Endémia : mieux connaître la flore pour préserver les espèces menacées



Soutenue par la province Sud, l’association Endemia récolte, organise et centralise les informations sur la flore et la faune endémiques de Nouvelle-Calédonie. Véritable référence en la matière, ses experts, tous bénévoles, ont été formés à déterminer le degré de vulnérabilité d’une espèce, selon les critères internationaux de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Avec déjà 59 % de la flore endémique caractérisée sur la liste rouge des espèces menacées, leur travail minutieux représente une véritable aide à la décision pour la collectivité, dans la définition de ses outils de protection et de conservation des espèces. Échanges avec Aurélie Fourdrain, Coordinatrice de l’association.


« Les forces d’Endémia ? D’une part, son site internet qui rassemble plus de 15 000 fiches et qui repose sur une base de données monumentale et d’autre part, le travail d’analyse de ces informations, réalisé par ses experts bénévoles, pour déterminer le degré de vulnérabilité des espèces selon les critères internationaux de l’UICN », explique Aurélie Fourdrain.

Le site d’Endemia, la référence sur les espèces du caillou !

Des experts bénévoles au service de la flore calédonienne

En effet, née en 2001, l’association Endemia se consacre à la valorisation de la flore et de la faune du territoire, considéré comme un hot-spot de la biodiversité. Elle centralise, organise et rend public sur son site web tout le savoir accumulé sur les espèces endémiques et autochtones, et mène des actions de mobilisation, de sensibilisation et de communication auprès des passionnés et du grand public. Parmi ses missions, elle assure depuis 2014 la coordination d’un groupe d’experts en botanique, nommé RLA (Red List Authority) Flore NC. Ils sont une soixantaine de botanistes bénévoles, amateurs éclairés ou professionnels, locaux ou internationaux, chacun avec sa spécialité, à partager un objectif commun : évaluer, sur la base des informations collectées et traitées par Endémia, la vulnérabilité de la flore calédonienne selon les standards UICN. « La liste rouge des espèces menacées éditée par l’UICN est une référence mondiale. Ses critères sont très précis et s’inscrivent dans une procédure très cadrée, afin de déterminer le degré de vulnérabilité des espèces de flore et faune et d’en suivre l’évolution. » 

Endémia est la référence locale en matière de connaissance des espèces locales ; elle est régulièrement interrogée par des bureaux d’études, des organismes de recherche ou des collectivités sur les espèces rares et leurs lieux d’implantation. ©Endémia

Un travail de fourmi

Mais comment procède l’association pour établir cette liste rouge de la flore menacée de Nouvelle-Calédonie ? Chaque année, le RLA Flore NC choisit de se pencher sur un certain nombre d’espèces. « En premier lieu, Endemia va collecter l’information existante, auprès de son réseau de partenaires : études des collectivités, botanistes des industries minières, Conservatoire d’espaces naturels (CEN), instituts de recherche, herbier de Nouméa… Toute ressource est bonne à prendre ! Ensuite des experts botanistes vont étudier la fiabilité de ces données, puis la technicienne de l’association va les préparer, les mettre en forme. Tout ce travail amont est particulièrement long. Enfin seulement, le RLA Flore NC va pouvoir se réunir en atelier, afin de déterminer le degré de vulnérabilité grâce aux données disponibles. Pour cela, les experts s’appuient sur des critères bien définis : la taille et la structure de la population, son évolution, sa répartition géographique, ainsi que les menaces auxquelles elle est exposée (feux, activité minière, espèce envahissante…). L’information est alors transmise à l’UICN, qui la publie sur son site. Elle est également disponible sur le site internet d’Endemia. »

Mission botanique à l’Île des Pins ©Endémia

Un partenariat important

Ce classement des espèces, défini de manière scientifique selon des critères internationaux, est très utile aux collectivités comme la province Sud. Il permet de mettre à jour la réglementation en adaptant la liste des espèces protégées du Code de l’environnement et les plans de conservation d’espèces rares et menacées. D’ailleurs, l’association est soutenue financièrement par divers partenaires, notamment la Province. « Un partenaire privilégié », précise la coordinatrice. Ce soutien permet à l’association de poursuivre ses missions : « Nous allons nous pencher sur de nouveaux groupes d’espèces à évaluer. Certes ce travail de fond sur la liste rouge n’est pas très vendeur mais il est pourtant indispensable ! » Afin de sensibiliser le grand public à cette démarche autour de la flore endémique et de sa vulnérabilité, Endemia a également pour projet en 2022 de mettre en valeur les espèces spécifiques à chaque commune, en composant un poster de sa flore endémique pour chaque localité. 



En chiffres

  • en NC :

1 espèce de plante sur 100 dans le monde n’existe qu’en Nouvelle-Calédonie

Près de 3500 espèces de plantes dont 76 % d’endémisme

  • le RLA Flore NC :

59 botanistes impliqués

5 à 6 ateliers par an

59 % de la flore calédonienne évaluée



 

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