Une appli locale contre le gaspillage alimentaire !



One Shot, c’est le nom de l’agence de communication et développement créée par Pierre Henaff, avant d’être rejoint par Nolann Charles il y a 3 ans. Les deux Calédoniens, plus connus aujourd’hui pour avoir créé l’application « 911 » qui est une sorte d’annuaire permettant de localiser un médecin, une pharmacie ou un centre médical près de chez soi, sont actuellement dans l’élaboration d’une nouvelle application, Foodbank, qui permettra de réduire, à terme, le gaspillage alimentaire. Cette dernière a d’ailleurs remporté le prix Total des Startupper de l’année, et bénéficie également de subventions provinciales. Néanmoins, lorsqu’on s’intéresse de près à leur petite entreprise, on constate que ces deux jeunes businessmen ont des idées plein la tête, tout en s’inscrivant dans une logique très précise : l’utilisation du numérique est la clé pour répondre à de nombreuses exigences et besoins du marché.


Deux personnalités complémentaires

Pierre est développeur, c’est-à-dire qu’il s’occupe de tout ce qui est technique : c’est lui qui pense et développe l’architecture d’une solution. Nolann, quant à lui, s’occupe de l’aspect ingénierie commerciale : il analyse et découpe la chaîne de valeur, construit le business model de la solution mise en place par Pierre, et développe la stratégie commerciale pour pouvoir vendre l’application.

À deux, mais également aidés par Léa, leur jeune stagiaire, ils conçoivent des solutions innovantes afin de soulager les entreprises ou aiguiller un particulier.

Ouverte sur l’innovation, le but initial de leur entreprise est de faire de l’applicatif mobile, des sites internet, des interfaces ou des applications métier.
« Nous travaillons avec une bonne base de clients, mais le but est aussi pour nous de faire nos propres projets » précise Nolann Charles.

D’ailleurs, des projets, il y en a.
En effet, à partir de One Shot, Nolann et Pierre ont créé plusieurs startup dont les visées sont variées :

1 :  Immersive, ou comment intégrer de la réalité virtuelle dans l’immobilier et la formation professionnelle.
L’idée d’avoir créé immersive part d’un constat simple : dans le cadre d’un achat immobilier, lorsque je lis un plan, je n’arrive pas à me projeter dans ce bien. Ainsi, après avoir travaillé aux côtés d’architectes ou de promoteurs immobiliers, Pierre et Nolann ont eu l’idée de modéliser un appartement en 3D, en y ajoutant les matériaux (parquet, couleurs sur les murs, etc.) : ainsi, le futur acquéreur, avec un casque de réalité virtuelle, a la possibilité de se balader dans un appartement ou une maison de pièce en pièce et avoir une véritable idée des volumes.

Ce projet ne s’arrête pas à l’immobilier. Les entrepreneurs dirigent également le concept de réalité virtuelle vers la formation, plus précisément, des scénarios de formation.

« Par exemple, concernant une formation de gestion des incendies : on mettrait l’instructeur dans une salle en mettant en place une situation catastrophe réelle : du feu partout, une forêt, etc., et ceux qui suivent la formation auraient un casque de réalité virtuelle ! » imagine Nolann.

2 : Yugo, ou comment optimiser un parc de véhicules pour professionnels et particuliers.
Le but de cette nouvelle startup est d’optimiser les parcs de véhicules pour les institutions, faire de « l’auto partage ».
L’idée, c’est que dans une entreprise ou une institution, il y a des véhicules de fonction et de service.
Selon Nolann, « Nous, ce que l’on souhaite, c’est d’abolir la manière traditionnelle de fonctionner avec ces voitures. On a donc mis en place une interface de réservation qui permet de fluidifier les réservations de véhicules. Dans ce système, il n’y a plus d’échange de clé : tu ouvres ta voiture avec ton badge ou ton smartphone. Et tout est tracé dans l’application dédiée : tu réserves le véhicule, et automatiquement, ça envoie une information sur ton badge ou ton smartphone, puis tu peux ouvrir ta voiture uniquement sur le créneau horaire que tu as réservé ».

« On s’est aussi rendu compte que sur l’ensemble des institutions et entreprises avec lesquelles on travaille, il y a un gros problème de suréquipement de voitures, pour très peu d’utilisations, au final. Le but est donc de réduire le nombre de trajets sur la route (cela va dans le sens de l’écomobilité), fluidifier la réservation, et faire économiser de l’argent aux institutions ou entreprises. Cela permet également de valoriser le parc automobile, et gagner du temps. Avec cette stratégie, il est possible pour les entreprises de réduire de 10 à 15% leur parc, donc ils sont gagnants. ».

Voici à quoi ressemblera l’application

3 : Foodbank, l’appli ludique contre le gaspillage alimentaire
« Concrètement, Foodbank permet de mettre en relation les commerçants et les utilisateurs, augmenter le pouvoir d’achat des Calédoniens, réduire le gaspillage alimentaire, et faire des dons aux associations ».
En partenariat avec des commerces qui n’auront pas vendu leurs produits à la fin de la journée (des boulangeries, pâtisseries, grossistes), les particuliers auront la possibilité de les acheter à des prix remisés, « minimum 30% de remise » précise Nolann, sans quoi le commerçant ne pourra figurer sur la plateforme. Le paiement se fera directement depuis Foodbank, ce qui génèrera un code, un « QR code », qu’il s’agira simplement de montrer au commerçant avant de repartir avec sa marchandise.

« Nous allons également plus loin, car tous les produits invendus en général seront donnés aux associations » explique Nolann.

L’application sera normalement disponible en mai/juin pour le grand public.

Le digital : un secteur en devenir

Nolann et Pierre font partie d’un réseau, l’Adecal Technopole de Nouvelle-Calédonie, qui est une sorte de couveuse de startup pilotée par la province Sud. Au sein d’une structure appelée « l’incubateur », Adecal permet aux porteurs de projets innovants ayant été sélectionnés devant un conseil d’administration, un accompagnement durant 24 mois. Ce soutien se matérialise par des conseils d’experts, des leviers financiers, et des avantages sur la téléphonie ou avec des hébergeurs.

« Le plus important, précise Nolann Charles, est que cela permet de mettre en place un réseau avec des autres startup, afin que l’on puisse échanger sur nos compétences respectives. Il est très intéressant pour nous d’être dans cette mouvance car par ce biais, on ne raisonne plus en local, mais en régional, voire international. Il faut qu’il y ait des synergies dans les startup, comme ça, on ferait tourner la valeur dans notre propre écosystème ! ».

En effet, la Nouvelle-Calédonie se heurte à un problème de taille : avec ses 300.000 habitants, le champ d’action s’en trouve réduit. Une structure permettant de fédérer les startup permet à des entreprises telles que One Shot de mutualiser ou co-développer certaines applications, « l’idée est de pouvoir créer des produits facilement duplicables sur un autre marché, et c’est ce que nous faisons notamment avec Tahiti, qui a plus ou moins le même marché que le nôtre » spécifie Nolann.

Aujourd’hui, reste également à trouver des jeunes issus du secteur afin de contribuer à le dynamiser.
« Il faudrait un équilibre avec ce qui concernerait la partie institutionnelle : comment pourraient-ils contribuer à nous lever les barrières, même si, d’ailleurs, c’est ce qu’ils sont progressivement en train de faire, car on comprend maintenant que ce secteur est clairement un levier de croissance. Mais, derrière, il y aurait aussi la question de savoir comment draguer nos étudiants étrangers, et leur faire comprendre qu’en Calédonie, il est possible de trouver du travail dans le numérique ! » explique Nolann.

Il y a donc beaucoup à faire sur le territoire dans ce secteur en plein essor. La liste des idées novatrices est longue pour améliorer le confort des habitants. En tout cas, tel est l’objectif de Pierre et Nolann, deux jeunes entrepreneurs ambitieux, qui réussissent l’exploit de transformer leur imagination en application digitale !

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