Scal’Air : de la surveillance à la prévision de la qualité de l’air



Créée sous l’impulsion de la province Sud et de la ville de Nouméa, l’association Scal’Air est une structure dont le rôle est aujourd’hui plus que jamais primordial. Au-delà de la préoccupation environnementale, il s’agit avant tout d’une question de santé publique. Et aujourd’hui, son ambition est d’aller encore plus loin en faisant de la prévision à court terme.


Mesurer, surveiller et informer sont les missions de Scal’Air. Depuis fin 2004 l’association répond à une préoccupation bien compréhensible de la population. Préoccupation qui est partagée par la province Sud et la mairie de Nouméa sur la qualité de l’air que nous respirons. La problématique est d’autant plus fondée en raison de la présence en plein Nouméa de l’usine métallurgique. « L’objectif au départ était d’avoir des données sur la qualité de l’air autour de Nouméa », explique Alexandra Malaval-Cheval, la directrice de Scal’Air. On mesure différents types de polluants et on les surveille par rapport à des seuils réglementaires dans le cadre notamment du suivi des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE). Puis on informe la population et les autorités compétentes afin que des mesures soient prises pour diminuer les émissions générées par différentes activités ». 

La pollution de l’air en dessous des niveaux réglementaires

Scal’Air dispose de 56 analyseurs, c’est-à-dire des appareils de mesure installés sur deux zones géographiques : à Nouméa et autour de l’usine de Vale NC. Ces analyseurs jaugent en continu la qualité de l’air et les transmettent à l’association en temps réel. « A cela, s’ajoute un laboratoire mobile qui permet de réaliser des campagnes de mesures spécifiques à des endroits déterminés comme par exemple le long de la route de la Baie des Dames, à Ducos ou le long de la VDO. On y laisse le laboratoire mobile pendant 3 à 6 mois, le temps de recueillir les données de cette zone », précise Philippe Escoffier, chargé d’études et de communication.

En termes de pollution, « Il faut distinguer deux éléments : les gaz qui sont des composés chimiques et les particules de poussières. Sachant que plus celles-ci sont fines, plus elles sont dangereuses, car elles pénètrent plus facilement dans les voies respiratoires. »

Ces polluants sont principalement le dioxyde de soufre et le nickel. Concernant le niveau de pollution de l’air, sur l’ensemble de la province Sud, Philippe Escoffier rassure : « Au total, nous respectons les niveaux réglementaires, sauf pour le nickel. Quant à la problématique poussière à Nouméa, ses seuils sur l’année sont plutôt bons, mais restent toutefois significatifs. Ainsi, les concentrations de poussières vont de 15 à 20 microgrammes par mètre cube sur l’année. En revanche, les valeurs du dioxyde de soufre sont très basses en moyenne. » 

Sensibilisation et information auprès du public scolaire.

Pourtant la poussière de nickel toujours présente

À Nouméa et dans l’ensemble de l’agglomération, « les poussières sont d’abord le fait de l’activité de l’industriel qui est le plus gros émetteur de poussière à cela s’ajoute le trafic routier. Nous avons plus de 50 000 véhicules à l’entrée de Nouméa par jour. » 

À cela s’ajoute le fait que le nickel contenu dans ces poussières dépasse régulièrement le niveau réglementaire sur différents sites avec des pics de pollution dans les quartiers à proximité de l’usine : Vallée du tir, Montravel et Logicoop. Une situation qui est générée par les conditions de vent qui peuvent être défavorables à leurs dispersions. « En saison fraîche, les vents sont un peu moins forts, les régimes d’alizé sont un peu moins présents, c’est à ce moment-là que les vents de secteur ouest à nord rabattent les polluants sur la ville », souligne Philippe Escoffier.

Dans ce cas, l’industriel informé en temps réel du pic de pollution, est tenu par une décision de la province Sud via l’ICPE, d’utiliser un fioul à basse teneur en soufre. « La DIMENC pour le compte de la province Sud est chargée de vérifier que l’industriel applique la réglementation en vigueur. Il doit par ailleurs justifier sur ce qu’il a mis en œuvre pour éviter que l’épisode de pollution dure longtemps », explique Alexandra Malaval-Cheval.

Vers la prévision des épisodes de pollution

Mais Scal’Air veut aller plus loin et faire de la prévision. « C’est un objectif de longue haleine », souligne Alexandra Malaval-Cheval. Le but : sortir des données fiables avec toutefois une marge d’erreur. Nous avons investi dans des logiciels notamment un modèle de modélisation. Ce qui nous manque aujourd’hui, c’est la mise à jour de données d’entrée sur l’inventaire des émissions. Le dernier inventaire réalisé par le gouvernement date de 2010. » Et cet outil de prévision de la qualité de l’air à un ou deux jours, sera opérationnel, si tout se passe bien, dès l’année prochaine.

Ce support pourrait s’avérer très utile pour la prise de décision de projet d’aménagement du territoire et les choix d’implantation d’industrie. Cette mission tient à cœur à Scal’Air. « L’outil de modélisation de la qualité de l’air permet de faire de la scénarisation et de la prédiction. Par exemple : si l’on installe un industriel à tel endroit avec telle quantité de polluant, que va-t-il se passer ? » ajoute Philippe Escoffier.

En tant qu’expert de la qualité de l’air, Scal’Air est consulté au sein du Comité de l’environnement de la province Sud et lors de mise en place d’arrêté provincial. De plus en plus de particuliers et d’entreprises la contactent également dans le cadre d’études. L’importance de cette structure pour notre collectivité et l’intérêt général en matière de santé publique justifie largement qu’elle est aidée par la province Sud à hauteur de 4,1 millions de francs.

« Nous sommes un des indicateurs sur la caractérisation d’un milieu, souligne Alexandra Malaval-Cheval. On ne peut pas s’empêcherde respirer, l’air est un vecteur de santé. Notre mission a surtout un intérêt de santé publique. Tous les seuils réglementaires de la qualité de l’air sont des seuils de santé. Si on les dépasse, cela signifie que cela a un impact sur la santé des personnes. » 

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