En Nouvelle-Calédonie, 92 % des dirigeants d’entreprises du secteur numérique sont des hommes, selon une enquête réalisée par l’Observatoire du numérique en Nouvelle-Calédonie. Pourtant les intervenants et experts l’ont affirmé hier soir lors de la conférence organisée par le Centre d’Information Droit des Femmes et Égalité (CIDFE), d’une même voix : il est temps de casser le mythe du numérique comme secteur masculin, car les Calédoniennes ont elles aussi des opportunités à saisir dans ce domaine porteur.
La conférence « Le numérique, secteur d’emploi et d’opportunités, quels enjeux pour les femmes ? » dans l’auditorium de la province Sud, a réuni autour du Centre d’Information Droit des Femmes et Égalité, l’Université de la Nouvelle-Calédonie, l’Observatoire du Numérique, et le cluster Open NC. L’objectif était de faire un état des lieux et de déconstruire les stéréotypes de genre liés à la filière pour aborder la place que peuvent tenir les femmes dans ce secteur en plein essor.
« Ce qui a été évoqué, c’est qu’il y a un réel besoin des entreprises en termes d’emplois dans le numérique. Or, il y a un manque de compétences locales parce qu’il n’y a pas forcément assez de personnes qui s’orientent vers cette filière », explique Joane Païdi, la responsable du CIDFE. Elle ajoute : « L’une des clés de compréhension, c’est les stéréotypes de genre. » Les facteurs explicatifs sont multiples : manque de connaissance de ce milieu et des débouchés. Sans compter que les clichés autour des métiers du numérique ont la vie dure : parce qu’un informaticien, c’est forcément un geek, un génie précoce en mathématiques ou un accro aux jeux vidéo. Ces représentations erronées tiennent finalement les femmes à l’écart de ce domaine réputé « chasse gardée des hommes ».
Justement, pour élargir ce secteur au plus grand nombre, une nouvelle formation « e-commerce et web marketing » de niveau bac+1 a ouvert à la rentrée 2022 au lycée professionnel François d’Assise à Bourail. Cette nouvelle offre de formation vient s’ajouter à celles déjà existantes sur le territoire : l’établissement supérieur d’arts appliqués & design numérique, l’IUT MMI, la licence pro Communication et Arts Numériques pour n’en citer que quelques unes. Surfant sur la vague des métiers porteurs, ces formations répondent à des besoins concrets. « Le secteur numérique est celui qui génère le plus de nouveaux emplois dans les années à venir. L’emploi y progresse 2,5 fois plus que dans les autres secteurs », indique Joane Païdi.
Le numérique touche tous les domaines ou presque !
En Nouvelle-Calédonie, les besoins en compétences numérique ont été identifiés par l’Observatoire du Numérique en 2018. L’enquête révèle en effet que 50 % des entreprises calédoniennes éprouvent des difficultés à trouver des compétences dans ce domaine. Ces difficultés sont liées à celles d’attirer des talents, puis à les conserver en raison d’un turn-over élevé. Cette étude met également en exergue que 32 % de ces entreprises ont des projets de développement et d’utilisation du numérique pour : leur communication, la publicité, le développement commercial, la gestion de l’entreprise, la création de site internet, l’achat d’équipement, la présence sur les réseaux sociaux, la mise en place de nouveaux produits, de service ou encore d’application mobile.
Mais le numérique « ce n’est pas que du codage », ajoute Joane Païdi. Cela touche de nombreux domaines. « Le prisme du secteur numérique est extrêmement varié et son application peut être transversale de bien des manières et dans d’innombrables secteurs », souligne-t-elle.
Des témoignages de femmes entrepreneuses ont permis d’étayer le débat. Ceux notamment de Christiane Waneissi et Laurina Fong. Toutes deux ont créé des start-up, pourtant, ce n’était pas du tout leur domaine de prédilection à la base. Aujourd’hui, elles font partie des représentantes de ce secteur en Nouvelle-Calédonie. « Bien loin de nos représentations, le secteur du numérique est un vecteur d’opportunités très large et très porteur ! » informe Joane Païdi.