Dix ans après la disparition de Jacques Lafleur, son héritage politique demeure et son message de paix, en ces temps mouvementés, plus présent que jamais.
Vendredi 4 décembre, date d’anniversaire de sa disparition, Sonia Backes, en compagnie d’Isabelle et Pascal Lafleur, et de leurs familles, ainsi que de nombreux amis et personnalités, a rendu un hommage à l’homme politique dans toutes ses dimensions, mais aussi, à celui qui a été premier président de l’assemblée de la province Sud.
Le 4 décembre 2010, Jacques Lafleur tirait sa révérence à l’âge de 78 ans. L’histoire retient de l’ancien député, une personnalité forte et charismatique qui a œuvré près de trente ans pour la paix en Nouvelle-Calédonie.
« Il y a dix ans, la Nouvelle-Calédonie perdait l’un de ses plus grands fils », a débuté Sonia Backes, la présidente de l’assemblée de la province Sud, vendredi soir à l’Hôtel de la province, dans son discours, devant l’assistance nombreuse, venue témoigner son affection et son amitié à l’ancien député.
« Lorsqu’il s’est agi de faire face au péril du séparatisme et de l’indépendance qui menaçait la Nouvelle-Calédonie, un homme s’est levé. C’était Jacques Lafleur dont nous commémorons aujourd’hui, 4 décembre, le 10e anniversaire de la disparition » a-t-elle poursuivi.
Son mot d’ordre résonne encore : « Se rassembler sur l’essentiel »
Sonia Backes a salué l’héritage de Jacques Lafleur et son message qui demeurent présents dans le cœur des Calédoniens. « Il a réussi à réunir ce qui était épars et fait d’un mot d’ordre sa philosophie politique « se rassembler sur l’essentiel » et pour lui l’essentiel, c’était la Nouvelle-Calédonie. » Une devise qui résonne ces jours-ci comme une mise en garde. « Aujourd’hui encore, et plus que jamais, alors que l’avenir redevient incertain et que les nuages s’accumulent, il nous faut retrouver cette valeur fondamentale sur laquelle Jacques Lafleur a bâti toute son action : nous unir. »
Elle a également honoré « l’homme de l’union, de la résistance aux idéologies, à la violence, aux ultimatums. » À celui qui a su résister « aux provocations, aux préalables, aux intimidations. Résister pour que jamais une communauté ne prenne le pas sur les autres. Résister pour que nos valeurs et nos idées, jamais ne s’éteignent »
Sans oublier le visionnaire, le stratège politique. « Ce qui a sauvé ce pays, c’est qu’au moment où tout vacillait, un homme sut donner un cap et faire partager sa vision de l’avenir. » Et bien sûr l’humaniste. « Il faut garder en mémoire lorsque l’on évoque le souvenir de Jacques Lafleur : son humanité. »
Autre temps, autres mœurs, mais « Pour autant, je crois qu’il faut méditer, encore et toujours, sur ce que nous a laissés Jacques Lafleur pour faire fructifier cet héritage. »
Sonia Backes n’a pas manqué en ce jour d’anniversaire d’avoir un mot pour Pascal et Isabelle, les deux enfants de Jacques Lafleur. En particulier pour Isabelle Lafleur qui l’accompagne depuis le début de sa carrière politique.
Un homme politique, mais aussi un père et un ami
Très émue, Isabelle sa fille s’est exprimée sur le père qu’était Jacques Lafleur. « C’était un père extraordinaire, je ne vais pas vous le cacher », s’est-elle exclamée. Il était très famille. Il aimait avoir toute sa tribu autour de lui. Et je suis fière que ce soir nous soyons tous réunis. »
Un père qui savait être juste. « C’est vrai qu’il était autoritaire en politique, mais il l’était aussi avec nous, avoue-t-elle. Il nous a pratiquement tout appris. Et si l’on est là aujourd’hui avec ce courage, c’est parce qu’il nous a toujours portés, mais aussi apportés tout ce dont nous devions savoir dans la vie. »
Bien sûr, tout n’a pas toujours été rose, et Isabelle a vécu de l’intérieur les angoisses d’un père très engagé. « On parle souvent de cette poignée de main, mais il faut savoir qu’avant d’en arriver là, ça a été très dur. Nous étions là, à côté de lui quand il avait de grosses responsabilités qui lui pesaient sur les épaules. Il n’y a que nous, sa famille, qui pouvions ressentir et voir à quel point, c’était difficile pour lui de prendre certaines décisions. Cela lui a valu de vivre avec des gardes du corps pendant un an ou deux. Certains d’entre eux sont là ce soir. Ils sont devenus les membres de notre famille. »
Gérard Salaün était l’un de ces hommes. Ancien chauffeur et chef de la sécurité de l’ancien député, il a fondé en mai dernier l’association Mémoire de Jacques Lafleur. « Nous sommes plusieurs à nous regrouper pour faire vivre sa mémoire et rendre hommage à celui qui a su comme il aimait à le dire : regarder plus loin que le Phare Amédée. »
La mémoire de Jacques Lafleur toujours vivace à la province Sud
Aujourd’hui, sa mémoire est intrinsèquement liée à celle de la province Sud dont il a occupé le poste de président de l’assemblée pendant 15 ans de 1989 à 2004. « L’image de Jacques Lafleur est toujours présente à la province Sud, car c’est lui qui a construit l’hôtel de la province », précise Sonia Backes. Pour ma part, je suis accompagnée depuis des années dans mon parcours politique par Isabelle Lafleur qui me transmet ses valeurs qui sont celles de son père. Dans la période où nous vivons actuellement et dans le dialogue qu’il faut construire avec nos partenaires politiques, j’ai toujours en tête ce que Jacques Lafleur nous a transmis. »