La province Sud, moteur dans la réduction de la délinquance des mineurs



Le Conseil provincial de prévention de la délinquance (CPPD) s’est réuni ce vendredi matin dans l’hémicycle de la province Sud sous l’autorité de la présidente de l’assemblée de la province Sud, Sonia Backes, du Haut-commissaire de la République Patrice Faure et du procureur de la République Yves Dupas.  L’objectif était de faire le point avec l’ensemble des partenaires sur les actions engagées depuis neuf mois, d’évaluer leurs résultats et d’envisager les actions futures.


En matière de prévention de la délinquance, la province Sud a décidé de s’attaquer à trois axes majeurs a précisé Sonia Backes : « Avec le procureur de la République et le Haut-commissaire, nous travaillons notamment pour améliorer la situation sur la délinquance des mineurs, les violences intrafamiliales et les addictions notamment l’alcool. »

La délinquance est une problématique tellement large qu’une seule collectivité telle que la province Sud ne peut, à elle seule, évidemment pas résoudre. L’objectif du Conseil provincial de prévention de la délinquance est justement de réunir tous les acteurs concernés : l’État, la justice, la province Sud, les communes et les associations qui œuvrent dans la lutte contre la délinquance. « L’action doit être coordonnée et additionnelle » a affirmé Patrice Faure, le Haut-commissaire de la République. « Aujourd’hui, c’est une réunion qui veut apporter la preuve que nous travaillons ensemble au bénéfice de la population. » Il ajoute : « Rien que cette année, c’est un milliard de francs qui a été déversé, dont 46 % financé par l’État pour la problématique délinquance. L’idée du CPPD, c’est de faire un constat à mi-chemin pour voir si l’investissement humain et qualitatif mis en place porte ses fruits. C’est vraiment l’objectif de cette concertation. »

Un premier recul de la délinquance des mineurs

La province Sud a décidé de prendre à bras le corps la question de la délinquance des mineurs en travaillant main dans la main avec le parquet. « La moitié des délits sont commis par des mineurs, c’est pourquoi, nous nous sommes attachés à travailler dès le début de la mandature sur cette question. » C’est le dispositif de contrôle des mineurs en errance dans le cadre d’une convention avec l’État. « Cela consiste au contrôle par les forces de sécurité intérieure, des mineurs qui n’ont rien à faire sur la voie publique entre 22h et 5h du matin ou qui sont alcoolisés pendant la journée », explique le procureur de la République, Yves Dupas. « L’idée est de repérer ces mineurs qui sont en difficulté, qui s’exposent à des conduites à risques et qu’il faut suivre au niveau d’une évaluation familiale et sociale menée par la DPASS Sud, avec la possibilité de déclencher un accompagnement de ces mineurs et de leurs familles. »

Depuis le début du dispositif en mai 2020, 200 jeunes ont été identifiés par les forces de l’ordre et suivis par les services sociaux. « Au départ, cette mesure pouvait emmener à une suspension des allocations familiales en cas d’abandon de l’autorité parentale », explique Sonia Backes. « Il y a une dizaine de suspensions d’allocations familiales, mais le plus efficace, reste le suivi de ces jeunes et de leurs familles. Ce qui permet d’éviter cette suspension et pour les parents, de reprendre leur autorité », ajoute-t-elle.

Pour la présidente de la province Sud, le bilan est positif : « Sur les neuf premiers mois de l’année, on constate qu’au niveau des chiffres sur la délinquance des mineurs, un recul de : moins 10 % d’atteintes aux biens commis par les mineurs, moins 5 % en ce qui concerne les cambriolages, moins 20 % pour les cambriolages, et moins 30 % pour les atteintes à l’intégrité physique commis par les mineurs. »

Une baisse que confirme le procureur de la République : « La délinquance des mineurs représentait dans les années 2018-2019, 25 % du volume total de la délinquance. Nous avons dénombré en 2020 une baisse de ce taux qui tourne autour de 18 %. » Baisse qui doit toutefois être relativisée : « Au plan national, on est plutôt entre 16 % et 17 %. Il y a encore un effort à faire par rapport à cette délinquance juvénile qui est importante en volume général. » Celle-ci se concentre principalement sur « les vols de véhicules, souvent suivis d’incendie volontaire et les cambriolages. » Ainsi que des actes de « petites délinquances » qui contribuent au sentiment d’insécurité.

La fin du marché noir de l’alcool et moins 10 % de violences intrafamiliales

Pour lutter contre l’abus l’alcool, présent dans 80 % d’actes de délinquance en Nouvelle-Calédonie, la province Sud a mis en place depuis l’année dernière, de nouvelles dispositions dans le code des débits de boisson provincial avec l’obligation pour les commerces d’aménager un espace dédié à la vente d’alcool. « Pour lutter contre l’ivresse publique manifeste qui est un véritable fléau en Nouvelle-Calédonie, le système des bottles shops avec l’obligation de présenter une pièce d’identité a été instauré. Ce qui a mis fin aux marchés noirs liés à l’interdiction de vente d’alcool le week-end » explique Sonia Backes.

En parallèle, depuis février 2021, un dispositif destiné aux auteurs de violences a été monté en collaboration avec le Parquet. Ce stage de citoyenneté porté par « Le Relais » de la province Sud, vise à permettre aux auteurs de violences conjugales de réfléchir sur leurs actes, de les mettre face à leurs responsabilités mais aussi d’éviter la récidive. D’autre part, le dispositif d’appartements relais pour les victimes de violences intrafamiliales voté le 17 décembre 2020, permet d’extraire les victimes de leur environnement d’insécurité et de les accompagner en attendant une solution pérenne.

Le futur centre d’accueil de Néméara

Ce projet a été voté à l’unanimité en assemblée le 20 octobre 2021. Il est le fruit de la collaboration entre l’ensemble des acteurs engagés dans la lutte contre la primo-délinquance. « L’idée est de construire ensemble un projet calédonien qui réponde aux problématiques propres au territoire en ce qui concerne les mineurs », explique Sonia Backes. Un projet « élaboré par les coutumiers, la mairie de Bourail et différentes autorités » précise-t-elle. « Ce centre accueillera des jeunes en difficulté qui sont primo-délinquants » souligne le procureur de la République. L’établissement dont l’ouverture est prévue mi-2022, proposera un séjour de rupture avec un programme axé sur la culture, le sport et l’environnement.

 

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