Philippe Blaise, le premier vice-président de l’assemblée de la province Sud a visité ce jeudi, Ecopavement, un bel exemple d’entreprise alliant à la fois développement économique, innovation et recyclage. Après la mise en fonction de l’usine pilote, Ecopavement passe cette année à la phase industrielle, avec pour ambition d’augmenter sa production et de diversifier sa gamme de produits.
Fin 2020, Valérie Tini et sa fille Frédérique ont repris les rênes de l’entreprise Ecopavement qui était alors cogérée par Paul Ligeard. Soutenu par l’incubateur d’entreprises de l’ADECAL Technopole, Ecopavement avait développé un procédé innovant de fabrication de dalles à partir des déchets plastiques et de scorie granulée. La société avait reçu un premier apport financier de la province Sud et de l’ADEME pour développer une unité pilote et lui permettre d’exploiter son procédé.
Accompagné de Christiane Saridjan-Verger, membre de la commission de l’Environnement, Philippe Blaise a rencontré les gérantes d’Ecopavement dans leurs nouveaux locaux, à Ducos. « C’est une entreprise que nous avons visitée, en 2019 lorsqu’elle était installée à La Coulée. Le procédé était alors en phase expérimentale. Aujourd’hui, la société a été reprise par deux professionnelles du secteur du recyclage. À présent, l’entreprise passe au stade d’exploitation industrielle. Elle reçoit des commandes significatives. Nous sommes contents de constater que le produit a trouvé son marché », a-t-il souligné.
Pour Valérie Tini, le rachat de l’entreprise et de sa technologie prend tout son sens au regard de son activité. « Cela fait 16 ans que je suis gérante de la société Ecotrans spécialisée dans la collecte et recyclage des déchets. Ecotrans fournissait des déchets plastiques pour l’usine pilote d’Ecopavement. Paul Ligeard voulait surtout développer le concept pilote, mais pas la partie industrialisation. Aussi, quand il a voulu chercher un repreneur, il a tout naturellement pensé à Ecotrans. C’était dans la continuité de ce que nous faisions déjà. »
Il y a encore quatre ans, Ecotrans exportait ses déchets plastiques en Australie pour y être recyclés. La reprise en main d’Ecopavement représentait pour Valérie et Frédérique Tini une belle opportunité pour développer au niveau local, une filière de transformation.
Amélioration du procédé initial
Mère et fille améliorent la formule de départ en remplaçant la scorie par le verre. Valérie Tini explique : « Paul Ligeard faisait les dalles avec des déchets issus du plastique, mélangés à de la scorie. Nous lui avions soumis l’idée qu’on pouvait remplacer la scorie par le verre. »
Elle soutient que cela rend le pavement plus solide. « Notre dalle est plus résistante, car le verre a un effet de chauffe beaucoup moins important que les dalles faites avec la scorie. De plus, le produit fini est plus joli visuellement, car il a un effet brillant au soleil. »
En résumé, Ecotrans fournit les déchets plastiques et ceux issus du verre à Ecopavement qui fabrique des revêtements de sol carrossables. Et ceux-ci sont recyclables à l’infini. Ainsi, la boucle est bouclée ! Ecopavement a été lauréat des Trophées de l’entreprise 2019 de la CCI-NC, dans la catégorie Économie circulaire et environnement. L’entreprise est un exemple éclatant dans le domaine, puisqu’elle réutilise les déchets en les valorisant, limitant ainsi le gaspillage et l’impact environnemental.
Commercialisée à 960 F l’unité, la dalle Ecopavement trouve son utilisation principalement dans les revêtements de sols extérieurs, comme les terrasses, les revêtements autour des piscines, les chemins d’accès, etc.
« Nous allons procéder par étapes, mais le but, c’est de développer nos produits, aussi bien pour l’extérieur que l’intérieur, comme des matériaux de décoration pour la maison », déclare la cogérante.
Montée en puissance à venir
Ecopavement vise une production de 1 000 dalles par jour. Pour réaliser son ambition, l’entreprise a reçu une aide financière du Comité de gestion Ademe/province Sud, de 10 509 000 F. « Ce montant sert d’apport auprès de la banque pour commander de nouvelles machines », assure Valérie Tini.
Cette montée en puissance va de pair avec une augmentation d’effectif à venir, la cogérante l’envisage déjà. « Nous avons actuellement deux employés, mais nous passerons à 6 pour atteindre la cadence de production souhaitée », précise-t-elle.
Pour l’heure, l’entreprise se concentre sur sa première grande commande à honorer pour mai 2021 : 8 400 dalles pour le nouveau complexe cinéma MK2 de Dumbéa.
« La province Sud dispose d’outils d’aide pour les entreprises innovantes »
La visite de terrain permet à Philippe Blaise de prendre la température des entreprises innovantes et de réajuster le soutien de la collectivité aux réels besoins. « La Province a beaucoup d’outils d’aide pour les porteurs de projets d’économie circulaire. Que cela soit dans le cadre des appels à projets en partenariat avec l’ADEME ou le Code des Aides pour le Soutien de l’Économie (CASE). »
Le premier vice-président a dévoilé à cette occasion que d’autres dispositifs provinciaux de soutiens aux entreprises sont en projet. « Nous présenterons dans une prochaine assemblée de province, notre stratégie en faveur de ce que nous nommons « les talents calédoniens ». Dans laquelle, il y aura un volet pour héberger à Promosud, les start-up locales. Seront concernés par ce dispositif, les projets innovants issus de l’incubateur de l’ADECAL. Ainsi, nous disposons de leviers pour accompagner les entreprises de la conception à la réalisation, jusqu’à la montée en puissance ! »