Depuis deux ans, AEL, un laboratoire calédonien commercialise et exporte un automate pour la surveillance de la qualité de l’eau. Baptisé THOË, ce dispositif breveté et unique au monde a reçu un coup de pouce de la province Sud. Philippe Blaise, le 1er vice-président de la collectivité, accompagné de deux élus provinciaux Christiane Saridjan-Verger et Lionel Paagalua, a visité mercredi 17 février, le laboratoire AEL, au pôle Innovation de l’IRD.
Spécialisé depuis plus de 10 ans dans l’analyse et l’expertise environnementale, le laboratoire AEL (Analytical Environmental Laboratory) a développé, THOË, un échantillonneur immergeable automatique et autonome breveté pour l’analyse des métaux dissous et des composés organiques dans les eaux de mer et les eaux douces.
L’une de ses missions consiste à faire du suivi environnemental pour les industriels et les collectivités dont la province Sud. « Nous étudions le milieu marin en particulier pour le compte de collectivités ou d’entreprises privées. Nous interprétons les données que nous collectons », explique Jean-Michel Fernandez, le directeur d’AEL. Des missions qui répondent aux préoccupations cruciales pour l’avenir de la planète.
Des mesures jusqu’à 3000 mètres de profondeur
Fruit d’une collaboration scientifique, l’aventure THOË démarre en 2016. La même année, le laboratoire intègre le pôle innovation de l’IRD, afin de sécuriser la finalisation du développement et la mise sur le marché de son dispositif innovant. « Au début, nous avons développé cet appareillage pour les besoins de la Nouvelle-Calédonie par rapport aux effluents industriels, précise-t-il.
La particularité de THOË est qu’il permet une surveillance des masses d’eau profondes océaniques. L’appareillage a une autonomie d’un an et peut être immergé jusqu’à 3 000 mètres de profondeur. L’échantillonneur peut effectuer 12 mesures.
Le projet a coûté au total 40 millions de francs d’investissement dont 32 millions financés sur fonds propres. La province Sud a accordé 5 millions pour le financement de prototypes semi-industrialisés et le coût du dépôt de brevet, ainsi que 3 millions pour une étude de marché à l’international.
« C’est typiquement le genre de projet qui nous intéresse aujourd’hui et que nous cherchons à intégrer dans la stratégie de développement de la Nouvelle-Calédonie, a réagi Philippe Blaise après la présentation de THOË. La recherche-développement permet de toucher le marché international et de faire rayonner l’innovation locale avec des perspectives économiques qui dépassent le territoire » a-t-il ajouté.
Ce coup de pouce de la province Sud est arrivé à point nommé pour Jean-Michel Fernandez : « Le laboratoire travaille tout seul dans son coin. Développer un appareil, c’est très cher parce qu’il faut investir. Pour une petite structure, il arrive un moment où nous sommes limités et sans l’aide de la Province, nous n’aurions pas pu finaliser ce projet. C’était une bouffée d’oxygène inespérée ! »
Les « petits frères » de THOË en cours de développement
18 unités THOË ont été vendues entre 2019 et 2020, principalement à des instituts de recherche (en Bolivie, Pérou, Chine, Finlande, France et bien sûr Nouvelle-Calédonie). Le coût d’un appareil est de 1,8 million de francs.
Le laboratoire projette de lancer les petits frères de THOË et travaille actuellement sur deux autres projets : THOË-lite un dispositif de surveillance et de suivi des eaux douces continentales (rivières, lacs) qui descend à 100 mètres de profondeur, et RéMORAS, une sentinelle mobile qui permet la surveillance de la qualité géochimique des eaux de mer de surface à l’échelle de l’océan mondiale (exemple Parc de la mer de Corail, champs pétroliers, etc.) avec une immersion jusqu’à 50 mètres de profondeur.
« Notre objectif est d’arriver sur le marché avec THOË-lite d’ici un an et RéMORAS, la version mobile dans trois ans et d’avoir une rentabilité d’ici cinq ans », projette Jean-Michel Fernandez.
Pour réaliser son ambition, le laboratoire AEL fait un appel de fonds supplémentaires de 32 millions de francs. « C’est très gratifiant pour nous d’avoir la présence d’élus de la province Sud parce que c’est une reconnaissance de notre travail. Aujourd’hui, nous souhaitons développer notre marché, faire grandir notre laboratoire et nos produits, et pour cela, nous cherchons des investisseurs. »
Cette volonté a bien été entendue par le premier vice-président : « La stratégie de la province Sud est de s’orienter vers les start-up et le développement à l’international. Nous allons voir comment nous pouvons intervenir pour vous accompagner. Mon souhait, c’est que Promosud* développe une activité spécifique pour l’innovation et dans ce cadre-là, nous nous pourrons vous aider. »
* Promosud : société de financement et de développement de la province Sud
>>> Code des aides pour le soutien de l’économie en province Sud