Ce matin, Philippe Blaise, 1er vice-président de la province Sud, s’est rendu chez Mickael Sansoni, agriculteur et formateur en agroforesterie syntropique. L’occasion pour l’élu et les équipes de la Direction provinciale du développement durable des territoires (DDDT), d’échanger sur ses méthodes et techniques innovantes mais également sur son expérience depuis le lancement de son exploitation il y a 5 ans, avec le soutien financier et l’appui technique de la Province.
Mickael Sansoni a un parcours atypique. Ancien biologiste chez Sanofi, il a réalisé un virage à 180° en se lançant dans l’agroforesterie. Si ses compétences en culture de micro-organismes restent une ressource précieuse pour sa nouvelle activité, il a évoqué avec Philippe Blaise ses doutes et ses erreurs de débutant : « Je suis passé de manager d’un service de 120 personnes pour qui il était aisé de déléguer, à moi tout seul au milieu des champs ! Cela a été très dur au début ».
Une agriculture au long cours
Mais Mickaël est un passionné, qui s’est formé en métropole, en Australie et auprès d’experts brésiliens en agroforesterie. Il partage désormais volontiers ce savoir avec ses visiteurs : telle plante éloigne les vers nématodes des tomates, telle autre apporte de l’eau à la terre, attire les papillons piqueurs ou répand les mycorhizes dans le sol. Car l’agroforesterie syntropique est avant tout une histoire de régénération des sols, grâce au développement des micro-organismes et de la symbiose entre les plantes. En prenant exemple sur la forêt, ce système agronomique repose sur la succession de strates végétales qui produiront leur propre compost grâce à la taille des arbres des strates hautes. « Pas de désherbage ni d’arrosage, nous consacrons l’essentiel de notre temps à couper et disposer la matière organique sur nos lignes de cultures. »
Pour organiser ses parcelles, il a d’abord mené différents tests, notamment sur les variétés et essences végétales à privilégier, puis ajusté ses pratiques pour optimiser ses cultures, implantées dans un sol pourtant difficile. « Le succès n’est pas immédiat, ce n’est pas magique. J’ai tâtonné avant de pouvoir atteindre un seuil de rentabilité au bout de deux ans et demie », explique-t-il. Aujourd’hui, 5 ans après son lancement et avec l’aide de ses 3 employés, il a multiplié par 10 son chiffre d’affaires initial et il produit 16 t de fruits et légumes par an. Soutenu par le projet PROTEGE, dans le cadre de la transition agroécologique, il bénéficie d’un suivi de l’état de son sol, aussi bien en métaux lourds, qu’en carbone ou en minéraux. Les résultats sont concluants, avec notamment 53 t de carbone organique supplémentaires, mais il précise : « J’ai mis plusieurs années à atteindre une fertilité acceptable. »
La Province à ses côtés depuis le début
S’il est convaincu, Mickaël Sansoni n’en est pas dogmatique pour autant : « Chaque situation est unique et l’objectif des agriculteurs reste de produire de quoi nourrir les Calédoniens. » Un discours bien entendu par la Province, qui l’accompagne depuis ses débuts, grâce à une aide à la création d’exploitation agricole, pour la réalisation d’aménagements fonciers, la création de deux retenues collinaires et l’achat d’équipements, une aide à l’emploi, et un appui technique. « L’équipe de Danyela Salmon-Gelé (DDDT) me soutient depuis le début, du montage du dossier jusqu’à présent. Elle m’a permis de résoudre beaucoup de problèmes ». Cette collaboration a fait des petits, puisque dans le cadre de son engagement au sein de l’association d’agroforestiers AGIR NC, Mickaël Sansoni anime 9 aires éducatives environnementales de la Province, en sensibilisant les enfants à sa discipline. Un intérêt partagé par petits et grands, puisque Philippe Blaise a conclu la visite en remerciant l’agriculteur et en soulignant : « C’est un sujet vraiment passionnant, qui pourrait être étendu à d’autres opérations de plantations ».