La province Sud a fait de la modernisation de la gestion des déchets l’une de ses priorités. Les actions menées depuis 2019 ont permis de réduire de 14 % l’enfouissement et de développer une économie circulaire génératrice d’emplois. Le nouveau Schéma provincial prévoit d’aller plus loin en multipliant les filières propres et réglementées.
Rien ne se perd, tout se transforme ! Et lorsque l’on réglemente dans le bon sens, cela peut même être un vecteur d’emploi. La gestion des déchets est en province Sud l’objet de toutes les attentions. « Des efforts considérables ont été menés par la collectivité durant ces dernières années, rappelle Françoise Suve, élue provinciale, rapporteure de la commission de l’environnement. Le Schéma de prévention et de gestion provinciale 2023-2027 prévoit d’aller plus loin, toujours dans le but de protéger l’environnement avec le moins d’enfouissement possible, de valoriser les déchets en créant ou en consolidant des entreprises et de créer des emplois locaux pérennes qui se trouvent au sein même des quartiers. »
L’enjeu est de taille et le potentiel est bien là. Les derniers chiffres indiquent que 15 000 tonnes de déchets dangereux sont récupérées (57 kg par habitant), notamment lors des campagnes de collectes organisées par la Province, et 35 000 tonnes de déchets verts issus des ménages et des entreprises sont pris en charge. En 2022, chaque habitant a produit en moyenne 400 kg (contre 438 en 2019) de déchets ménagers.
« Lorsque nous faisons ce constat, l’objectif est clair : nous devons continuer de valoriser ces déchets, c›est une véritable opportunité économique, analyse Françoise Suve. Nous encourageons financièrement et apportons un appui technique à tous les acteurs souhaitant s’investir dans une des filières de retraitement des déchets après avoir mesuré sa fiabilité et sa pertinence. »
Le travail a déjà été lancé par la Province avec près d’1,2 milliard de francs, grâce au soutien de l’Ademe et de l’État, investis depuis 5 ans pour développer une politique de traitement des déchets, créer de nouvelles filières réglementées et donc de l’emploi. Cela a donné des résultats probants. D’un point de vue environnemental d’abord, avec une baisse de 14 % de déchets enfouis, étant jugés « comme étant une aberration écologique » par Françoise Suve et 57 % du gisement estimé des déchets dangereux capté et traité. Chargée de réglementer ces filières réglementées (REP), la Province conseille, soutient, puis s’appuie sur le dynamisme et la bonne volonté des différents acteurs, tels que les éco-organismes Trecodec, Coleo, TriON solidairement ou Ecopharm. Elle prône l’économie circulaire qui se crée autour de ces filières, bénéfique à l’économie locale et à l’emploi.
En 2021, après les médicaments et les produits phytosanitaires non utilisés, la collectivité a d’ailleurs inscrit une 8e filière REP à son code de l’Environnement, celle des déchets d’emballages, que l’entreprise Trecodec commence à mettre en œuvre.
Si l’on estime à 50 le nombre d’emplois déjà créés grâce aux REP, ce chiffre devrait encore grimper dans les mois à venir avec l’arrivée très prochaine de nouvelles filières de traitement.
” Notre objectif : protéger l’environnement, valoriser les déchets et créer des emplois.”
Parmi elles, celle pour les navires hors d’usage (NHU). Portée par Christopher Gygès au gouvernement avec l’appui de la province Sud, celle-ci s’annonce majeure en termes d’emplois et capitale pour l’environnement. Pas moins de 21 épaves ont été retirées de la Grande rade de Nouville et 6 000 des 27 000 bateaux immatriculés arriveront en fin de vie dans les 10 prochaines années.
La modernisation de la cale de halage du pôle maritime pourra même permettre d’assurer le démantèlement des patrouilleurs P400 de la Marine nationale. Cerise sur le gâteau : 90 % des matériaux récupérés sur les épaves peuvent trouver une utilité.
Quand on vous dit que les déchets valent de l’or, si on sait bien les réexploiter !
Les éco-organismes, clé de voûte de la gestion de déchets
Comme Ecopharm, en charge de la filière de recyclage des médicaments, et Coleo, en charge de celle des produits phytosanitaires agricoles, Trecodec fait partie des éco-organismes qui assurent la mise en œuvre opérationnelle de la collecte et de la gestion des déchets, selon le principe de REP, «responsabilité élargie des producteurs».
Les producteurs et les importateurs sont désormais responsables et doivent garantir la gestion des déchets issus de leurs produits. Pour 6 filières (véhicules, électroménager, pneus, piles, lubrifiants et batteries), cela existe depuis maintenant plus de de nombreuses années. Cela a déjà permis de collecter 12 000 tonnes de nos détritus qui auraient dû être, dans la grande majorité, enfouies. Le dispositif est financé via l’écoparticipation. Cette contribution ajoutée au prix d’achat du produit est reversée par le producteur à l’éco organisme pour financer l’organisation de la collecte et le traitement de ces déchets. Une organisation efficace, vouée à se développer encore, comme en ont convenu les différents intervenants, élus comme opérateurs.
Une collecte avec notre réseau d’opérateurs dans le respect de la traçabilité des déchets, de la santé et à des coûts maîtrisés
Au centre de la gestion d’à présent 8 filières réglementées par la Province Sud (la filière des emballages a été mise en place en 2021), Trecodec, société à but non lucratif fondée en 2009, emploie une dizaine de salariés afin de mener à bien ses missions « de mise en place du réseau de collecte puis de financement et d’organisation de la collecte et du traitement avec notre réseau d’opérateurs, dans le respect de la traçabilité des déchets, de l’environnement, de la santé et à des coûts maîtrisés », précise le directeur de l’entreprise, Bernard Creugnet.
Trecodec soutient également ALD électroménager, Reinfo et Recy’Gem, pour le démantèlement, la réparation ou le reconditionnement de déchets électroménagers et informatiques.
Un nouvel opérateur pour valoriser nos déchets
Recyverre ou encore Ecopavement, de nombreux acteurs en charge de transformer ou de valoriser les déchets sont déjà connus des Calédoniens.
Un nouvel opérateur vient également d’arriver sur le marché. L’entreprise Isoca, où Promosud (le bras financier de la collectivité) vient de faire son entrée au capital et apportera son soutien technique.
Une première qui montre l’intérêt de la Province de développer les filières d’avenir. L’entreprise a pour ambition d’absorber la majorité des déchets papier et carton voués à l’enfouissement ou l’exportation pour, après traitement, en sortir un matériau de construction biosourcés à destination du BTP et de l’agriculture et de le transformer en ouate de cellulose, destiné à l’isolation thermique et acoustique des bâtiments. Près de 80 % du papier recyclé peut servir à produire cette ouate, essentielle pour le BTP.
Françoise Suve : “Ce sont souvent les petites solutions qui font une chaîne de cohérence“
En 2021, la Nouvelle-Calédonie a généré 13,4 millions de tonnes de déchets d’emballages. Face à cette problématique environnementale de taille, comment opter pour un usage plus sobre et responsable de nos emballages ? C’est tout l’enjeu de la Semaine Européenne de la réduction des déchets (SERD) organisée avec l’Ademe du 18 au 26 novembre, et que la province Sud soutient dans le cadre de son Schéma de réduction de prévention et de gestion des déchets porté par Françoise Suve, élue et rapporteure de la commission environnement. Entretien.
Sous quelle thématique abordons-nous cette Semaine européenne de réduction des déchets 2023 ?
« Cette année, dans le cadre du mois de novembre dédié à la réduction des déchets, la province Sud agit pendant la SERD qui aura pour thème les enjeux de prévention et de réduction des emballages alimentaires. Une thématique fortement liée à la dernière filière que l’on a réglementée à savoir les contenants, les boissons et les conserves alimentaires pour appuyer la valorisation de nos déchets qui doit être une priorité commune. Plus que jamais, compte tenu du contexte financier et économique dans lequel nous nous trouvons, il faut que l’on développe nos propres solutions et ce ne sont pas les plus grandes, ou celles qui demandent beaucoup de temps qui sont les meilleures, ce sont souvent les petites solutions qui, une fois liées, arrivent à faire une chaine cohérente. »
Quels programmes et quelles actions seront mis en place en province Sud ?
« Durant la SERD, la province Sud organisera des ateliers qui favorisent un temps d’échanges et de rencontres permettant à chacun de partager son expérience, ses connaissances et savoir-faire pour définir les contours d’éventuels projets favorables à une économie circulaire axée sur la réduction des emballages et des contenants. La collectivité accompagnera également ses communes dans la mise en place d’ateliers sur la réduction des déchets. Un volet très opérationnel sera également mené avec la visite de plusieurs entreprises qui travaillent autour du recyclage de manière à comprendre comment nos déchets sont traités, et comment leur valorisation représente et un pan économique. C’est en ce sens que la collectivité soutient les projets de valorisation des déchets dans le cadre des appels à projets (AAP) « économie circulaire », dont un des volets concerne la réduction des emballages. »