« Il n’y aurait pas de victimes de violences conjugales, s’il n’y avait pas d’auteurs de violences »



C’est le constat simple qui a réuni mardi soir, la province Sud et ses partenaires engagés pour lutter contre les violences conjugales et intrafamiliales à l’occasion de la dernière conférence de l’année organisée par le Centre d’Information Droits des Femmes et Egalité (CIDFE), « Sous l’emprise des violences : l’accompagnement des auteurs ». Portée par le Relais de la province Sud, cette conférence a levé le voile sur la volonté de « renforcer l’accompagnement global des victimes mais également d’apporter une prise en charge adaptée aux auteurs de violence pour éviter la récidive », a soutenu Gil Brial, le deuxième vice-président de la province Sud, présent aux côtés du Procureur de la République, des représentants des forces de l’ordre, du Service Pénitencier d’Insertion et de Probation (SPIP) et des associations, tous mobilisés contre ce fléau qui gangrène la société.


Saluant le Procureur de la République, les représentants du Service Pénitencier d’Insertion et de Probation (SPIP), les Forces de l’ordre, les associations, les directions provinciales, et l’ensemble des participants à cette conférence, Gil Brial a rappelé la volonté de la province Sud d’apporter « un accompagnement global en matière de lutte contre les violences conjugales », ajoutant que «jusque-là, nous avions tendance à mettre l’essentiel de nos efforts en bout de chaîne, c’est-à-dire au niveau du traitement des personnes violentées pour savoir comment les accompagner. L’objectif aujourd’hui, c’est de dire qu’il faut poursuivre ces efforts pour traiter les conséquences des actes de violences, mais qu’il faut également en traiter les causes pour éviter qu’il n’y ait d’autres victimes. Quand il y a acte de violence, c’est qu’il y a des causes. L’idée c’est donc de travailler sur ces causes-là. »

Gil Brial, deuxième-vice président de la province Sud

En complément des dispositifs déjà mis en place par la province Sud et ses partenaires (centre d’hébergement d’urgence aux victimes, appartements Relais,  prévention et sensibilisation des enfants par le biais d’enseignements, d’appels à projets, ou lutte contre l’abus d’alcool), il était primordial aujourd’hui de « s’intéresser aux auteurs », poursuit le deuxième vice-président. « L’objectif de cette conférence est donc de sensibiliser à une démarche différente, à un accompagnement qui prend en compte la problématique des auteurs de violence pour faire en sorte que le cycle de la violence ne recommence pas et par conséquent, diminuer les faits de violence et le nombre de victimes et de co-victimes. »

Un accompagnement global et adapté aux victimes comme aux auteurs grâce au Relais de la province Sud

Pour assurer un suivi global et un accompagnement éducatif, thérapeutique et juridique adapté aux victimes et aux auteurs (prise en charge individuelle ou groupée, adaptée à la complexité de chaque situation), la province Sud peut compter sur son Service de traitement des violences conjugales et intrafamiliales « Le Relais » et ses équipes pluridisciplinaires composées de trois travailleurs sociaux, de deux psychologues, d’un juriste, d’une hypnothérapeute, d’un art-thérapeute et d’un sophrologue, que Gil Brial a vivement remercié pour le travail considérable réalisé auprès des auteurs comme  des victimes, et dont les services rendus sont aujourd’hui indispensables. En effet, « depuis 2007, 3 500 victimes et 1 800 auteurs, dont 72 % orientés par la justice et les forces de l’ordre, ont été reçus au Relais », explique Cyrielle Moulédous, cheffe de service du Relais. Depuis le début de l’année 2022, le Relais recense 155 victimes reçues, 125 nouvelles orientations d’auteurs et 739 rendez-vous fixés pour ces derniers. Des chiffres saisissants qui révèlent « un équilibre au niveau de la prise en charge des victimes et des auteurs », souligne la cheffe de service.

Cyrielle Moulédous, cheffe de service du Relais

Mathilde Remaury, travailleuse sociale, Malo Chopier, psychologue et Pascal Guillotin, sophrologue, ont poursuivi la présentation des services proposés au Relais à travers deux pôles : le pôle éducatif « qui pose un cadre sécurisé et qui est assuré par trois travailleurs sociaux » précise Mathilde Remaury, et le pôle thérapeutique qui « rend l’auteur acteur de son changement », indique Malo Chopier, et qui « s’intéresse à la connaissance de soi, au bien-être et à « l’équilibre « corps-esprit » des auteurs comme des victimes », ajoute Pascal Guillotin.

 Le pôle éducatif pour établir un cadre sécurisé

 Au Relais, la prise en charge des victimes comme des auteurs commence par la rencontre avec un des trois travailleurs sociaux de la structure. « Il ne s’agit pas de juger, mais de donner à l’auteur ou à la victime un espace sécurisé et favorable au dialogue pour lui permettre de prendre conscience des différents types de violence qui ont pu être commis ou dont ils ont pu être victimes », assure Cyrielle Moulédous. La première étape se veut donc essentielle et s’apparente à « une pelote de laine à démêler », ajoute Mathilde Remaury. « Il s’agit dans un premier temps de « démêler », pour accompagner la personne à repérer ses besoins et ses fragilités afin de proposer ensuite une orientation vers le pôle thérapeutique ou vers nos partenaires extérieurs ». Pour cela, les travailleurs sociaux suivent 5 étapes :

  • Évaluer: le niveau de danger, la situation sociale, la protection de l’
  • Responsabiliser : pour permettre la prise de conscience de la posture d’auteur, de cadre légal et de l’intérêt de la plainte.
  • Comprendre: les types de violence (cycle de la violence), les conséquences des violences sur la victime, le passage à l’acte, l’impact sur les enfants.
  • Favoriser l’expression: travailler sur les émotions et les besoins, encourager la communication et étayer le travail éducatif.
  • Faire émerger une demande: pour une orientation vers le pôle thérapeutique ou vers les partenaires extérieurs au Relais.

Au premier rang, de gauche à droite : Pascal Guillotin, sophrologue, Mathilde Remaury, travailleuse sociale, Malo Chopier, psychologue au Relais et Estelle Nataf, médecin cheffe du Centre de Soins en Addictologie

Le pôle thérapeutique pour rendre l’auteur acteur de son changement

Une fois la demande formulée, le cadre établi et « la parole partagée et concertée au sein du service pour articuler une réflexion autour de nos expériences, nos connaissances et nos analyses », c’est au tour du pôle thérapeutique de poursuivre l’accompagnement « le plus adapté à chaque situation », souligne Malo Chopier. Le suivi thérapeutique avec les psychologues s’intéresse « aux facteurs déclencheurs de la violence chez l’auteur. Nous sommes là pour l’aider et l’inviter à une rencontre avec lui-même, pour une prise de conscience des actes de violence. L’idée est d’aider à comprendre comment on s’est construit pour mieux se reconstruire. » En parallèle, le Relais propose également trois autres types de thérapies: l’art-thérapie, l’hypnothérapie et la sophrologie, qui tendent à « rétablir les connexions entre le corps et lesprit et à reconnecter lauteur ou la victime à ses émotions » rappelle Pascal Guillotin.

Pour clôturer cette conférence, le docteur Estelle Nataf, médecin cheffe du Centre de Soins en Addictologie a abordé les conséquences de la consommation d’alcool, déclencheur de violence et présent dans « 80 % des procédures de violences conjugales ». Lionel Lecomte, Directeur du Service Pénitencier d’Insertion et de Probation (SPIP) a quant à lui, évoqué la réponse judiciaire et l’accompagnement de ces auteurs de violence par le Service Pénitencier d’Insertion et de Probation (SPIP) en collaboration étroite avec les services du Relais.


Des actions concrètes :

 Le grenelle pour lutter contre les violences conjugales

Initié en 2019, le grenelle des violences conjugales a permis de libérer la parole et de développer l’accompagnement et la prise en charge des victimes et des auteurs de violence, grâce à des dispositifs mis en place par les différentes institutions et associations. On notera parmi les dispositifs impulsés pour prendre en charge les auteurs des stages de responsabilisation engagés par la province Sud, le Procureur de la République et le haut-commissariat. Ces stages ont pour objectif la prise de conscience des actes commis pour éviter la récidive.

Pour rappels :

 Le Relais de la province Sud se situe au 12 avenue Paul Doumer (ex Maison de l’Habitat) et est ouvert en continu, de 7h30 à 16h, avec ou sans rendez-vous.

Toutes les consultations sont gratuites et confidentielles.


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