[Exploitation agricole] Un projet innovant de serres soutenu par la province Sud



Philippe Blaise, le premier vice-président de l’assemblée de la province Sud s’est rendu mardi dans l’exploitation de Jean-Christophe et Ingrid Niautou, deux maraîchers installés depuis 2009 à Focola, dans la commune de Farino. Ces professionnels de la culture maraîchère diversifiée se sont lancés dans l’agrinergie, un concept novateur qui combine production agricole et production d’énergie.


À côté des serres classiques dont certaines portent encore les outrages du cyclone Niran, d’autres serres en structures métalliques cette fois, équipées de panneaux photovoltaïques et de tôles en plastiques extrêmement résistantes, capables d’affronter des vents de 280 km/h. Ces serres « nouvelle génération » sont développées par la société française AKUO Energy. Ce concept innovant conjugue sur un même espace production agricole et production d’énergie.

C’est en 2013 que Jean-Christophe Niautou, maraîcher à Farino, découvre ce concept mis en place par la société AKUO Energy, sur l’île de la Réunion et décide de l’importer en Nouvelle-Calédonie. « J’ai contacté AKUO Energy, nous avons monté le dossier pour le transfert du concept des serres solaires anticycloniques. Ces échanges se sont concrétisés par un accord avec la SAS Focola constituée par AKUO Energy et Enercal Energies Nouvelles. De fil en aiguille, le projet a pris forme et les serres sont installées depuis 2019. » Ce qui intéressait surtout le maraîcher à l’origine, c’était l’aspect anticyclonique. « Ces serres permettent de traverser la saison cyclonique. Nous avons pu constater leur résistance cette année lors du passage de Niran. Le lendemain du cyclone, les serres classiques ont été endommagées et les productions abîmées, tandis que les serres anticycloniques ont tenu le coup et nous avons pu continuer de produire. »

Un projet pilote

Philippe Blaise a manifesté un vif intérêt pour ces serres innovantes et les bénéfices qu’elles offrent à l’exploitant. « C’est un projet original soutenu par la province Sud aussi bien au niveau du financement pour l’installation des serres solaires anticycloniques, que de l’aide à l’investissement et à la création d’emploi pour le développement de cette exploitation agricole », souligne le premier vice-président. Il ajoute : « Cette visite est l’occasion de prendre conscience des réalités du monde agricole, de discuter des projets qui tiennent à cœur des professionnels de l’agriculture. C’est en les écoutant et en comprenant leurs difficultés que nous pourrons être au plus près de leurs besoins et les aider efficacement. »

Ces serres qui font la fierté des époux Niautou « permettent de faire d’une pierre deux coups, car grâce aux panneaux photovoltaïques, on produit de l’énergie qu’on réinjecte dans le réseau d’Enercal. En même temps, à l’intérieur des serres, on produit de l’agriculture pour la couverture alimentaire du pays. » Actuellement, il s’agit d’un projet pilote, car « c’est la seule exploitation maraîchère en Nouvelle-Calédonie et de la zone Asie-Pacifique à disposer de cette technologie. »

S’étendant sur 22 000 mètres carrés, les serres solaires anticycloniques de Focola ont coûté 7 millions d’euros (soit un peu plus de 830 millions de francs CFP) financés par SAS Focola sur fonds propres et aussi avec des soutiens financiers. Sur ce montant global, la Province a accordé une subvention de 50 millions de francs CFP.

Les fraisiers de l’exploitation Focola

Les serres produisent 1,7 mégawatt par an. « Cela représente l’alimentation en électricité pour environ 800 foyers de brousse », précise Jean-Christophe Niautou. Une petite partie de l’énergie produite est partiellement utilisée pour l’exploitation agricole, le reste est réinjecté dans le réseau d’Enercal qui le redistribue.

Depuis 2013, l’exploitation est certifiée agriculture responsable par le réseau REPAIR. Avec l’installation des nouvelles serres, elle est en phase de croissance et produit en moyenne cent tonnes de fruits et légumes par an : salades, tomates, courgettes, concombres, aubergines, choux de Chine et depuis peu œufs et bananes. Mais le fruit star qui fait la fierté des époux Niautou, c’est la fraise de Farino : juteuse, sucrée avec une pointe d’acidité, ferme et esthétiquement irréprochable, elle est vendue principalement aux pâtissiers.

La banane, le dernier fruit cultivé sous les serres solaires anticycloniques

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