Comment attirer les talents mais aussi éviter leur fuite vers l’extérieur ? C’est le défi que se lance la nouvelle association « Talents Calédoniens » pilotée par la Chambre de Commerce et d’Industrie. Cette initiative s’insère complètement dans le dispositif voté récemment en assemblée de Province et s’adresse aux jeunes Calédoniens diplômés d’un bac+5, pour les aider à revenir travailler sur le Caillou. Un moyen de sortir le pays de la crise économique par le haut et de manière différente.
Le dernier recensement a révélé que le solde migratoire de la Nouvelle-Calédonie est négatif, il y a désormais plus de départs que d’arrivées (- 9 900 personnes en 5 ans)*. « Notre plus grande richesse, c’est notre jeunesse. Chaque année, des centaines de jeunes partent faire de brillantes études à l’extérieur » souligne Philippe Blaise, le deuxième vice-président de l’assemblée de la province Sud. Or, tous ne reviennent pas. Ils restent en métropole ou à l’étranger par choix professionnel ou de vie. Ainsi, la Nouvelle-Calédonie se retrouve privée de ses nombreux « talents ».
Ce constat est partagé par un groupe de réflexion piloté par la Chambre de Commerce et d’Industrie et composé de chefs d’entreprise, de syndicats professionnels, de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, des 2 associations Cadre Avenir et Femmes chefs d’entreprise.
En début d’année, ce groupe s’est constitué en association « Talents Calédoniens » présidé par Pierre Kolb. « Les talents sont des atouts stratégiques pour un pays, car ils vont créer des entreprises et par conséquent de l’emploi. De plus, ils vont également intervenir sur les entreprises existantes avec leurs savoir-faire. Notre démarche au sein de Talents Calédoniens a une visée à la fois économique et sociale. »
« Ce qu’on entend par « Talents Calédoniens », ce sont toutes les personnes qui peuvent apporter de la valeur ajoutée en priorité sur les secteurs où le territoire a besoin. Cela regroupe un éventail très large de personnes. Ce sont bien sûr nos enfants, mais pas seulement. Certes, il y a déjà des talents en Calédonie, on ne dit pas le contraire, mais plus il y en a, mieux ça sera ! », relève-t-il.
Cécilia Lacube, directrice du développement à la CCI, ajoute : « Nous utilisons dans notre communication le terme de (re)venir. Cela ouvre la porte aux personnes qui ont un projet de vie à long terme et ont envie d’investir en Nouvelle-Calédonie.»
La Calédonie vous veut !
Cependant, l’association « Talents Calédoniens » se défend d’être des chasseurs de tête ou une agence de recrutement. « On n’a pas les moyens et on n’est pas structuré pour ça », précise Pierre Kolb. « Notre plan d’actions se compose d’un axe opérationnel, à court terme et un axe stratégique à plus long terme. »
L’axe opérationnel consiste en la création d’une communauté digitale rassemblant des entreprises locales et organismes et des « talents » potentiels. « Aujourd’hui, les réseaux sociaux fonctionnent bien, c’est pourquoi, nous nous appuyons sur ces outils pour notre communication. Nous avons créé une page Facebook et un groupe Facebook, une page Likedin et prochainement, on lancera une chaîne Youtube. L’idée est de créer une dynamique. Notre rôle sera d’orienter et répondre aux questions des internautes, avec pour commencer la mise en place d’une FAQ. L’objectif est vraiment de faire comprendre que la Calédonie vous désire ! »
Et pour cela, l’objectif est de développer l’attractivité de la Nouvelle-Calédonie. « Notre communication est basée sur la séduction, mais à l’échelle humaine. On ne va pas miser sur la beauté des paysages, mais plus sur le côté opérationnel en mettant en avant des parcours de chefs d’entreprise, des exemples de personnes qui s’épanouissent en conciliant vie professionnelle et vie personnelle », souligne Cécilia Lacube.
La qualité de vie exceptionnelle est un atout indéniable. Cependant, « on doit montrer également qu’il y a ici de vrais projets qui peuvent intéresser les talents » ajoute Pierre Kolb.
Récemment, l’association a lancé une enquête sur les réseaux sociaux à destination des talents (locaux ou internationaux et des entreprises) pour connaître ce qui est perçu comme freins et atouts de la Nouvelle-Calédonie. Le résultat va permettre de rassurer et de démonter certains freins « sans pour autant raconter d’histoire » insiste le président de l’association.
La province Sud partenaire de ce projet
Le second axe plus stratégique consistera à réfléchir sur les freins structurels liés notamment à l’installation en Nouvelle-Calédonie ou aux problèmes d’emploi. « Pour cela, nous travaillons vraiment en synergie avec la province Sud. Nous pouvons nous appuyer sur les dispositifs comme le Bureau des investisseurs ou encore les aides à l’investissement et l’aide à l’emploi en faveur des jeunes diplômés Calédoniens».
La Nouvelle-Calédonie n’est pas seule, c’est le message que l’association souhaite véhiculer. L’économie calédonienne a besoin d’apport de sang neuf. « Il faut que la Calédonie existe sur l’échiquier mondial en termes d’attractivité pour pouvoir sortir de la crise par le haut et de manière différente », avise Pierre Kolb.
*Source ISEE
Les aides provinciales en faveur des jeunes diplômés calédoniens
> Aide à la première embauche à l’emploi <
> Aides à l’investissement plafonnée à 5 millions de francs <