Rénover un foyer d’accueil d’urgence, occuper des logements vacants de la SIC pour héberger les victimes, lutter contre l’alcoolisation au sein des couples et sensibiliser les enfants, voilà les quatre engagements concrets de la province Sud dévoilés samedi lors du grenelle des violences faites aux femmes…
Il y a deux mois, jour pour jour, la présidente de la province Sud accueillait dans l’hémicycle de son institution les partenaires associatifs pour l’ouverture des ateliers du grenelle contre les violences faites aux femmes, et pour l’égalité homme/femme. Samedi midi à l’Université, Sonia Backes confirmait, par la voix de son deuxième vice-président Gil Brial, son engagement dans cette lutte devenue « Grande cause 2019-2024 » en Nouvelle-Calédonie.
« Aujourd’hui, annonce Gil Brial devant un amphi quasi-plein, il est temps que je vous soumette les mesures que la province sud prendra très prochainement afin de répondre aux problématiques des violences conjugales. »
Concrètement, la province Sud s’engage dans quatre axes : l’accueil en urgence des femmes battues via la rénovation d’un centre déjà existant, l’hébergement temporaire via des appartements relais vacants, la lutte contre l’alcoolisation via la suppression du marché noir, et enfin, la prévention dans les écoles maternelles et primaires.
« S’agissant du foyer d’accueil d’urgence, la province est propriétaire d’un bâtiment calme et sécurisé se trouvant à Ducos, avec un accès facile par les transports en commun. Ce bâtiment pourra accueillir 18 personnes, réparties dans 6 chambres, soit 6 situations de détresse urgente. Cet espace, je souhaite qu’il soit conçu et perçu par les femmes comme un cocon. Un endroit où les femmes se sentiront en sécurité, où elles se sentiront soutenues et accompagnées », poursuit le deuxième vice-président.
« S’agissant des appartements relais, les familles n’ayant pas besoin d’un suivi social se verront proposer un schéma d’intégration prioritaire dans un logement du parc social ou du parc privé. La province Sud louera différents logements dans le parc des bailleurs sociaux, et notamment des logements vacants dans le parc de la SIC. » Afin que les appartements relais puissent être occupés sans délai par les familles en situation d’urgence, la province prendra en charge les loyers, les charges, l’eau et l’électricité ainsi que l’aménagement mobilier complet et la lingerie et la vaisselle). Un kit 1er jour sera également fourni pour les besoins immédiats des arrivants (nécessaire de toilette, repas). « Nous allons commencer par louer 5 appartements à titre expérimental, et monter à 10 logements progressivement si le besoin est confirmé et que le dispositif pilote présente de bons résultats. »
D’autre part, aujourd’hui la quasi-totalité des faits de violences intra familiales sont commis sous l’emprise de l’alcool. Chez les femmes vivant en couple avec un consommateur dépendant, le risque de subir des violences est trois fois plus important que dans la population générale. La province proposera en début d’année un grand plan de formation, de communication et de sensibilisation sur les ravages de l’alcool (et du cannabis). En parallèle, les interdictions d’achat le week-End et le mercredi, qui ont généré un marché parallèle « dévastateur » pour une partie de la population, seront supprimés.
Enfin, Gil Brial a annoncé la création d’un appel à projets pour que, dans les écoles maternelles et primaires participant au dispositif provincial Innov’école, de la sensibilisation soit effectuée auprès des plus jeunes sur le thème de l’égalité homme/femme.
Les violences conjugales en chiffres :
30 % des Calédoniennes sont victimes de violences conjugales.
Les coups et blessures volontaires ont augmenté de 20 % ces cinq dernières années.
Une Calédonienne sur huit serait victime d’attouchements, de tentative de viol ou de viol avant l’âge de 15 ans.
Pas moins de 1 233 plaintes ont été déposées en 2018.
À peine 16 % des femmes dénoncent ces violences.