamment quand il s’agit de commandes avec une portée sociale, comme ici. »
Deux toiles viendront bientôt compléter la commande
À noter que l’artiste Kuby Kolor, lui aussi lauréat de cet appel à projets « 1 % artistique » (lot 2), a pour sa part proposé deux œuvres dans un style « graff » qui viendront compléter la commande et égayer les couloirs de la bâtisse. « La première, Le Marchand de sable, est une mise en abyme du concept de foyer, dans un monde onirique, chargé de tendresse et de douceur. La seconde, La Vie est belle, mêle le calme marin et l’agitation urbaine. Elle représente une tortue marine, qui navigue dans ce désordre, avec calme, sagesse et détermination » Réalisées à la bombe aérosol sur des toiles de grande taille, les deux œuvres seront bientôt installées au cœur de la maison de l’enfance, que le tatoueur-rappeur-graffeur connaît bien. « Je travaille avec l’équipe depuis longtemps. J’ai pu animer plusieurs ateliers « graff » auprès des jeunes de la structure ou de l’internat, à Nouméa puis à Dumbéa. J’en recroise régulièrement, ça fait plaisir de les voir poursuivre leur chemin. »