Une main tendue pour secourir les sans-abris



Pour les sans domicile fixe, l’exclusion commence dans le regard des autres. Cette peine s’ajoute à celle plus profonde qui résulte d’accidents de la vie. Depuis de nombreuses années, l’association L’Accueil offre aux sans-abris un regard, une écoute, et les aide à retrouver une autonomie. Avec le soutien de la province Sud, l’association gère trois établissements à Nouméa et redonne de la dignité à ces personnes.


« On n’a pas le droit de laisser les gens sur le bord de la route sous prétexte qu’à un moment donné, ça ne va pas dans leur vie », assène Aurélien Lamboley, le directeur de l’Accueil. Les raisons qui amènent ces personnes à franchir les portes de l’association sont multiples, mais le dénominateur commun est selon lui « la rupture avec la famille au sens large ». Quand cette dernière ne peut pas être un refuge à la détresse personnelle, sociale et/ou économique, c’est là qu’intervient L’Accueil.

Située dans le complexe de Doniambo depuis 2017, l’association est installée dans les locaux de Macadam, le centre d’accueil de jour pour les sans domicile fixe. Cette structure est l’un des trois établissements gérés par L’Accueil avec deux autres foyers d’hébergement : Cécile Péronnet pour les hommes, et les Massanes pour les femmes.

Dans le cadre de sa politique sociale en faveur des plus démunis, la province Sud octroie cette année à l’organisme, une subvention de 82 millions de francs pour le fonctionnement de ses trois établissements avec ses 20 salariés et la gestion des « Jardins de la solidarité ». Une aide pour laquelle le directeur est reconnaissant : « Je remercier la collectivité pour le soutien financier et technique qu’elle nous apporte chaque année avec le versement de cette subvention et le travail avec ses collaborateurs. »

Aurélien Lamboley, directeur de l’association L’Accueil.

Une mission humanitaire et d’insertion sociale

Depuis 2012, l’association s’attache à redonner de la dignité aux personnes qui l’ont perdue. « On a trop souvent tendance à oublier cette dimension », regrette Aurélien Lamboley.  Et cela commence par un regard sans jugement et une écoute bienveillante. Le second volet consiste à favoriser l’insertion sociale.

 « Quand une personne arrive à l’Accueil, nous faisons une évaluation sociale pour connaître ses besoins. En fonction de la situation, soit nous l’orientons vers un partenaire associatif ou institutionnel, soit nous la prenons en charge dans notre structure. Nous entamons ensuite un accompagnement social qui peut amener vers une autonomie, qu’elle soit sociale, professionnelle ou par le logement », explique Aurélien Lamboley. Chaque personne a des besoins différents car « chaque situation est singulière ».

« Un peu de pain et de chaleur… »

Dans un premier temps, le plus urgent est de répondre « aux besoins primaires ». « Macadam offre du lundi au vendredi environ 60 repas par jour qui sont fournis par notre prestataire. Le week-end, c’est du snacking. »

En parallèle, chaque matin, un membre de l’association fait des maraudes et distribue les invendus de la veille récupérés auprès des enseignes telles que L’Atelier Gourmand mais aussi la banque alimentaire. « Nous donnons entre 40 et 60 repas dans les rues de Nouméa du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 11 h 30. »

L’association se déplace hors de Nouméa lorsqu’il y a des signalements. « Nous allons aussi au-devant des personnes en extérieur et adaptons nos prestations à leurs besoins. Selon les problématiques, nous les amenons vers des structures médicales, ou des foyers comme Béthanie et les Manguiers pour les personnes victimes de violences. »

La porte de Macadam, est toujours grande ouverte pour toute personne qui s’y présente. Il existe cependant une condition pour y entrer : la sobriété. « Nous avons une tolérance zéro par rapport à la consommation d’alcool. À l’entrée, on fait souffler chaque personne dans l’éthylotest. »  Macadam tient à être un espace de quiétude et de sécurité pour tous.

L’accompagnement vers l’autonomie

L’année dernière, environ 500 personnes ont bénéficié d’un suivi individualisé à L’Accueil. « Le premier besoin c’est de manger, le deuxième, ouvrir des droits sociaux, puis de trouver un emploi, et en enfin avoir un logement », explique de directeur de L’Accueil.

En dehors du suivi individuel, L’Accueil propose aussi des ateliers.  « Il s’agit d’ateliers de CV ou d’ateliers occupationnels qui permettent de rompre l’isolement. »

Sans oublier les chantiers d’insertion « Les jardins de la Solidarité » situés aux Manguiers et dans les foyers Cécile Péronnet et Les Massanes. Le travail de la terre permet la reprise progressive d’une activité et de retrouver la confiance en soi.

En moyenne, 8 à 15 personnes par an sont relogées soit dans le parc privé ou social via les aides et dispositifs mis en place par la Province. « Nous essayons de privilégier le retour en famille quand cela est possible. L’année dernière, 63 personnes suivies par L’Accueil s’en sont sorties de manière positive. »

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